Pasteur-Minusma : plus de contrat !

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Depuis l’affaire dite de la clinique Ebola, pardon Pasteur, la Minusma a  mis fin à son contrat avec la Clinique Pasteur de Bamako. Selon nos sources, ce que cette clinique a fait «n’est pas sérieux parce qu’ils ont fermé les yeux sur la mort des soldats en mission de maintien de la paix au Mali». C’est ce qui a énervé les responsables de la Minusma qui n’ont pas voulu attendre les décisions de la commission d’enquête, encore moins la décision de justice qui ne tombera pas avant le retour de Nabilaye Issa. En responsables, ils ont rompu le contrat de plus de 200 millions avec Pasteur. Ils se rebattent maintenant sur d’autres cliniques et un grand hôpital de la place, pour soigner leurs soldats et personnels qui tomberaient malades au Mali. D’après nos sources, la décision exigeant la rupture du contrat est venue de Washington. Que cette clinique se permette «une telle bêtise» est incompréhensible, selon notre source, d’autant que son choix avait été motivé par le professionnalisme du corps médical, supposé réunir les meilleurs du Mali. Cette situation ne va-t-elle pas jouer sur la clientèle de la clinique Ebola ?

Commissariat inhabité

Depuis la libération de la ville de Gao jusqu’à nos jours, le commissariat de police, pour ne pas dire l’ancien commissariat de police de Gao, est inhabité. Les locaux abandonnés servent actuellement de toilettes sans frais pour les usagers et les fous du marché de Gao. Aucun début de travaux de réhabilitation n’est en cours. Les policiers, qui sont actuellement à Gao, travaillent dans un autre bâtiment. Selon certains d’entre eux, l’Etat a décidé de refaire le commissariat qui a servi de siège à la police islamique des jihadistes qui contrôlaient alors la ville. Certains policiers, fraîchement venus à Gao, n’ignorent même l’emplacement dudit commissariat, alors qu’ils passent devant sa porte tous les jours lors des patrouilles.

Sécurité et chômage

Les jeunes et les adultes de Gao se réjouissent du retour timide de la sécurité, mais ils se plaignent tous du chômage. Lors de la patrouille de nuit menée par des policiers sénégalais, que nous avons suivie grâce à la Minusma, dans tous les grins où nous sommes passés, les jeunes ont bien apprécié le retour de la paix et de la sécurité. Mais ils déplorent le manque de boulot. Dans un grin composé d’adultes, le thème principal était le chômage à Gao. Dans ce grin, il n’y a qu’un seul qui travaille ; le chef de grin, revenu d’Algérie, après la crise, est en train de tout faire pour trouver du boulot. L’ONG dans laquelle il travaillait a fermé boutique. Aboubacri est un autre membre du même grin, il a déposé des demandes de job partout et reste donc dans l’expectative. Sarmoye Ag est dans la même situation. Chauffeur de son état, il souhaite la réouverture de la route Gao-Kidal aux gros porteurs. Tous attendent d’avoir leur premier boulot après la crise.

Ticket Minusma

Dans les camps de la Minusma, c’est l’ordre et la discipline. Nous avons eu la chance de passer trois nuits dans le camp chinois, qui est aussi le siège de la Minusma à Gao. Dans ce camp, il faut un ticket de 10.000 Fcfa pour avoir accès aux repas, boissons, sandwich, eau, etc. Avec ce système, une fois que vous prenez un plat ou de l’eau, on le déduit directement du ticket. Et une fois que le ticket expire, il faut payer un autre à 10.000 Fcfa. Le camp est bien sécurisé, et à partir de 20 heures, c’est la restriction des mouvements. Les gardes chinois sonnent le clairon pour annoncer la fin des mouvements : personne ne sort ni n’entre dans le camp. Les vigiles qui sont à l’entrée piétonne sont stricts tout comme les Chinois à l’entrée des véhicules. D’autant que le risque zéro n’existe pas, les Chinois ne badinent pas avec la sécurité. Les instructions de la Minusma sont suivies à la lettre partout. Même sortir pour rendre visite à un ami ou parent, il faut passer par la sécurité du camp.

La charrette payante

Dans le village de Tassiga, cercle d’Ansongo, le Cscom est toujours rempli de femmes qui viennent pour des consultations, la vaccination des nouveau-nés… Mais toutes les femmes ne viennent pas de la même façon. Certaines à motos Sanily et Jakarta, et celles qui sont derrière le fleuve sont à dos d’âne ou dans des charrettes. Ce dernier moyen de transport est rémunéré à 250, 300 et 500 Fcfa, selon les distances. Ces charrettes transportent des femmes enceintes, des mamans et leurs bébés en parcourant des kilomètres et des kilomètres avant d’arriver au Cscom de Tassiga. Certains charretiers prêtent l’âne ou la charrette pour faire le travail avant de rembourser leurs propriétaires. Plusieurs femmes, qui viennent pour les soins ou les vaccinations des nouveau-nés, préfèrent les charrettes aux motos.

Les containers en mode

Les camps des militaires au nord du Mali sont tous faits à partir de containers. Sans oublier, bureaux, toilettes, magasins, etc. Les intérieurs sont très bien aménagés en fonction des réalités des différents pays et des contingents. Et c’est sans danger pour l’environnement et les populations. Le  super camp de Gao, le camp de la Minusma qui va bientôt regrouper tous les contingents de la Minusma, compte un nombre incalculable de containers. Si vous voulez, d’abris préfabriqués. Ce super camp en construction sera bâti sur une superficie de plus de 5 hectares ; il sera à proximité de l’aéroport de Gao.

Gao réclame les Nigériens

Le contingent nigérien vient de quitter la ville de Gao pour Ansongo. Ses  soldats avaient de très bonnes relations avec les populations. La langue et les US et coutumes de Gao sont les mêmes qu’à Niamey, pour ne pas dire au Niger. Aujourd’hui, depuis le départ des soldats nigériens, les populations ne cessent de les réclamer, surtout qu’ils ont été remplacés par des militaires du Bengladesh qui font actuellement les patrouilles dans la ville de Gao. Ils ne parlent pas avec les populations et ne descendent même pas de leurs véhicules. Tout le contraire des soldats nigériens. Certes les Nigériens se sentent aussi chez eux à Ansongo encore plus proche de Niamey, mais les habitants de Gao s’entendaient parfaitement avec eux.

Les Fama, les check-points

Les militaires, disons les Fama, sont les maîtres des check-points surtout dans la région de Gao. Partout où nous sommes passés, ce sont les militaires maliens qui s’occupent des entrées, sorties et autres points stratégiques des villes, villages et quartiers. Les responsables militaires de la Minusma nous ont fait savoir que les casques bleus ne font pas tout, car il y a des questions de souveraineté qui relèvent de la compétence des soldats maliens. Sur les routes nationales, sur les fleuves, tout ce qui est lié directement à la population, sauf en dehors des villes. C’est ainsi que l’unité fluviale du Bengladesh sécurise le fleuve Niger à Gao, mais tout le transport et le commerce liés aux pirogues sont gérés par des Maliens. Il en est de même pour la sécurité des bâtiments publics : gouvernorats, mairies, banques, hôpitaux…

130 pirogues par jour

Bangladesh River Unit (BANRU) et Bangladesh Force Unit sont les deux unités qui s’occupent de la protection et la sécurisation du fleuve Niger à Gao. Ils ont des pinasses à moteur, un grand bateau et des hommes armés. Ils ont des matériels de communication, des radars… Les deux unités ont présenté leur méthode de travail au représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies par intérim, David Gressly, qui était en visite à Gao. En plus de la visite des unités, il a fait des patrouilles fluviales avec les militaires bangladeshis. La patrouille est partie dans un premier temps du poste au Pont Wabaria et des berges à la dune rose. C’est au cours de cette patrouille que le commandant des soldats a fait savoir que 130 pirogues font du commerce sur le fleuve Niger par jour à Gao. Les pirogues transportent des vivres, des matériels et du bétail. Comme pour dire que le commerce a bien repris sur le fleuve Niger.

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