La police malienne devrait sans doute s’en mordre le doigt, à en juger par les grincements de dents qui retentissent de leurs campus transformés en casernes avec la militarisation. Acceptée à son corps défendant et de guerre lasse, la mesure d’intégration des rangs se justifie par les besoins martiaux de lutte antiterroriste et implique naturellement une privation de la police nationale de tous les avantages liés à son statut civil. Plus de droit aux revendications corporatistes, ni de liberté syndicale, etc., sauf que les agents de la Police nationale n’ont jamais été aussi grugés par les pouvoirs que depuis l’avènement du nouveau statut. Et pour cause, il nous revient de bonne source qu’aucun avantage spécifique inhérent à la militarisation n’est encore effectif, depuis plusieurs mois que la mutation de statut a fini par être actée au bout d’une longue circonspection des organisations syndicales de la Police nationale. Aucune explication n’est pas non plus donnée aux nouveaux militaires de fortune, qui vivent par ailleurs une nette différence de traitement avec les autres corps militarisés. De quoi provoquer des mécontentements qui se transforment progressivement en révolte latente, au regard des échos en provenance de plusieurs milieux de policiers désabusés par les promesses mirobolantes de la Transition.
Demi-journée de vacance administrative au nom du «oui»
Le triomphe de la folie référendaire aura conduit à tout au Mali. Et à mesure qu’approche la date fatidique du scrutin, le processus se révèle sous les traits hideux d’une honteuse époque : celle de l’instrumentalisation flagrante et peu vergogneuse de l’administration. Celle-ci s’est prêtée à un jeu de connivence très sélective pour le compte du camp du «oui», à la faveur du lancement de sa campagne au Stade du 26 Mars. L’événement ayant coïncidé avec un jour ouvrable, le défi de la mobilisation a nécessité une forte implication des chefs de service public pour drainer les travailleurs vers le lieu de convergence. Comme il est de coutume en la matière, les ministres et DG ont rivalisé de dévouement envers les pouvoirs et d’ardeur à la besogne, allant jusqu’à ne donner pour d’aucuns des consignes de permission pour les besoins de la cause. Dans la plupart des administrations publiques, le personnel a été ainsi libéré de ses charges dès la mi-journée au nom des préparatifs du meeting d’appel au «oui». On a plutôt coutume de les libérer pour les préparatifs et préalables du vote – qui peut s’exprimer dans un sens comme dans l’autre être – et si les personnels n’ont pas répondu massivement présents au Stade du 26 Mars c’est en partie parce que l’administration n’est jamais totalement acquise à un camp au détriment de l’autre.
La Rédaction