Depuis l’assaut djihadiste sur Kati et les menaces d’urbanisation des attaques terroristes, un dispositif sécuritaire sans commune mesure s’est déployé sur Bamako. Aux arrestations plus ou moins opportunes s’ajoute un relèvement du niveau de vigilance à de nombreux points stratégiques susceptibles de devenir la cible d’actes terroristes d’envergure. Somme toute, la menace proférée par certains porte-paroles de groupe terroriste est passée par là. Elle a été accueillie avec assez de sérieux par les autorités maliennes pour que les éléments de la sécurité veillent comme du lait sur le feu aux abords des trois ponts de la capitale. La vigilance s’étend aussi aux différents symboles de l’Etat malien, qui demeurent des cibles privilégiées en plus des objectifs potentiels des djihadistes. Sauf que cette assistance est loin d’être équitablement distribuée entre les différents édifices publics. Pendant que la Cité administrative en est aussitôt devenue une forteresse à peine franchissable, le siège de fortune du CNT apparaît comme le parent pauvre du système de protection des symboles de l’Etat. Le CICB où convergent quotidiennement les législateurs et leurs nombreux visiteurs est ainsi demeuré la même passoire qu’il était avant que Bamako n’apparaisse dans le viseur des groupes terroristes. Il nous revient d’ailleurs que les membres du CNT ont beau crié leurs signaux d’alerte ne semble pas émouvoir les autorités alors même qu’ils occupent un édifice qui jouxte avec des camps militaires.
Les accès du 3eme Pont en proie aux ruissellements
Avec tant de milliards consentis pour la réalisation de cet ouvrage par une entreprise de grande renommée, il était inimaginable de s’en retrouver avec le décor que présente la toute nouvelle avenue qui connecte le 3 eme Pont à la Tour de l’Afrique. En effet, la luminosité des accès du «1616» n’a aucune commune mesure avec les immondices qui jonchent les artères en envahissent la chaussées après chaque pluie. On eut dit, après chaque instant pluvieux, que l’impressionnant passage des automobiles en revient systématiquement à son état initial de piste rudimentaire. Et pour cause, alors que les caniveaux sont conçus pour évacuer des eaux pluvieuses, ils sont plutôt littéralement débordés par des déchets solides en provenance de toutes parts et abondent au point de déborder sur le goudron quand les vagues ne sont pas assez fortes pour les entraîner. Vérification faite, il se trouve que le phénomène est plutôt imputable à l’incivisme parce que les caniveaux, aux endroits où ils existent, n’ont pas été conçus pour recevoir les tonnes d’ordures ménagères dont les familles se débarrassent en profitant de chaque pluie. Quoi qu’il en soit, la route expresse en devient impraticable et si peu digne d’un accès du plus grand pont de la capitale. On s’interroge par ailleurs sur l’opportunité d’avoir réceptionné l’ouvrage dans cet état.
Le mystère de Tessit continue
Le drame de Tessit continue de défrayer la chronique plusieurs jours après le deuil national de trois jours décrétés par les hautes autorités. L’opinion continue de s’interroger notamment sur l’alchimie avec laquelle le nombre de victimes est passé de 5 soldats morts à 17 avant que la fuite d’une certaine liste ne révèle les proportions des pertes officiellement reconnues. Il s’agit en effet de 42 morts que le Gouvernement a été emmené à acter dans un communiqué où aucune allusion n’est faite cependant au nombre de portés disparus qui étaient d’une dizaine environ dans le message initial des services des armées. Ça n’est la seule équivoque qui persiste sur l’épisode sanglante et tragique de Tessit. Des interrogations demeurent sur la liste des 42 militaires reconnus, non pas sur la crédibilité du bilan, mais quant au statut de quatre dizaines de militaires tombées sous les balles des terroristes. Beaucoup d’observateurs avertis note, en effet, que parmi les victimes des FAMa ne figure le moindre officier, en s’étonnant par ailleurs qu’un camp puisse exister sans un militaire de ce grade. D’où les spéculations sur le nombre réel des éléments présents au moment de l’attaque et d’un probable comportement peu orthodoxe de la hiérarchie.
Ces oubliés de la République
Profondément consternée par la perte de dizaines de militaires dans l’assaut djihadiste du camp de Tessit, la nation leur a rendu un hommage mérité en observant un deuil de trois en leur mémoire. Une décision qui fait suite à la reconnaissance par les autorités d’un bilan de 42 militaires tués au lieu de 17 préalablement annoncés par les services de l’armée. Sauf qu’en concédant l’officialisation de la hausse spectaculaire de ce bilan, le communiqué ne fait la moindre mention de la dizaine de civils tombés en même temps que les militaires au cours de la même attaque. Certains d’entre eux, selon de sources concordantes, n’incarnent pourtant pas moins l’Etat dans ses symboles en étant des élus investis du titre d’officier d’état civil. L’injustice sera toutefois corrigée par le décret de deuil national, lequel décret commet à son le grand péché de ne pas prendre en compte d’autres éléments des forces de défense et de sécurité également fauchés par une attaque terrorisme différente de celle de Tessit. Il s’agit de 5 agents de la Police nationale victimes d’une embuscade dans la zone de Koutiala, le même jour. Ce qui fait dire à beaucoup que les autorités étaient plus préoccupées par le malaise éventuel provoqué par la perte massive de militaires que par une réelle compassion à la douleur des leurs.
Quand la Dirpa lâche le mot sur Mourah
La Direction des relations publiques des armées accumule les impairs à force de s’éloigner de la vocation mutique d’une armée. Par-delà la surmédiatisation des opérations antiterroristes, la Dirpa patauge manifestement sur le terrain glissant de la communication de crise. En la matière, le silence est souvent plus préférable que la manipulation de l’information à faire perdre la face ou encore l’excès de commentaire à friser la délation. La Dirpa est tombée dans le premier travers en étant contrariée par ses faux bilans sur Tessit, puis dans le second en s’employant à redresser la barre par trop d’explications. Son premier responsable, le colonel Dembelé, s’en est ainsi donné à cœur-joie au point de verser dans les lapsus lourds de conséquences. Lors de son point de presse sur la perte des 42 militaires, il a en effet présenté, à force de démonstrations savantes, l’épisode de Mourah comme une bavure que l’armée avait voulu vaille que vaille éviter à Tessit. «Ils allaient nous faire rééditer notre exploit de Mourah en exaction sur les populations», a-t-il expliqué devant un parterre de journalistes, admettant du coup qu’avec les FAMa les exactions sur les populations civiles ne sont guère exclues. Un lapsus qui intervient par ailleurs dans la foulée dès suspicions qui pèsent sur les forces maliennes à l’échelle internationale de refuser l’accès d’enquêteurs indépendants à Mourah à cause de possibles exactions
Rassemblées par la Rédaction