Les escrocs sont imperméables au mois sacré de ramadan. Avec un étonnement sincère, les clients de la téléphonie mobile Orange – premier opérateur en terme de portefeuille – reçoivent des appels les invitant de fournir leur code secret au motif qu’ils sont grands gagnants d’une super tombola. Malheur aux imprudents qui se comptent par lésions, ils verront leur compte Orange-monnaie passer du vert au rouge à la vitesse astronomique.
Abasourdi et consterné, Alou s’arrache les cheveux sur les marches du perron que l’on distingue passablement tant les nuages cachent la lune. Soudain, une main se pose sur son bras et une voix féminine demande tout doucement : « A ce que je vois, tu n’es pas prêt à reprendre tes forces après la coupure du jeun ? ». Ecarquillant les yeux, le jeune homme distingue deux silhouettes imposantes. Son épouse qu’il congédie d’un revers de main et la présence agaçante d’un pique-assiette à l’estomac d’éléphant malaimée dans son quartier mais tant redoutée puisqu’elle n’hésite à crier sur tous les toits qu’on l’a éconduit. La commère agace ses hôtes car elle n’éprouve aucune gêne à demander davantage une fois son assiette vidée aussitôt remplie. Le bruit court qu’elle a des yeux plus gros que le ventre. Allusion faite aux coups d’œil lancés sur les autres assiettes, histoire de s’assurer que les meilleurs morceaux de viande ou de poisson échouent sur sa montagne de riz.
Cette parenthèse refermée, l’épouse ne se trouble pas pour si peu. Une fois débarrassée de son encombrant hôte qu’elle vient de raccompagner, son sourire ensorceleur rencontre le cœur généreux qui finit par lâcher le morceau. Avec son brin d’intelligence, elle se garde de faire des remontrances à son mari. « Ce n’est pas la fin du monde. Juste, nous allons faire un peu attention aux dépenses. Tu verras, ensemble, on passera ce cap difficile ! ». Ces paroles mielleuses ont raison de la colère d’Alou, mais pas suffisantes pour lui ramener les 175.000 F CFA pompés.
Koulikoro
Les villages privent la ville de glace
La deuxième région administrative du Mali connaît un capitalisme inquiet, porté plus sur la spéculation qui consiste à payer la quasi-totalité de la glace produite localement à prix réduit et de les commercer dans les villages environnants à des tarifs prohibitifs. A titre d’exemple, le sachet d’un kilo de glace cédé à 50 F l’unité dans la ville de Koulikoro se négocie dans les villages à 250F CFA. Ce négoce prend de l’épaisseur au point que la ville du Méguétan connaît une pénurie avancée en glace. En découle des irritations et des agacements des citadins qui s’avèrent jusque-là un coup d’épée dans l’eau. Fournisseurs et revendeurs se bouchent les oreilles. Et les victimes continuent en cette période de forte chaleur qui coïncide avec le ramadan de se contenter d’absorber des jus non accompagnés de glace.