De l’Afrique du nord à l’Asie en passant par la corne de l’Afrique, le Moyen et le Proche orient, la prière hebdomadaire du vendredi 14 a débouché partout sur des manifestations monstrueuses visant les intérêts occidentaux en général et américains en particulier. Leurs initiateurs entendent ainsi dénoncer le film islamophobe du réalisateur amateur d’origine américano-israélienne. Le bilan non exhaustif de cette folle journée est d’une dizaine de morts, sans tenir compte de l’Ambassadeur et des trois agents consulaires qui ont trouvé la mort lors de l’attaque à l’arme lourde du consulat américain de Benghazi par des assaillants fondamentalistes.
Si à Tunis, malgré des tirs de sommation, des manifestants ont pu pénétrer dans la cour du bâtiment de la représentation diplomatique des USA, au soudan, ils ont livré d’âpres combats contre la garde et la police qui ont pu boucler le périmètre des Ambassades occidentales.
Au Liban, le Pape Benoît XVI qui débutait une visite de trois jours, a dénoncé le fondamentalisme et en a appelé à la tolérance. A Beyrouth, des manifestants ont scandé « l’Amérique est l’ennemi de Dieu» et dénoncé la présence du souverain pontife en ces termes : «O musulmans, dites-le assez fort, nous ne voulons pas du Pape ».
En Egypte, le pays le plus peuplé du monde arabe, la tension est au paroxysme, malgré les appels au calme des «Frères musulmans» plus responsables qui sont actuellement aux commandes du pays. Et, les coptes (minorité chrétienne égyptienne) apeurés doutent de leur avenir dans le pays. Surtout que des sources persistantes considèrent que le réalisateur serait de confession copte. L’Inde, comptant la plus forte minorité musulmane au monde est en ébullition et l’armée et la police sont en état d’alerte maximale.
On voit bien que le film, à l’origine de cette montée des périls, intitulé « Innocence of muslims » (l’innocence des musulmans) a provoqué autant de colère, d’indignation et de troubles que lors de la publication en 2006 par un journal danois de caricatures du prophète Mahomet (PSL).
Vite trouver des garde-fous pour une meilleure cohabitation des civilisations et des religions !
Ainsi les pays occidentaux, majoritairement de confession chrétienne, ne doivent-ils pas réviser leurs dispositions législatives et règlementaires régissant les libertés fondamentales et individuelles, du moins pour certaines d’entre elles, afin d’éviter les actes tendant à blasphémer les religions d’autrui à travers le monde ? Ou bien devrions-nous, comme le prétendent plusieurs courants de conscience en occident, continuer à privilégier à tout prix la liberté individuelle au détriment de la liberté collective et du respect du culte de l’autre ? « Ma liberté ne s’arrêterait donc plus là où commence celle des autres ? ».
De toute façon, les récentes manifestations dans le monde arabo-musulman contre les puissances occidentales et leurs valeurs civilisationnelles en réplique aux incessantes attaques et stigmatisations de l’islam par des médias et certains hommes politiques dénote du choc de civilisations qui secoue et pourrait continuer à secouer le monde contemporain.
Pour éviter les embrasements et les débordements futurs, les grandes puissances publiques internationales et les diverses autorités religieuses se doivent de trouver, au plus vite, des garde-fous pour une meilleure cohabitation des civilisations et des religions que recèle la planète terre. Sinon on risque de voir ressusciter des vieilles tentions religieuses.
La pratique démocratique ne doit pas être liberticide contre une partie de la population, comme ce fût le cas en Suisse, il y a deux ans, où un référendum populaire a permis de voter une loi interdisant aux musulmans la construction de minarets au sein de leur édifice religieux. Absurde et très discriminatoire non ! Et encore dans un pays qui se considère comme le champion de la démocratie et de la préservation des libertés individuelles !
Le monde occidental doit donc cesser son arrogance vis-vis des autres peuples, de leurs civilisations et de leurs religions. Il n’y a de l’harmonie que dans la diversité. La pensée unique ne peut que conduire notre monde dans le chaos et l’anarchie.
Par Gaoussou M. Traoré