Les hommes passent, les Etats demeurent, renforcés ou diminués. En France, devenue République longtemps après l’empereur Napoléon Bonaparte et plus longtemps encore après la série des Rois Louis et Henry, régna pourtant et pendant cinq ans (2007 – 2012) un autre monarque : Nicolas Sarkozy. Véritable despote des temps modernes, il a fait voter des lois racistes et stigmatisé ou fait stigmatiser des communautés entières de son pays (notamment celles arabo-musulmanes, noires et les tsiganes).
Ce « Roi », l’on se rappelle, entraîna dans une sale guerre ses alliés occidentaux (les USA, la Grande Bretagne,…), contre un Etat souverain, la Libye, sous prétexte de défendre la démocratie et le peuple de ce pays dont la population ne lui avait rien réclamé. Le « Roi républicain » poussa son arrogance et son ignorance jusqu’à traiter, lors de son voyage à Dakar en 2002, donc en terre africaine, l’Afrique et les Africains de peuples non civilisés en ces termes : « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ». Il traita le paysan africain de paresseux car voulant toujours vivre en harmonie avec la nature et ne se contentant que de la simple houe depuis des générations pour produire, donc pas inventif…
Heureusement que par la magie des urnes, donc de la démocratie, survint en France, cette fois-ci, un Président de la République qui n’a pas le complexe d’être hyper, mais bien une personne ‘’normale’’ et respectueuse de son prochain et des autres cultures et civilisations que recèle ce monde : François Hollande. Dès sa prise de fonctions en mai, cet humaniste s’est tout de suite attelé à corriger les injustices de son prédécesseur en faisant abroger systématiquement certaines lois, en tout cas les plus criardes, notamment les différentes lois « Hortefeux » (qui avait la charge de l’émigration et de l’Identité nationale), par le parlement.
Mais la grande réalisation de la nouvelle équipe dirigeante française provient de la ‘’relecture’’ de ses relations internationales. Ainsi, Hollande se démarque de son prédécesseur en impulsant une nouvelle dynamique de non intervention militaire directe dans les champs de conflit, que ça soit au Moyen- orient (notamment, en Syrie) ou en Afrique (en RDC et surtout au Mali). Ces temps-ci le Président Hollande a été très actif dans les différentes tribunes internationales où il a profité de l’occasion pour présenter les contours et définir les termes de la nouvelle diplomatie.
Dans le conflit syrien, il n’a cessé de réaffirmer que la France ne va plus fournir d’armes aux insurgés et opposants dont on « ignore la composante et les intentions futures ». Le Président français argumente en faisant allusion à la guerre que les puissances occidentales ont menée en Libye pour détruire le régime du Guide où des armes occidentales se seraient retrouvées dans les mains de djihadistes liés à Al-Qaïda. D’ailleurs, lors de la grande interview qu’il a accordée à nos confrères de France 24, TV5, et RFI, à la veille de son périple en Afrique (en RDC en passant par Dakar), il a déclaré sans détour : « Quand vous fournissez des armes, vous ne savez jamais où elles finissent. Je prends l’exemple de la Libye. Si nous avons aujourd’hui ce qui se passe au Mali, c’est bien parce que des armes ont été livrées dans n’importe quelles conditions et qu’après la fin de Kadhafi, ces armes se sont expatriées. Et où sont-elles allées ? Justement dans des zones où vous pouvez les acheter pas cher et c’est Aqmi qui les a reprises ».
Mais surtout, lors du même entretien, Hollande a affirmé vouloir nouer des relations privilégiées égalitaires avec des pays qui respectent le jeu démocratique et sonner ainsi le glas de la Françafrique : « Il y aura la France et il y aura l’Afrique- on n’aura pas besoin de mêler les deux mots ». Aussi, le Président Hollande voulant finir avec le « Sahelistan », en référence à ce qui se passe au Nord de notre pays, affirme soutenir logistiquement les initiatives africaines et de relayer leurs positions au Conseil de sécurité de l’Onu. Pour lui, il n’est plus question pour son pays de dire « Quoi faire » et d’envoyer des troupes. A la question : « Est-ce que la France ne va pas courir des risques ? » Il répondra : « C’est en laissant Aqmi, c’est-à-dire Al-Qaïda, prospérer dans le Sahel que je ferai courir un risque à mon pays (…) Il faut donc couper la route des terroristes ». Mais le plus important à retenir est la reconnaissance des « fautes » du passé, notamment la colonisation ou la traite négrière. Et, surtout le discours tranchant de Hollande devant le parlement sénégalais où il a rappelé que l’Afrique est le berceau de l’humanité et que lors des deux grandes guerres, les tirailleurs sénégalais ont vivement contribué à la libération de la France.
Par Gaoussou M. Traoré