Les brèves de Nouvelle République

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Arrestations à Gao : Le grossier montage du gouverneur  et consorts

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La ville de Gao est en ébullition depuis la vague d’arrestation qui a frappé certains milieux soupçonnés d’appartenir au Ganda Koy (ce serait un crime par là-bas) et accusés d’avoir fomenté des assassinats contre le gouverneur, le directeur général de l’Agence de développement du Nord et le procureur (du beau monde). Les dangereux bandits que le gouverneur a fait arrêter, sur la base de dénonciations d’un de leur complice (c’est un procédé éprouvé) sont au nombre de cinq : Seydou Amadou Cissé, Aliou Moussa, Mahamar Tissa, Boubacar Hangadoumbou et Mohamed Djougou. Leur arsenal : deux grenades sans goupilles et un pistolet automatique hors d’usage. A côté d’eux, Bahanga, ses lance-roquettes et ses mines antipersonnel, c’est de la gnognotte. A côté de ces malfaiteurs qui ne sont même pas capables d’exécuter leur plan de liquidation, Bahanga, ses otages, ses blessés et ses morts, c’est pipi de chat.

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Les cinq détenus ont eu leur première comparution devant le juge d’instruction lundi qui a confirmé les charges retenues contre eux : tentative d’assassinat, détention illégale d’armes, association de malfaiteurs. L’instruction qui suit son cours a enregistré d’autres rebondissements. Ceux qui auraient dénoncé le complot ont également été mis aux arrêts. Il s’agit de Sidiya et de Soumaïla Seydou.

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Face à la tension grandissante, les autorités régionales ont semble-t-il décidé de rencontrer les représentants de la société civile, de la presse le vendredi dernier afin de donner leur version des faits. Le directeur de cabinet du gouverneur qui présidait la rencontre a affirmé que les détenus voulaient assassiner le directeur général de l’ADN en la personne de Aklini (sans dire le pourquoi) et d’autres personnalités (sans préciser lesquelles). Mais la réunion n’a pas eu le déroulement prévu par le directeur de cabinet. En effet, un agent de l’ADN aurait déclaré que beaucoup de personnes, dont lui-même, détenaient des armes à Gao. Ce qui a fait dire à certains participants à la réunion que dans tous les cas, Gao était en insécurité.

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Il semble évident pour tout le monde que le complot visant à assassiner le gouverneur, le directeur général de l’ADN et le procureur n’est qu’un grossier montage. Un de plus serait-on tenté de dire quand on sait que le gouverneur se comporte à Gao comme en terrain conquis, violant de manières répétitives les lois en vigueur dans la République.

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Agence de développement du Nord : Le directeur sort les couteaux

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Le directeur de l’ADN, Aklini, qui ferait partie de ceux qu’on devait assassiner, ne perd pas son temps pour régler quelques petits comptes au sein de son service. « Petits assassinats entre amis » pourrait être le titre de la scène qui se joue à Gao. Nommé pour appartenance supposée et services rendus au Mouvement Citoyen, Aklini dont la gestion du Care-Nord ne serait pas un modèle, ne supportait pas son adjoint. Selon nos informations, ce dernier voulait travailler avec des cadres compétents et intègres, malgré le fait qu’il n’avait pas son mot à dire sur le recrutement du personnel. Ce qui avait le don d’énerver semble-t-il son supérieur qui s’est mis dans la tête de lui faire la peau. Interrogé par nos soins, l’adjoint n’a pas voulu confirmer ou infirmer nos informations. Toujours est-t-il que, la Primature dont relève l’ADN ne pouvait pas rester les bras croisés alors même que la situation se dégradait entre les deux responsables de l’agence.

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C’est ainsi que le Directeur de Cabinet, Django Sissoko, mis au courant avait tenté de calmer le jeu. Mais en vain ; car il semble que Aklini a pu le convaincre que c’était lui qui avait raison et qu’il ne pouvait plus travailler avec son adjoint. Les arguments du directeur de l’ADN ont dû peser puisqu’il semble qu’il a pu obtenir la tête de son adjoint sur la base d’une incompatibilité d’humeur. Selon nos recoupements, Aklini lui-même serait sous la coupe du gouverneur de Gao et a pu mettre Django dans sa poche. Mais l’affaire serait loin d’avoir connu son épilogue dans la mesure où le président de la République aurait été informé et dans la mesure où à Gao, cette histoire a davantage tenu l’atmosphère. Affaire donc à suivre.

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Insécurité alimentaire : le marché GDCM qui fait scandale

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Les Maliens sont habitués des scandales liés aux affaires d’exonérations complaisamment offertes à des opérateurs économiques gravitant autour des cercles du pouvoir. Mais celui qui a été révélé la semaine dernière par des confrères de la place, dépasse l’entendement de par son ampleur et de par son montage. Au motif que les régions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal) sont exposées à une insécurité alimentaire, le PDG de la société GDCM (Grand distributeur de céréales au Mali) initie une demande d’exonération. Nous sommes en fin 2006 et aucune autorité n’a parlé de menace de famine dans les zones ciblées par notre grand distributeur de céréales. Qu’à cela ne tienne, il reçoit un accueil plutôt favorable au ministère de l’Economie et des Finances.

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En deux temps trois mouvements, l’exonération lui est accordée sous forme « confidentielle » et il est prié de prendre contact avec la direction générale de la Douane pour l’effectivité de la mesure, selon le plan qu’il a déposé. En moins de trois mois, l’heureux distributeur de céréales boucle le circuit et se retrouve avec une exonération chiffrée à 10 milliards de nos francs. Le hic dans l’affaire est que l’approvisionnement n’a pas été satisfaisant et pire, les prix pratiqués sont pratiquement les mêmes qu’à Bamako. De la part de quelqu’un qui a bénéficié d’une aussi monstrueuse exonération et d’une générosité inédite, les populations du Nord auraient certainement attendu mieux.

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Marché GDCM : Rétorsions contre certains confrères

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Il ne doit pas être bien de parler de GDCM et de son PDG Modibo Kéita, surtout en mal. Connu pour ses fréquentations bien placées et ses protections insoupçonnées, le grand distributeur de céréales supporte très mal qu’on se mêle de ses affaires. Pour cela, il ne manque pas de moyens pour faire comprendre aux « indélicats » qu’il est intouchable. Ainsi, certains de nos confrères qui avaient eu le « malheur » d’évoquer la monstrueuse exonération dont il a bénéficié en toute confidentialité. Outre quelques appels anonymes pour faire peur, il y en a qui ont été interpellés par la SE pour être gentiment interrogés sur l’origine de leurs informations. D’autres par contre ont vu des annonceurs leur dire que plus jamais ils ne bénéficieront de publicité de leur part ; suite à cette affaire. Histoire de leur couper les vivres à défaut de pouvoir les affamer pour avoir osé parler de céréales. Comme quoi, le grand distributeur de céréales n’est vraiment pas n’importe qui dans ce pays.

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Abolition  de la peine de mort : La reculade de ATT ?

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Après la poussée de fièvre causée par le dépôt des projets de loi sur l’abolition de la peine de mort et le nouveau code de la famille (meeting à la Grande Mosquée de Bamako, marche interdite du parti UNPR qui souhaitait manifester son indignation, conférences de presse etc.), l’heure est semble-t-il au bilan. Et aux interrogations. De toute évidence, le président de la République n’est pas insensible à ce qui se passe. Il entend tout ce qui se dit et les échos de la rencontre entre le FDR et les religieux ont dû lui parvenir. Face aux envoyés du FDR, les religieux se plaignent qu’on ne les écoute pas alors même qu’ils ne seraient pas contre l’abolition de la peine de mort dans l’absolu. L’aspect qui semble les tenir à cœur est le cas de ceux qui tueraient leur prochain par préméditation. Et puis le président ATT a dû sentir que les députés ne sont pas tous très chauds à l’accompagner sur des projets qui ne sont pas arrivés à maturation à leur niveau. Pour toutes ces raisons, le président de la République serait prêt à retirer le projet de loi sur l’abolition, histoire de s’autoriser une petite reculade mine de rien.

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Procès Moussa Kaka : Me Konaté constitué

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Ce qui est réconfortant dans le combat que mène Moussa Kaka, notre confrère du Niger et correspondant de RFI, c’est que lui et ses confrères ne sont pas les seuls à se battre pour la liberté et le respect des droits. Il y a la Justice nigérienne qui visiblement ne veut pas se laisser faire. En effet, le juge d’instruction vient de récuser purement et simplement les « preuves » qui lui ont été soumises par les autorités pour vice de forme. Le juge a estimé que les écoutes téléphoniques et autres enregistrements ne pourraient avoir valeur de preuve dans la mesure où ils ont été obtenus en violation de la loi ; sans avis rogatoire. Ce qui devrait rassurer l’escouade d’avocats constitués pour défendre les intérêts de notre confrère.

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Ce qui se passe au Niger nous intéresse à plus d’un titre. On peut dire en passant que parmi les avocats de Moussa Kaka se trouve notre compatriote Me Mamadou Konaté. Ses talents ne sont plus à prouver. Son attachement à la liberté également. On se rappelle que lors de l’arrestation de nos confrères, il déclarait que pour lui, quand un journaliste est derrière les barreaux il n’y a pas à hésiter, il faut le libérer. Moussa Kaka, en plus du caractère léger des accusations, peut compter sur les avocats mobilisés de partout pour le défendre. Mais là où le cas Kaka nous intéresse vraiment, c’est au niveau du courage de la Justice. La décision du juge d’instruction devrait inspirer ceux qui sont en charge du dossier de nos confrères ici au Mali qui sont condamnés par sursis dans la fumeuse affaire de « la maîtresse du président de la République » et qui attendent leur jugement en appel. Dans leur cas, c’est le procureur en personne qui a porté le dossier quitte à heurter le bons sens et la susceptibilité des juges jaloux de leur « indépendance ». Il faut espérer que lors du jugement en appel, il se trouvera bien un juge pour dire au pouvoir qu’il déconne et qu’il n’y a pas matière à poursuivre.

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23 novembre 2007

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