Très mal à l’aise sur les questions de l’avion et des dépenses militaires, Mme Bouaré Fily Sissoko en a même souvent les nerfs à fleur de peau. C’était par exemple le cas avec l’ajournement du dernier collectif budgétaire soumis aux députés pour y insérer les dépenses de l’avion d’IBK. Pour la circonstance, les rapports entre la ministre de l’Economie et des Finances et l’hémicycle s’étaient détériorés au point qu’elle s’était même autorisé des qualificatifs du genre «bancale» parlant de lois qui passent plus facilement à l’Assemblée.
La conférence conjointe du Fmi et de l’Hôtel des finances n’était en reste, puisqu’elle avait trait, elle aussi, à nombre de questions polémiques sur lesquelles l’équivoque était tout aussi difficile à lever. Il s’agit entre autres des questions de surfacturations, de collectifs budgétaires à répétition, ainsi que des dépenses extrabudgétaires et l’inopportunité de certains achats. Y revient en outre l’acquisition de l’avion présidentiel pour un montant de 20 milliards non-inscrits dans le budget initial. Quid de l’ancien avion ayant servi aux voyages présidentiels sous l’ancien président Amadou Toumani Touré et plus récemment encore, sous la transition ?
La question n’a pas échappé à l’intérêt des confrères, lors des échanges avec Bouaré Fily Sissoko et les représentants du Fmi. Sans la mettre forcément sous boisseau, la ministre a quand même choisi de l’aborder à coups d’ironie et de persiflages, assurant d’abord que l’appareil est à portée de vue à l’Aéroport de Bamako Sénou, avant d’ajouter que les autorités verront comment y tirer le maximum en le cédant entièrement ou par pièces détachées, ne serait-ce que pour deux cents (200) millions de francs CFA. Vous avez bien entendu : la ministre des finances a ainsi évalué l’appareil d’ATT – le même qui sous la transition encore perforait les airs – à seulement 200 millions, soit trois fois moins que le prix de la Rolls Royce attribuée à IBK.
Ce faisant, Mme Bouaré Fily Sissoko s’inscrit pour le moins dans une lancée largement partagée au gouvernement dont le premier responsable, Moussa Mara, devant les députés, a présenté l’ancien avion présidentiel comme un objet volé sans référence et susceptible d’être saisi dans n’importe quel aéroport étranger. Histoire de justifier l’acquisition du nouvel avion, sauf qu’en le revendant – sous quelque forme que ce soit -, on risque de se ravaler au rang de receleur. L’autre paradoxe tient au fait suivant : l’avion d’ATT est évalué à 200 millions tandis que la plateforme bétonnée où il est installé a fait l’objet d’un juteux marché pour lequel certains se léchaient les babines.
- KEITA
- Aux ordres l’antenne !
Le média d’Etat le plus sollicité et le plus populaire au Mali, l’Ortm, est aussi la structure publique des contrastes. Liberté d’expression et asservissement s’y disputent, selon les circonstances car elle s’illustre tantôt par une impressionnante liberté d’initiative -’était le cas avec le débat sur la grève de l’Untm- tantôt par une caisse de résonnance. C’est le second manteau qui a sans doute pris le dessus à l’occasion du séjour du Fond monétaire dans note pays.
Les conclusions de l’institution internationale, de même source, ont été très accablantes à l’issue des échanges, dans le secret desquels seul l’Ortm était admis. Mais, l’Office ne s’est pas fait trop prier pour consentir à censurer certains gênants qualificatifs. Des injonctions sont venues de très haut, confie-t-on, pour biffer du rapport du Fmi des passages du genre que «le résultat est catastrophique». Au grand dam du droit du public à l’information et, par conséquent, de la passion du service public.
- La Rédaction
entre 20 milliards et 200 millions il y a une sacrée différence !! dans les poches de qui était elle passée ❓ ❓ ❓ ❓ ❓
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