La bataille pour les sièges du parlement de la cinquième législature de la IIIème République a bien commencé depuis 72 heures avec le démarrage de la campagne sur toute l’étendue du territoire national.
Des dizaines de partis politiques et de listes indépendantes sont en course pour les 147 fauteuilles parlementaires de l’Assemblée nationale. Le parti RPM d’IBK rivalisera avec l’ADEMA et l’URD pour la conquête de la majorité parlementaire. Cependant, cette rivalité ne sera pas jalonnée de rude bataille, en raison des alliances contre nature entre les différents partis.
Les trois grands partis cités plus haut sont en alliance dans bien de circonscription. A ce rythme, on se demande si le régime IBK aura en face de lui une opposition parlementaire digne de ce nom. Apparemment, toutes les forces politiques, à l’exception du PARENA, risqueront de faire allégeance au nouveau régime, après les législatives 2013.
Une CENI budgétivore et peu efficace
Les Maliens doivent effectivement réfléchir sur la nécessité de maintenir la Commission Electorale Nationale et Indépendante. Non seulement, elle est budgétivore, en raison de ses charges, pire elle ne fait pas grand-chose dans la tenue des scrutins, en dehors de l’observation électorale. Une CENI qui pèse donc lourdement sur les finances publiques pour des résultats sur lesquels plus d’un s’interrogent de quoi faire une évaluation et juger son opportunité et sa pertinence.
Une liste indépendante bien positionnée à Kadiolo
La liste indépendante ”Kadiolo Nyèta” menée par Oumar Ouattara de Kaguala et Moriba Dialla du Folona risque de faire mouche face à la dizaine de listes concurrentes. La particularité de cette liste indépendante est liée au fait qu’elle est fortement soutenue par quatre maires importants du cercle de Kadiolo.
Le soutien de ces maires n’est pas étranger à la grande générosité de Moriba Dialla, un ancien comzone de la rébellion ivoirienne, qui a investi une bonne partie de sa fortune dans le cercle de Kadiolo. D’ailleurs sa candidature a été suscitée par les populations du cercle qui veulent le recompenser pour son investissement dans le développement local de Kadiolo.
Les enjeux du taux de participation
Le taux de participation électorale aux législatives du 24 novembre est un enjeu important. C’est dans cette optique que le PAPEM (Programme d’Appui au Processus Electoral du Mali) du PNUD s’est mis à la tâche, pour appuyer la société civile dans la campagne de sensibilisation et de mobilisation des électeurs. Une enveloppe de plus de 500 millions de FCFA a été engagée pour cette opération. Plusieurs organisations de la société civile sont sollicitées pour cette activité. Le Réseau APEM a disposé, ainsi, d’une enveloppe de 80 millions destinée à financer la campagne de sensibilisation et de mobilisation des électeurs dans 16 cercles du Mali sur 49. L’objectif recherché vise à mobiliser les électeurs pour une forte participation au scrutin législatif du 24 novembre.
Scrutin législatif :
Des absents ?
Il y aura beaucoup d’absents le jour de la convocation des collèges électoraux (24 novembre 2013).
Parmi eux il y a les 300 000 jeunes, qui ont atteint, cette année, l’âge de voter et qui ne pourront pas voter faute d’avoir leur photo sur le fichier électoral biométrique. Il y a aussi, beaucoup de Maliens qui n’iront pas aux urnes parce que tout simplement, ils ont perdu leur carte NINA. Il y a, enfin d’autres catégories de citoyens, qui ne voteront pas pour non enrôlement lors des opérations de recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC). La liste est donc longue et il va falloir prendre en compte tous ces cas lors des communales d’avril 2014. Surtout lorsqu’on sait que trois cent mille jeunes seront doublés en 2014.
Assassinat des journalistes :
Réunion de crise à Koulouba
Une réunion de crise a réuni, dimanche, autour du Prési IBK, plusieurs membres du gofernement dont le PM OTL, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux Mohamed Aly Bathily, le Ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, le Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Zahaby Ould Sidi Mohamed et le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, porte-parole du gofernement, Mahamane Baby. Le Segal de la présidence et le Chef d’Etat-major particulier du Prési IBK ont pris part à la réunion, qui a porté sur la situation de crise provoquée par l’enlèvement, puis l’assassinat, samedi dernier, de deux journaleux de RFI en reportage au Mali, Ghislaine Dupont et Claude Verlon.
Au terme des travaux, le porte-voix du gofernement a présenté les condoléances des autorités maliennes aux familles des disparus, au peuple français et à la grande famille de la presse. Il a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les conditions dans lesquelles se sont produits l’enlèvement et l’assassinat des journaleux de RFI. Mahamane Baby a réitéré la détermination ferme de son gofernement à exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national, y compris Kidal.
Journalistes français tués au Mali :
Des recherches actives pour retrouver les assassins
Selon l’AFP, des opérations étaient en cours, lundi et mardi, au Mali pour retrouver au plus vite les assassins de nos deux confrères français froidement abattus samedi près de Kidal (nord-est), dont les corps ont été rapatriés à Paris.
Des “opérations pour identifier un certain nombre de personnes dans des campements” ont été lancées dimanche et étaient toujours “en cours”, avant-hier et hier, pour retrouver les auteurs de l’enlèvement suivi du meurtre par balles des deux journalistes de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
“A l’heure actuelle, on n’a pas de certitude sur qui a commis cet assassinat”. “On va tout faire pour retrouver les assassins, les punir, les châtier”, a assuré Laurent Fabius.
Des enquêteurs français ont quitté Paris, en début de semaine, pour Bamako, selon une source proche de l’enquête en France.
Une source à la gendarmerie de Gao a affirmé que “les services maliens et français travaillent ensemble” dans la traque des assassins des journalistes enlevés à Kidal peu avant d’être tués à une dizaine de kilomètres de la ville.
Selon l’entourage du Ministre français de la Défense, Le Drian, les militaires français disposent “d’indications permettant de remonter la trace” des meurtriers des deux reporters français,
Les corps de Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 58 ans, ont été ramenés de Kidal à Bamako, via Gao, par un avion militaire français dimanche soir.
Délégation de RFI à Bamako
Des membres de la direction de RFI ont rejoint, dimanche soir, la capitale malienne pour organiser le rapatriement des corps en France. La délégation, conduite par Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, qui comprend RFI, a rencontré, en fin de matinée le président IBK, puis le Premier ministre Oumar Tatam Ly.
Elle a également participé à une marche organisée à Bamako par les journalistes maliens à la mémoire de leurs deux confrères français, avant une cérémonie officielle en leur honneur.
Selon Laurent Fabius, Ghislaine Dupont “a été assassinée de deux balles dans la poitrine”, et Claude Verlon “a reçu trois balles en pleine tête”, mais il n’y avait “aucune trace d’impact” sur le véhicule, donc “il n’y a pas eu (…) de combat”.
Des zones d’ombre
De nombreuses zones d’ombre demeurent sur les causes et les circonstances de la mort des deux professionnels aguerris, enlevés en plein jour, dans une ville qui est une zone de non-droit et où, selon le ministre de la Défense du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, “la souveraineté de l’Etat n’est pas effective”. Selon lui, “la situation de Kidal est telle que toutes les infiltrations sont possibles”, dont celle d’islamistes armés radicaux de groupes liés à Al-Qaïda qui avaient occupé la ville et tout le nord du Mali pendant plusieurs mois en 2012, avant de fuir avec l’arrivée de l’armée française en janvier 2013.
Selon le témoignage d’Ambéry Ag Rhissa, le représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) que les journalistes venaient d’interviewer et qui a assisté à l’enlèvement, les agresseurs parlaient tamachek, la langue des Touareg.
Kidal est le berceau de la communauté touareg et du MNLA, organisation qui a condamné les deux assassinats, mais qui est profondément divisée entre partisans d’un dialogue avec Bamako et jusqu’aux-boutistes qui recherchent la confrontation.
Selon le porte-parole de l’état-major français, le colonel Gilles Jaron, l’hypothèse d’une exécution alors que les ravisseurs tentaient d’échapper à leurs poursuivants ne tient pas.
Il a indiqué que les forces françaises basées à l’aéroport de Kidal, alertées de l’enlèvement, ont envoyé une patrouille et deux hélicoptères sur place, mais ont découvert les corps des deux journalistes sans avoir vu ou affronté les meurtriers.