L’enthousiasme dans les rangs du M5-RFP semble manifestement entamé par les frustrations consécutives au dernier réaménagement ministériel sur lequel Choguel Maiga, le président du Mouvement, n’en finit pas de rendre compte de ce qui est perçu comme une caution du lâchage infligé à ses nombreux compagnons exclus du nouvel attelage gouvernemental de Transition. En dépit de ses nombreuses explications auprès de ses camarades, le malaise persiste et tout indique que les mécontents sont en train de réagir par une rétention évidente de leur ardeur au combat, si ça n’est une manifestation d’indifférence ou d’hostilité tout court. En tout cas, les projecteurs n’ont jamais été autant pointés sur les errements d’une Transition sue ses traditionnelles sentinelles choisirent de sevrer de la protection à laquelle elle est habituée. D’autres thuriféraires désormais reconvertis se vengent par leur posture mutique face aux diatribes qui pleuvent sur les autorités. Il s’agit de la foultitude de videomen, qui ont choisi de ranger leurs trépieds, de ménager leurs énergies et qui sentent de moins en moins l’utilité d’aller au charbon pour servir de boucliers contre les coups qui ciblent le pouvoir. Exit les propos dithyrambiques de propagandistes et place aux approches nuancées qui mettent en exergue les facettes les moins éloquentes du régime militaire. Malheureusement, ce bouleversement de tendance survient dans la foulée d’un grand besoin d’exportation de l’expérience malienne vers le Niger voisin où un putsch similaire s’est perpétré au détriment d’un pouvoir régulier. Un épisode au cours duquel les soutiens invétérés de putsch auront longtemps disparu des radars, même si le M5 a d’IBK par s’illustrer par une prise de position tardive et du bout des lèvres sur les événements au Niger et le soutien aux nouvelles autorités nigériennes.
Réactions françaises à géométries variables
Paris ne semble pas vouloir lâcher du terrain dans son dernier bastion sahélien. En atteste sa réaction à la décision de la junte nigérienne de dénoncer une demi-dizaine d’accords de défense qui lie la France au Niger. Le Quai d’Orsay leur a notamment signifié que lesdits accords ont été passés avec une autorité légitime et qu’il est hors de question de céder aux pressions d’un pouvoir confisqué. C’est dire que la France n’envisage nullement de plier bagages aussi facilement qu’au Mali où elle avait été contrainte de replier pour se retrouver au Niger avec un contingent de 1 500 hommes. C’est pourtant dans le cadre d’accords similaires que les forces françaises étaient présentes au Mali à travers Serval et Barkhan avant que les autorités maliennes ne rompent les ponts de la défense avec Paris au profit de Moscou. Ce faisant, la France et Emmanuel Macron avaient accepté la décision qu’une «junte malienne» dépourvue de toute légitimité, à l’instar des autorités nigériennes, décident de la présence de leurs forces armées au Mali.
Les embargos djihadistes se propagent dans le Centre
Le Centre du Mali finira-t-il par tomber aux mains des groupes terroristes pour de bon ? Tout porte à le croire, à l’allure où les forces régulières reculent et abandonnent du terrain à l’ennemi. Par-delà la tendance de beaucoup de localités à s’en sortir par la signature de pactes d’allégeance, les djihadistes – dont on a de cesse de répéter la neutralisation par dizaines – semblent renaître de leurs cendres. Mieux, les localités soumises à leurs pactes le disputent désormais aux localités sous embargo. Annoncé comme libéré du joug terroriste depuis longtemps, la localité de Farabougou fait plutôt des émules à travers. De source locale, en effet, les concitoyens de Hombori vivent depuis plusieurs semaines dans l’ambiance intenable d’un retour encore plus fracassant des restrictions de déplacement précédemment levées par les cellules terroristes qui règnent en maître entre cette localité et celle de Bony. Il va sans dire que les habitants de cette dernière localité vivent également les affres des mêmes restrictions contre lesquelles les forces régulières donnent l’air d’avoir désarmé. Ça n’est pas tout. Les mêmes sources indiquent qu’un régime d’embargo est également infligé aux populations de certaines contrées du Macina comme Diondiori où il est en vigueur depuis deux mois, affirme-t-on, sans aucun espoir de sauvetage par les forces régulières. Et dire que les embargos s’accompagnent toujours de résignation des populations locales et de leur adhésion à la rigueur religieuse médiévale.
Rassemblées par la Rédaction