Les Murmures de BAMAKO : Les brèves des Echos

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Les camps militaires obligés de voter ATT

Notre Constitution interdit à l’armée et aux forces de sécurité d’intervenir dans le champ politique. Mais chaque jour que Dieu fait, cette disposition constitutionnelle est foulée au pied. De hauts gradés de notre armée nationale battent campagne pour le général président ATT. Longtemps décrié, le directeur du service social des armées s’illustre une fois de plus par une descente la semaine dernière dans un camp militaire. Il s’est rendu à la Base aérienne 101 de Sénou pour donner le fameux « diguel » (la consigne de vote chez les Sénégalais) aux habitants de ce camp. Comme s’il était venu en mission commandée, l’officier supérieur a réuni femmes et enfants en leur demandant d’aller retirer leurs cartes électorales et de voter massivement le 29 avril prochain. « Vous devez voter pour ATT, notre candidat », a lancé le missionnaire. Le directeur du service social des armées, qui sait de quoi il parle, a promis aux familles du camp des postes dans les différents corps à la faveur des recrutements prévus d’ici le mois de juin et des places dans la fonction publique pour des diplômés.

Des véhicules militaires dans la campagne

Le samedi 8 avril 2007, jour de lancement de la campagne électorale d’ATT, des véhicules militaires ont été aperçus au CICB avec des photos de campagne du candidat ATT. Ces véhicules ont surtout servi à transporter les épouses et enfants de militaires des camps, électeurs potentiels du général. Ce qui n’est guère une surprise quand on sait que des associations ont été créées dans les camps pour soutenir la réélection d’ATT. Paradoxalement, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga répondant à un confrère à l’occasion de la cérémonie de présentation du bilan du gouvernement de 2002 à 2007, a déclaré qu’il n’est pas au courant de l’immixtion de l’armée et de l’administration dans la politique. La question du journaliste était relative au déplacement sur Ségou de deux cars du ministère de la Justice, transportant des femmes du Mouvement citoyen, proche d’ATT et à ces officiers supérieurs de l’armée qui battent campagne pour ATT.

Un rapport sulfureux du Végal en attente

Le Vérificateur général est tenu de présenter un rapport semestriel dont la primeur est donnée au chef de l’Etat. Son dernier rapport de vérification devait tomber au mois de février 2007. Lorsqu’il est parti voir le président ATT pour le lui signifier, ce dernier lui a ordonné d’y surseoir pour le moment. Au mois de mars dernier, le Végal est revenu à la charge pour demander la publication dudit rapport. ATT a très mal pris la persistance avec laquelle le Végal demande à rendre publics les résultats de son travail, pour lequel il a prêté serment et est payé. Ce fameux rapport tombe à un très mauvais moment pour le général ATT, qui pense d’abord à sa réélection mais dont l’entourage immédiat est épinglé. Le ministère de l’Education nationale est mouillé dans une affaire de marchés douteux de livres scolaires d’un coût de 7 milliards de F CFA. L’argent de l’Etat et des partenaires est sorti à la pelle. Un seul marché dans ce ministère a fait par exemple l’objet de plusieurs paiements au bénéfice des vrais faux fournisseurs.

La presse harcelée par la Sécurité d’Etat

La contradiction n’est pas du tout tolérée chez ATT et ses sbires. La presse qu’il qualifiait au temps du consensus ambiant comme étant « son opposition » l’apprend à ses dépens. La Sécurité d’Etat qui avait comme méthode de bastonner les journalistes trop critiques vis-à-vis du régime (le cas de Hamidou Diarra dit Dragon de Radio Klédu, Sory Haïdara du Challenger et Oumar Sidibé du Zénith Ballé) a changé de tactique. Elle fait désormais dans l’intimidation téléphonique des journalistes dont elle juge la plume acerbe contre le régime. Dur dur pour la presse de ne s’inféoder aux princes du jour.

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