Début d’une grogne au sein du Rassemblement pour le Mali, le parti présidentiel, contre le Premier ministre Moussa Mara. Les partisans du premier cercle du président malien réclament la nomination d’un Premier ministre issu des rangs de leur parti. Ils se disent prêts à en découdre avec l’actuel Premier ministre s’ils ne sont pas entendus.
Sentant probablement le vent venir, le Premier ministre Moussa Mara avait tenté de prendre les devants en participant à la création de la coordination de la majorité présidentielle, qui regroupe tous les partis soutenant l’action du chef de l’Etat.
L’actuel Premier ministre, Moussa Mara, est pour eux un militant de la « 25e heure ». Il fut en effet candidat à la présidentielle au premier tour contre IBK, avant de le rallier au second tour. Moussa Mara est également fragilisé parce qu’il n’a qu’un seul député sur les 147 que compte l’hémicycle. Or dans toute démocratie, il faut respecter le fait majoritaire.
FRANÇOIS HOLLANDE EN AFRIQUE
Pour lancer un nouveau dispositif militaire
Le président François Hollande entame depuis hier une tournée africaine de trois jours en Côte d’Ivoire, au Niger et au Tchad, dominée par les questions de sécurité au moment où la France met en place un nouveau dispositif militaire contre les groupes djihadistes au Sahel. Après Abidjan et Niamey, le président français sera samedi à N’Djamena où doit être basé l’état-major d’une force permanente de 3000 militaires français, baptisée Barkhane (nom d’une dune de sable), et qui sera équipée de 6 avions de chasse, 10 avions de transport, 3 drones, 20 hélicoptères et 200 véhicules blindés. Avec son voyage, François Hollande souhaite voir sur le terrain comment le nouveau dispositif, qui succède à l’opération Serval, lancée le 11 janvier 2013 contre les islamistes armés au Mali, “va s’installer et se déployer”, selon son entourage. En partenariat avec cinq pays de la zone (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger
et Tchad), il s’agit d’élargir à tout le Sahel l’action des forces françaises contre les mouvements djihadistes.
MOUSSA MARA : 100 JOURS A LA PRIMATURE
Le top 5 des malaises
Il aura suscité de l’espoir pour de nombreux Maliens lors de sa nomination à la primature. Cent jours après, le Premier ministre Moussa Mara est toujours attendu sur d’importants chantiers pour lesquels on espère qu’il apportera des solutions définitives.
La réconciliation nationale
La réconciliation nationale serait certainement la clé de voûte de la réussite de tout le mandat du président Ibrahim Boubacar Kéita. En effet, il a hérité d’un pays défiguré par de nombreuses années de crise qui ne se résument pas seulement au début de la rébellion en janvier 2012. Les Maliens traînent le lourd fardeau de la division depuis le renouveau démocratique, date à laquelle l’unité apparente du pays a volé en éclats. Moussa Mara aura donc pour mission de recoller les morceaux d’un pays qui est aujourd’hui à la croisée des chemins. Mais avant d’apaiser les cœurs, il devra être le promoteur d’une justice transversale.
Une justice transversale
« Comment voulez-vous parler de justice équitable au Mali lorsque certaines personnes ne sont toujours pas inquiétées et que l’on continue à traquer les plus démunis ?»
Cette interrogation est l’avis de beaucoup de Maliens qui doutent encore de la justice de leur pays. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls à faire le constat de cette justice des opprimés. Amnesty International, NDI, Human Rights Watch et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’homme ne cessent d’interpeller le gouvernement malien. Celui-ci se doit d’engager des poursuites judiciaires contre tous les auteurs de crimes liés à la crise de 2012.
L’emploi des jeunes
De nombreux jeunes Maliens n’ont que faire des discours sur la réconciliation nationale, les politiques de développement ou la réforme de l’armée. Plus que tout autre chose, ils aspirent à un emploi. Le taux de chômage est toujours dans le rouge et les offres d’emploi se font rares. Ils seront sans doute promoteurs de leur propre entreprise mais d’où viendront les fonds ? Lorgner du coté de la fonction publique peut-être ? Le chômage au Mali, c’est comme un cercle vicieux où le serpent se mord sans cesse la queue. Toutes les quêtes semblent se solder par un échec comme les politiques actuelles de lutte contre la vie chère.
La lutte contre la vie chère
Le Mali, nation émergente à l’horizon 2020. Mais les Maliens marchent vers cette émergence le panier et le ventre vides ! Difficile sur les marchés de la capitale malienne de pouvoir nourrir sa famille sans y laisser les plumes. La popote à 5 000 francs Cfa devient un luxe même pour les salariés. Le prix du riz est majoré d’une boutique à l’autre, les légumes sont hors de prix à cause du racket des forces de l’ordre, les commerçants affichent les prix à la tête de la ménagère. La politique de lutte contre la vie chère du gouvernement est un échec total. Les consommateurs crient leur colère face aux commerçants véreux. Les commerçants crient leur colère au gouvernement qui semble fixer taxes et impôts sans tenir compte du pouvoir d’achat des populations. Une indiscipline généralisée sur les marchés, une zizanie comme celle qui gangrène l’armée.
L’indiscipline au sein de l’armée et de la police
Comment reformer une armée qui s’est écroulée comme un château de cartes après le coup d’Etat du 22 mars 2012? Comment faire pour que la discipline revienne dans ce corps et que nous ayons une armée républicaine ? Quelle est donc cette armée où les hommes de différents bataillons se regardent en chiens de faïence ? Que faire pour avoir une police, qui se soucie de son devoir républicain ? En plus, il faudra songer à équiper comme cela se doit nos forces de défense et de sécurité pour qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle.
En cent jours, Moussa Mara doit encore redoubler d’effort pour redonner le sourire aux Maliens qui attendent beaucoup de lui. Il devrait aussi s’attaquer aux dossiers urgents du pays, en agissant plutôt que de tenir de beaux discours à longueur de journée, le peuple n’en veut plus et n’en peut plus car le lourd fardeau de la misère fait qu’il n’a pas tous ses sens pour réfléchir comme il se doit.
Paul N’GUESSAN