L’annonce du recrutement de près de deux centaines d’auditeurs de justice agite depuis quelques temps le grand monde de chômeurs qui pullulent d’une promotion de juristes à une autre. Ils sont en effet des milliers à glaner le moindre concours d’enrôlement qui est synonyme d’adieux au désœuvrement, à l’oisiveté et d’accès à la fonction publique. Sauf que la taille des besoins exprimés par cette fonction publique est largement en deçà des demandes d’emplois, dans un pays où le chômage est intimement lié au niveau académique, à la compétence des demandeurs. Et dire que les responsables académiques de ce drame s’en délectent au lieu d’en rougir. En effet, en prélude au concours de sélection des deux certaines d’auditeurs de justice, la faculté des sciences juridiques et politiques a initié des cours de rattrapage aux candidats dont l’écrasante majorité est issue de ses propres moules. Quoi de plus normal qu’une faculté cherche à prêter main-forte à ses produits de la sorte ? Seulement voilà : quand la démarche est mercantiliste elle tient d’un indescriptible cynisme. Tenez, pour accéder aux cours préparatoires en question, les pauvres candidats doivent renflouer chacun les caisses de l’université de la somme de 50 000 francs CFA. Ainsi les autorités universitaires, en plus de profiter d’une carence dont ils sont eux-mêmes responsables, encouragent l’inégalité des chances entre chômeurs nantis et chômeurs misérables. Dont certaines pauvres familles pour qui la somme de 50 000 représente toute une fortune qu’elles risquent de perdre sans l’assurance de voir leurs enfants figurer parmi les 200 auditeurs à sélectionner.
La Rédaction