L’abondance de ces nominations est manifestement intrigante et mérite que l’on s’y attarde. En effet, dans le sillage de la commémoration de l’indépendance du Mali, le colonel Assimi Goita n’a pas tari de largesses envers ses concitoyens. Ils ont été massivement gratifiés de hautes distinctions comme « Chevalier de l’Ordre », « Officier de l’Ordre » ou « Commandeur de l’Ordre » dont beaucoup de bénéficiaires doivent prouver leur mérite. Bref, la démarche a peu de choses à envier à la banalisation ayant jadis caractérisé le défunt président ATT lors de son baptême du feu en la matière. Mais à la différence de l’illustre général disparu, Assimi Goita n’est pas un élu et ne gère qu’un régime de Transition qui pouvait bien se lasser d’un tel exercice. C’était du moins le cas avec le Pr Dioncounda Traoré, en 2013, qui a su réserver les nominations à la fin de la transition qu’il dirigeait. Sauf qu’à la différence d’Assimi Goita, l’ancien président de l’Adema n’avait d’autre agenda que les missions qui lui sont assignées dans la durée indiquée. Au contraire de l’actuel président de la Transition auquel on prête des intentions de briguer la magistrature suprême. Comme qui dirait que la distribution massive et inopportune de distinctions pourrait s’inscrire dans le cadre d’une offensive de charme pour les besoins d’un destin national plus régulier, enviable et durable.
Et si Wagner venait pour protéger les pouvoirs ?
On attendait à l’arrivée en pompe de la société de sécurité privée russe, on a été servi par l’acquisition d’hélicoptères flambant neufs en provenance de la Fédération de Russie. Doit-on en déduire pour autant que les autorités de Transition ont renoncé à l’arrivée de Wagner au Mali au profit de la fourniture de matériels de guerre ? Sans doute loin s’en faut. On peut en revanche s’attendre à ce que l’entreprise, qui allie prouesse et mauvaise presse, n’ait pas la vocation qu’annoncée de déployer des mercenaires pour assurer la sécurité au Mali et lutte contre la vermine terroriste. Il est fort à parier que les mercenaires soient plutôt utiles pour assurer la protection des principales institutions de la République et celle d’une junte militaire qui ne manque pas de raison de redouter une mauvaise surprise. En atteste la multitude de fronts intensifiée par le renversement de l’ancien président de la Transition et de son Premier ministre. Le puissant quatuor de Bamako n’en est d’ailleurs pas dupe. Et pour cause, chacun d’entre eux s’est doté d’un contingent très dissuasif qui l’accompagne dans chaque déplacement et dont l’abondance donne l’impression d’une armée plus dévouée à la protection de sa hiérarchie qu’à la défense de l’intégrité territoriale.
Le temps de la propagande
Depuis le discours tonitruant du Premier Ministre Choguel Maïga aux Nations-Unies, l’espace médiatique malien est entré dans une nouvelle ère qui rappelle la vieille époque de la guerre froide. L’opinion est de plus en plus assaillie par des informations voire des désinformations les plus invraisemblables, savamment véhiculées et entretenues pour conserver l’empathie suscitée par la posture des hautes autorités face à la communauté internationale. La salve a déclenché aussitôt après le départ de Choguel Maiga de New York avec les informations distillées sur une soi-disant interception de son avion en plein vol par les appareils de ceux que le PM accusait tantôt d’avoir « abandonné le Mali en plein vol ». Comme si cela ne suffisait pas, l’odyssée légendaire devait se poursuive derechef avec une autre intoxication en rapport avec des obstacles rencontrés dans l’acheminement des moyens aériens nouvellement acquis. De quoi donner des idées à d’aucuns, qui poussent le fantasme jusqu’à explorer le terrain boueux de la superstition et de l’occultisme. Assimi Goita serait ainsi la cible d’une tentative de liquidation par des missiles humains qui n’existent que dans les rêves de certains.
Rassemblées par la Rédaction