Murmures et rumeurs : Des prix pour des membres du gouvernement : A quel prix ?

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Les Maliens devraient cesser de râler et de faire la fine bouche. Ils ont la meilleure équipe gouvernementale et ils ne sont pas contents. Qu’on en juge : le Premier ministre Modibo Sidibé a reçu un prix en Ouganda pour saluer les performances de l’Initiative Riz qu’il a lancée en 2008 ; notre ministre de l’Economie et des Finances lui, a été classé comme  2ème  des cinq meilleurs ministres des Finances africains de l’année 2010. On devrait sauter de joie ; mais non, il y en qui continuent à penser que le gouvernement avec en tête le Premier ministre doit être congédié pour incompétence. Preuve que nul n’est prophète chez soi.

 

Il faut rappeler que l’Initiative Riz qui vaut à notre Premier ministre (qui a dédié son prix au président de la République, ha le modeste) a donné lieu à toutes sortes de dérapages. Au point que le Vérificateur général a été obligé de s’intéresser à cette Initiative Riz. Les constats sont tout simplement accablants et sont loin d’être à l’avantage de ses initiateurs. Voyons quelques extraits du rapport du Vérificateur dont copie a été remise au Premier ministre : « La gestion de l’IR n’a pas intégré certains principes fondamentaux de la comptabilité publique. Le montage financier pour la fourniture d’engrais a comporté des anomalies occasionnant un manque à gagner de 4,31 milliards de FCFA

• Pour le financement de l’achat d’engrais destinés aux producteurs, un pool bancaire avec comme chef de file la BNDA, a accordé au groupement des sociétés Togouna Agro Industries et Partenaires Agricoles un prêt d’un montant de 12,63 milliards de FCFA garanti par l’Etat et adossé au compte “Subvention Intrants 2008/2009 Initiative Riz”. Ce montage financier a coûté 852,13 millions de FCFA au titre des intérêts payés par le Trésor public.

Les prix négociés avec le Groupement ont été supérieurs à ceux appliqués sur le marché au même moment et dans les mêmes zones, occasionnant un surcoût de 2,32 milliards de FCFA. Enfin ces marchés n’ont pas été enregistrés, ce qui a engendré un manque à gagner de 1,14 milliard de FCFA pour le Trésor Public.

La DAF du Ministère de l’Agriculture a irrégulièrement attribué les contrats de fourniture d’équipements agricoles, entraînant un manque à gagner de 353,63 millions de FCFA. Les offres les moins disant ont été systématiquement remplacées par d’autres en violation des dispositions du Code des Marchés Publics, certaines offres ont été revues à la hausse sans raisons valables.

Malgré des niveaux de production élevés au cours des campagnes 2008-2009 et 2009-2010, les importations de riz favorisées par de fortes exonérations de taxes fiscales et douanières ont crû de 175,6% en 2008 et de 67,9% en 2009 ».

Pour ce qui est de notre ministre de l’Economie et des Finances, Sanoussi Touré, son prix lui a valu d’être félicité par le président de la République lors du Conseil des ministres de la semaine dernière. Il faut juste rappeler qu’il gère des finances qui ont toujours besoin d’une aide budgétaire de la part des PTF (il vient d’obtenir une promesse ferme de 84 milliards) ; qu’il est obligé de tenir des collectifs budgétaires afin de rectifier des budgets peu réalistes. Pire, dans le dernier rapport du Vérificateur, il a été nommément accusé d’avoir appuyé certains des services relevant de lui dans leur refus de collaborer. Ce qui n’a quand même pas empêché les vérificateurs de constater que cinq de ses services (l’ACCT et les trésoreries régionales de Kayes, Sikasso, Ségou et Mopti) cumulent 86 des 112 milliards de manque à gagner.

Si après ces hauts, ils ne méritent pas une récompense internationale, c’est que nous vraiment des aigris. Surtout qu’il y a des mauvaises langues qui soutiennent mordicus que ces prix qu’on distribue de par le monde ne sont ni fortuits ni gratuits.

 

 

Et pendant ce temps :

 

Le Mali est classé 19è en Afrique

Au moment où les membres du gouvernement trustent les premières places des classements, notre pays traîne un peu la patte. En effet, dans le classement de la Fondation Mo Ibrahim, le Mali est classé 19è en Afrique avec 53 points loin derrière des pays comme l’Ile Maurice, les Seychelles, le Botswana, l’Afrique du Sud ou même le Cap Vert. Quand on voit les scores secteur par secteur, notre pays n’est pas ridicule. Ainsi par exemple sur le plan de la participation et des droits de l’homme, le Mali est classé au 12ème rang (6ème sur le plan des droits). Notre pays enregistre des scores plus qu’honorables dans presque tous les domaines : 59 sur le plan de la sécurité individuelle, 58 sur le plan du secteur privé, 62 sur le plan de l’environnement et de l’agriculture, 50 sur le plan de la redevabilité et de la corruption etc. Ces bons scores n’ont pas été suffisants pour hisser le pays sur le podium.

Il faut rappeler que l’Indice Ibrahim 2010 se fonde sur les données les plus récentes disponibles pour chaque indicateur ; ces données sont celles de 2008 ou 2009.

 

 

Diafaranako :

 

Un dépotoir de 4 milliards ?

Après l’inauguration du canal du Diafaranako aménagé pour plus de 4 milliards, nous avons été de ceux qui ont exprimé des doutes sur l’efficacité de l’opération. Pour nous, le bel ouvrage serait immédiatement envahi par les ordures et les eaux usées dans la mesure aucun investissement n’a été entrepris pour l’assainissement des quartiers traversés par le canal. Nos craintes sont aujourd’hui justifiées quand on voit l’état dans lequel se trouve le canal, on se demande si on ne s’est pas doté d’un égout à 4 milliards. Outre les eaux usées déversées parmi les riverains ne disposant pas de fosses septiques, il y a que les spiros (les petites citernes utilisées pour vider les wc) déchargent leur contenu en amont du canal. Conséquence, le Diafaranako est plus que pollué par endroit.

 

Circulation routière :

 

Abus policiers

Les policiers l’ont dit et répété sur tous les toits, ils ne toléreront plus dans la circulation routière les véhicules à fond ardoise, c’est-à-dire sans plaque minéralogique. Ce qu’aucun usager ne pourrait contester dans la mesure où il va de la sécurité de tous. Mais il se trouve que ces derniers temps, en tout cas depuis qu’il y a eu un accident mortel entre un policier et Mercedes 190 non immatriculée, on constate quelques abus de la part des agents de la circulation. Ils s’en prennent systématiquement à tous les véhicules sans plaque et les conduisent à la fourrière, même quand ces véhicules sont dédouanés, disposent de la carte grise provisoire et portent leur numéro de chassis. Il se trouve qu’à cause de lenteurs inexplicables, les cartes grises provisoires sont renouvelées à l’infini faute de carte grise définitive et par conséquent de plaques minéralogiques. C’est bien de vouloir chasser ceux qui ne sont pas en règle, mais un peu discernement ne gâterait rien à leur travail.

 

Catastrophes routières :

 

Gravité des faits, entêtement des autorités

Après l’accident dramatique qui a occasionné 25 morts et 20 blessés sur la route de Ségou le lundi 18 octobre, les ministres en charge du Transport, Ahmed Diané Séméga et de la Sécurité, le général Sadio Gassama, avaient rencontré les transporteurs pour leur faire la morale et émettre des vœux pieux. C’était le mercredi 20 octobre ; et on a pu voir les deux ministres insister sur la nécessité désormais de bien appliquer le contrôle. Presqu’au même moment, un camion arrachait une partie de la passerelle pour piétons en finition au niveau de la gare de Sogoniko occasionnant son affaissement. En attendant les résultats de l’enquête qui a été promise, il ressort des différents témoignages que le camion fautif était en surcharge ; et que les agents de sécurité au poste de Sénou, dans leur générosité sans borne et devant la dangerosité de l’attelage, ont permis au chauffeur de continuer sur Bamako non sans lui a pris son cahier. Il n’a pas été précisé si les agents ont pris autre chose en plus du cahier et des papiers du camion. Si après ça les ministres s’entêtent à accuser seulement les transporteurs, c’est qu’ils doivent réfléchir à la sagesse bamanan qui veut dit que « do bè Nya la, do bè Nya tièla kaw la ».

 

Cité administrative :

 

Le marché des télécom retiré en conseil des ministres

Il n’est un secret pour personne que la Cité administrative qui a été inaugurée le 22 Septembre et qui porte le nom de Kaddafi n’est pas complètement finie. Outre les travaux d’équipement en meubles et autres commodités, il reste tous les travaux de télécommunications qui restent à faire. Et l’Etat ne parvient pas à attribuer le marché.

Selon nos informations, le dossier était prêt pour le conseil des ministres de la semaine dernière. Mais à la dernière minute, il a été retiré à cause d’un montage quelque peu problématique.

Il faut rappeler que le marché de réalisation du réseau multiservices de télécommunication de la Cité administrative avait été attribué en 2006 à Ytelcom Engeneering pour un montant de 7,3 milliards et un délai d’exécution de trois ans (l’exécution devait prendre fin en 2008). L’attribution du marché à Ytelcom avait provoqué l’ire des Libyens qui avaient accusé le Mali de donner leur argent à des Français. Après cette mauvaise humeur des Libyens, Ytelcom a été racheté par des capitaux israéliens. Et comme il n’existe aucune relation entre Israël et notre pays, le contrat a été cassé sur instruction du ministre de l’Equipement et des Transports, Ahmed Diané Séméga, le 19 février 2010. En mars 2010, un appel d’offres a été lancé et l’ouverture des plis a été effectuée le 1er juillet. Et depuis, tout le monde attend.

Il se trouve que dans ce dossier, il y a les anciens travailleurs de Ytelcom qui ont monté leur propre société du nom de Cimalcom et qui ont l’avantage de bien connaître le terrain parce qu’ils étaient là depuis le début ; mais il y a également des sociétés comme CFAO technologies, plus connue dans l’importation de véhicules, mais qui aurait des appuis très puissants au niveau du ministère de Séméga et pas seulement. Le ministre aurait d’ailleurs mis les bouchées doubles afin que CFAO bénéficie du marché pour 5,8 milliards de francs CFA et que le conseil des ministres avalise l’offre. Sauf qu’il y a deux hics (si on peut se permettre) : primo, selon nos informations l’offre de CFAO est supérieure à celle de son concurrent immédiat de plus d’un milliard ; secundo, en haut lieu, on sait que CFAO ne connaît pas le terrain de la Cité administrative mieux que les anciens travailleurs de Ytelcom qui pourraient faire économiser de l’argent à l’Etat et lui faire gagner du temps pour l’exécution des travaux.

 

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