Paysage politique : Centre cherche statut

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Le paysage politique malien a changé depuis la semaine dernière. Une dizaine de partis politiques dirigés par Yeah Samaké et Bamba Kyabou ont rencontré le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation pour réclamer un statut particulier au même titre que l’opposition et la majorité. Ils estiment que puisque celles-ci sont plurielles, avec des membres se réclamant du socialisme, du libéralisme, de la social-démocratie ou de l’écologie, il est tout à fait normal qu’eux aussi constituent un bloc à part. Ils ont raison de sortir enfin du bois et de cesser de jouer aux équilibristes. Sauf que dans ce nouveau bloc comme dans les deux autres, l’attroupement se fait selon des intérêts personnels et non une idéologie politique partagée. Et ces centristes ont déjà commencé à se prononcer sur les grandes questions comme le nord, les élections et la décentralisation. Et comme prévu, le maire Samaké et ses petits copains ni opposition ni majorité n’ont aucune nouvelle proposition. En ont-ils jamais eu ?

 

Retour d’ATT

 

Ses adeptes persistent et signent

 

Déchu en mars 2012 par une bande de forcenés en treillis, l’ex-président de la République, Amadou Toumani Touré, a trouvé refuge au Sénégal. Alors que tous pensaient qu’ils l’avaient oublié malgré les nombreux bienfaits en leur faveur, ses adeptes se sont réveillés brusquement pour demander son retour. Aux devants de la fronde, Hamane Touré (malgré son nom, il n’a aucun lien de famille avec ATT) qui, au gré de ses intérêts personnels, a milité dans différentes formations politiques et Amadou Koïta, président d’un minuscule parti, ex-membre du Pdes, dont même Jeamille Bittar n’a pas voulu. Aux dires de cet assemblage hétéroclite et bizarre, ATT souffre de l’éloignement et du déracinement et voudrait rentrer au bercail pour apporter sa pierre à l’édification d’un Mali nouveau. Mais la vraie raison pour laquelle ces gens désirent le retour de l’ancien président, ce qu’ils croient dur comme fer que leur protégé détient toujours une bonne part du magot. Et il y a des élections qui s’annoncent. Qui veut-on duper ?

 

Nord du Mali : des terroristes se tuent

 

À Gao, des terroristes se sont tués le lundi 23 mars en tentant de fabriquer des engins explosifs artisanaux dont la mise à feu se fait par téléphone portable. Très rapidement, avec l’aide de la Minusma, la gendarmerie a commencé ses enquêtes. Grâce aux informations fournies par un élu communal local et l’identification rapide du propriétaire de la maison où a eu lieu l’explosion, les pandores ont pu mettre la main sur une dizaine de ressortissants du village de Kadji (Commune rurale de Gounzourèye). Des villages soupçonnés de faire autre chose que de vendre des filets de pêche, des lignes et des hameçons. Surtout que leur village, depuis les années 60, du temps d’un gourou, Seydou Idrissa, est connu pour être un haut lieu de l’intégrisme religieux. Et de ses chefs, le propriétaire de la maison explosée, avait d’ailleurs été arrêté aux premières heures de l’intervention Serval et est mort en détention à Bamako. Ce village, tout comme Hamakouladji, Seyna et Goléa, n’aurait-il pas dû faire l’objet de beaucoup plus de surveillance de la part des forces de sécurité ?

 

 

Opération Serval et force Barkhane : retour sur investissement

 

Il est de notoriété publique que la France avait plusieurs raisons d’intervenir au Mali contre l’avancée jihadiste : la présence d’un otage dans le nord, le risque que des milliers d’Occidentaux soient tués ou pris en otage à Bamako et dans les autres villes de l’intérieur en cas de succès de l’offensive des terroristes vers le sud, la multiplication des réseaux de drogue et d’armes dans la bande sahélo-saharienne. Mais les Maliens, tout en sachant que l’ancien colon va forcément demander quelque chose en retour, ne s’attendaient pas à ce que ce soit aussi vite. Or, depuis quelques temps, outre Total, les entreprises françaises commencent à prendre pied au Mali et à handicaper les entreprises maliennes. Radio France internationale (RFI) est bénéficiaire de plusieurs contrats de publicité signés, peut-être sous la pression de l’administration, entre elle et des sociétés de droit malien. Dans le capital de certaines de ces sociétés, des Français détiennent des parts. Alors que la presse et les radios maliennes peinent à trouver de la publicité, ces entreprises ne devraient-elles pas penser à elles plutôt qu’à RFI qui est financée par le ministère français des Affaires étrangères ?

 

Tombouctou : prisons prêtes pour terroristes

 

La Minusma renforce les capacités opérationnelles de la Maison d’arrêt. La Section des Affaires judiciaires et pénitentiaires du Bureau régional de la Minusma a inauguré, le 24 mars dernier, les travaux de  réhabilitation et d’équipement de la Maison d’Arrêt et de Correction de Tombouctou. À travers son volet de Projets à impact rapide (QIP), la Mission onusienne a financé à hauteur de plus de 23 millions Fcfa la réhabilitation complète et l’équipement de la Maison d’Arrêt et de Correction et la résidence du Régisseur de Tombouctou. L’objectif vise à appuyer le rétablissement de l’autorité de l’Etat et à améliorer les conditions de détention. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a également contribué à la fourniture de certains matériels. Lors de l’occupation jihadiste, avril 2012-janvier 2013, les prisons de la région de Tombouctou avaient été saccagées. La Minusma vient ainsi en appui à la Direction nationale de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée. Ce projet comporte trois volets essentiels : la  rénovation des prisons et de la résidence du régisseur et de l’atelier de menuiserie, la construction d’un nouveau bloc administratif, l’équipement de la Maison d’Arrêt. Le président ATT aussi s’était lancé dans pareille aventure à travers le Pspsdn d’Ag Erlaf, construire des prisons. La rébellion a vite fait de lui notifier qu’elle préférait des infrastructures marchandes et sociales pour survivre et se développer plutôt que des lieux de détention de ses fils. N’est-ce pas logique ?

 

 

26 mars 1991-26 mars 2015 : morts pour rien ?

 

Vingt-quatre après l’insurrection populaire qui a abouti au coup d’Etat militaire du 26 mars 1991, les maux dénoncés par le peuple et contre lesquels les nouveaux maîtres du pays devaient lutter subsistent toujours et, pire, se sont aggravés. Il s’agit de la gabegie, du népotisme, du clientélisme, de la corruption, de la délinquance économique, de la criminalité financière, de la mauvaise distribution de la justice. De la mal gouvernance sur fond d’impunité la plus totale. Pendant les dix ans de gouvernance de l’Adéma, le pays a connu les milliardaires les plus inattendus : les enseignants et autres petits fonctionnaires soudainement dotés de privilèges. Pendant les dix années qui ont suivi, le pays a connu un nombre record de généraux et autres officiers supérieurs récompensés par le général-président pour avoir refusé de préparer la guerre contre la criminalité et le terrorisme dans le nord. Puis, il y a eu cette transition calamiteuse au cours de la laquelle un capitaine putschiste a été récompensé par un grade de général multi-étoiles. Mais la période que nous vivons actuellement est sans aucun doute la pire : en plus des maux précités, il y a l’insécurité généralisée et la perte de souveraineté nationale au profit d’armées étrangères et de groupes rebelles terroristes. Les autorités ont eu quand même le courage d’aller offrir des fleurs à tous ceux-là qui sont tombés sur le champ de l’honneur pour le renouveau du Mali. Ne seraient-ils pas morts pour rien ?

 

Rassemblées par Abdel Hamy

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