Chaque année, de vastes campagnes de reboisement sont lancées au Mali avec ses activités connexes de tapage et de médiatisation à outrance. Le plus marrant est qu’aussitôt de telles cérémonies se terminent, ces pieds d’arbres sont laissés à leur triste sort, sans suivi ni traitement. Gaspillage.
L’Etat du Mali depuis des décennies organise chaque année de vastes campagnes de reboisement avec comme plat de résistance la plantation de l’arbre du « Président, du Ministre, du maire, de l’amitié, de la paix… ». Les noms diffèrent selon les circonstances mais l’idéal reste unique : lutter contre la désertification. Ainsi, dans des villages ou villes sont réalisés des bosquets, des arbres fruitiers, des arbres à ombrage par concession et aussi des plantations d’alignement le long des artères principales.
Ainsi, la folle course sans adversaire, conduit les autorités maliennes à planter des milliers de pieds d’arbres pendant chaque saison pluvieuse.
Si l’an dernier, la campagne a consacré 60 000 ha reboisés sur l’étendue du territoire, celle de 2011-2012, lancée à Alatona dans le cercle de Niono et baptisée journée internationale de la forêt, veut dépasser ce record.
Malgré les efforts consentis par de nombreux projets/programmes en collaboration avec l’Etat malien, la lutte contre la désertification et les changements climatiques reste toujours un vain mot. L’échec est patent à de nombreux niveaux. Selon un spécialiste, ces échecs s’expliqueraient du fait des conditions climatiques, des systèmes de production agro-Sylvio-pastoral extensif inadaptés et de la mise en place de stratégie de reboisement collectif.
Sans suivie ni évaluation
Le suivi évaluation, instrument de mesure de l’effort consenti, semble être ignoré en matière de campagne de reboisement. Après les campagnes, généralement assaisonnées par de belles promesses d’entretien, ces arbres sont laissés à leur triste sort. Pas d’entretien et sont exposés à tous les dangers.
Ainsi, les statistiques révèlent que le Mali perd chaque année 500 000 ha de forêt, due à des défrichements, de la coupe abusive du bois, des feux de brousse, du surpâturage et des effets des changements climatiques. Ce qui a couté à l’Etat malien, selon ces mêmes sources la perte de 142 milliards de nos francs.
Le désert avance, le nombre de pied planté chaque année, ne vaut pas celui détruit la même année. Ce qui est planté aussi, la plus part meurt par faute d’entretien.
Ces constats nous ramènent à nous inquiéter et faire des propositions : au lieu qu’il ait chaque année des campagnes de reboisement, pourquoi ne pas parfois consacrer des années aux suivis et après faire des évaluations. Pour voir le succès de la campagne par rapport aux pieds en vie et ceux qui sont morts.
Est-il besoin de le rappeler, sans arbre, pas de pluie. Sans pluie, pas d’agriculture, pas d’élevage, pas de pêche.
Boubacar Yalkoué