La déception d’Issa N’Diaye

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Professeur Issa N’Diaye : «Le problème n’est pas seulement le pouvoir d’Etat, c’est aussi et surtout le Malien lui-même. Il faut arriver à le changer. Pas évident ! Tant que l’appât du gain facile restera la base de la philosophie du citoyen ordinaire, rien de bon ne se fera dans le pays. Tant que le mensonge, l’hypocrisie, la cupidité, la fourberie et la méchanceté resteront au cœur de la citoyenneté, il n’y a rien à espérer.

Il suffit de voir le spectacle de la ruée actuelle à travers les associations créées pour capter les sommes d’argent distribuées à l’occasion par les candidats. Devant l’argent, aucune morale. Tous les coups sont permis. La corruption est devenue le système national de débrouillardise à tous les niveaux, aussi bien au niveau de l’Etat, des appareils civils comme militaires, des secteurs de la société civile et religieuse. Les rapports sociaux en sont dénaturés. Le mal est profond. L’incivisme a atteint un tel degré qu’il menace l’avenir même du pays.»

Top départ

À la veille du 2e tour de l’élection présidentielle, de multiples lots de cartes d’électeurs vierges ont été trouvés avec des personnes «à la solde du régime d’IBK pour les bourrages d’urnes», selon les responsables de l’opposition. C’est pour cela que, tard dans la nuit de samedi 11 au dimanche 12 août 2018, à une heure du matin, une conférence de presse fut convoquée d’urgence au QG de l’URD pour informer l’opinion nationale et international de ce qui va ressembler cette élection du 12 août : une mascarade électorale. Certains pensaient que Tièbilé Drame allait annoncer le retrait du candidat Soumaïla Cissé, comme cela avait été souhaité par plusieurs personnes. Mais non, c’était pour présenter aux journalistes un carnet de bulletins de vote. L’opposition a donné ainsi le top départ de la dénonciation de la fraude.

La DGSE veille

Le chef du commando Abdramane Diallo alias El Idriss et deux de ses lieutenants Yoro Demba Diallo et Ibrahima Diakité, auteurs des attaques ciblées du poste de péage de Sanankoroba et le poste de gendarmerie de Baguinéda, viennent d’être arrêtés pas la DGSE. En effet, dans la nuit du 24 au 25 octobre 2016, ce groupe de terroristes avait tué deux agents du péage et un gardien. Le commando planifiait d’autres attaques ciblées à Bamako ce week-end. C’est au cours de la planification de leurs opérations qu’Abdramane Diallo et ses deux lieutenants ont été appréhendés par les éléments de la Sécurité d’État. Le jour du vote, le poste de péage de Sanankoroba a été bien sécurisé.

La boucherie continue

Le  mardi 07/08/18 vers 10h, la milice dozo a enlevé 11 forains civils peulhs et commerçants de petits ruminants à la traversée du Bani à Sofora (dont 09 ressortissants de Mangha Peulh, commune de Kewa). Malgré l’alerte donnée aux autorités de Djenné et le commandement de Mopti/Sévaré, ils restent introuvables. Aux dernières nouvelles, il est établi qu’ils ont été tous exécutés. Liste des personnes enlevées : 1- Amadou Diallo, 2- Ahly Diallo, 3- Demba Diallo, 4- Hammady Sidibé. 5- Amadou Sow, 6- Idja Barry, 7- Ibrahim Diallo. 8- Oumarou Sidibé. 9- Hamman Bela Dicko. 10- Boukary Bah. 11- Ahly Bah. Ils sont tous du même village, ils ont été exécutés à 1 km de leur village derrière le fleuve. Depuis un certain temps, la tension a changé de localité. Des plateaux dogons, c’est actuellement le cercle de Djenné qui souffre.

Un mauvais procès

Lors de sa conférence de presse, la Minusma a démenti avoir fourni sa compilation des résultats de l’élection présidentielle. Elle n’a pas ce mandat. Tout ce qu’elle fait, c’est suivre le déroulement du vote dans des bureaux témoins (à peu près 450 bureaux, à raison de dix bureaux en moyenne par agent). Elle recueille ces informations dans le but d’évaluer le processus et de faire au gouvernement des recommandations.  Le soir du vote, elle centralise les PV et les chiffres fournis par les préfets et les sous-préfets à ses agents ; car elle n’était pas présente dans tous les bureaux de vote, loin de là  (à peu près 450 bureaux de vote sur 23000, ne représentent qu’un minuscule échantillon).

Donc, il va de soi que cette compilation qui va uniquement des chiffres fournis par les autorités locales qu’elle a mandat d’appuyer, soit conforme à celle du MAT. Si cela revêt un intérêt, c’est juste montrer qu’il n’y avait pas d’erreur dans la compilation des chiffres de l’administration. Aucunement, elle ne traite les cas de fraude et d’erreur dans le comptage des voix, avant leur assignation dans les PV. La preuve, la CC a procédé, lors de sa proclamation officielle des résultats définitifs, à des redressements. Ce qui se passe en ce moment relève de la manipulation. À bon entendeur !

Sans tambour ni trompette

L’avion du président Tièbilé Dramé, qui était venu vendredi matin 10 août à Nioro du Sahel, accompagné d’une forte délégation composée des membres du comité directeur du Parena et du BEN de l’Urd, pour assister aux obsèques de leur camarade et compagnon de lutte M. Moussa Camara dit Moïse, président de la fédération du Parena à Nioro et président du conseil de cercle de Nioro, membre du Haut conseil des collectivités territoriale, décédé le 07/08/2018 à Bamako des suites d’une longue maladie. Cet avion a été empêché de décoller durant deux heures parce que, d’après la tour de contrôle, il n’était pas autorisé à se rendre à Bamako d’où il était venu vendredi matin.

Daba fâché

Dans une déclaration rendue publique, le candidat du PIDS était très remonté contre la Cour constitutionnelle. «Pour vous et pour le Mali, je me suis présenté à l’élection du président de la République du 29 juillet 2018. Comme moi, vous savez que les résultats publiés sont le fruit d’une grotesque manipulation des chiffres, de la fraude massive, de l’achat de conscience et de l’utilisation éhontée des moyens de l’État et des agents véreux de l’Administration», dit Daba Diawara. Pour lui, ils ne sont que le produit de la liste électorale établie pour organiser la fraude et le tripatouillage.

«Une liste électorale dont je n’ai cessé de demander l’annulation pure et simple parce qu’elle n’est pas perfectible. ‘Ce n’est pas ainsi que se construit le Mali de nos rêves. Je suis heureux que toutes ces pratiques antidémocratiques n’ont pas permis le Takokélé si espéré. Les Maliens et les Maliennes ont pu, malgré tout, mettre en ballotage le sortant et lui imposer un second tour», poursuit-il. La Cour constitutionnelle, comme il fallait s’y attendre, «vient de légitimer les résultats provisoires voulus par le Pouvoir. J’en prends acte. Mais, devant ce que je considère comme un refus de la Cour constitutionnelle de dire le droit, je ne peux que réitérer mon rejet des résultats de la mascarade électorale du 29 juillet 2018».

Pour ne pas, dit-il, cautionner davantage une mascarade électorale et être objectivement complice du coup d’État électoral que se préparent à exécuter le président sortant, son gouvernement et la Cour constitutionnelle, «j’ai décidé de ne pas voter le 12 août prochain. J’appelle donc toutes les Maliennes et tous les Maliens qui m’ont accordé leurs suffrages au 1er tour, les militants du P.I.D.S et les membres du Mouvement Mali Debout à boycotter le scrutin du 12 août prochain».

SADI tacle Manassa

Selon la présidente de la Cour constitutionnelle, Manassa Dagnoko, lors de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle du 29 juillet 2018, la «requête de Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance SADI contre la loi électorale était bien fondée». Tout le monde sait que cette loi est la mère des fraudes et bourrages des urnes. On comprend dans ses argumentaires que la majorité ou les autres partis de l’opposition étaient d’accord. En droit, est-ce que cela doit rendre irrecevable la requête ? Il est clair que pouvoir, c’est prévoir. Ces autres partis et candidats contestataires sont victimes de leur propre myopie politique. C’est la politique qui fait la loi. SADI, le véritable parti politique du Mali, un espoir pour l’Afrique.

L’image de la Minusma salie…                                     

Le candidat-président IBK a affirmé sur RFI que les résultats publiés par le ministère de l’Administration et sa Cour constitutionnelle correspondent à ceux de la Minusma. La mission onusienne qui réagit toujours plus vite que son ombre doit apporter un démenti à ce mensonge présidentiel. Si la Minusma avait été courageuse de certifier l’élection, on ne serait pas dans cette mascarade électorale grotesque.

Si la Minusma avait assumé son mandat, elle aurait travaillé à faire voter le maximum de localités au Centre du pays. Si la Minusma voulait contribuer à une présidentielle honnête, elle n’aurait pas fermé les yeux sur les fraudes scandaleuses à Ménaka, Rharouss, Ber, Salam et ailleurs où les délégués de l’opposition ont été intimidés et chassés des bureaux de vote laissant la voie aux bourrages. La déclaration d’IBK salit le mandat d’une mission dont l’image s’est définitivement dégradée avec cette élection présidentielle au Mali.

La propagande

Les communicateurs des groupes terroristes basés à Mopti, dans une vidéo non datée mais très récente des terroristes dont nous avons fait des captures d’écran, étalent leurs butins de guerre : 2 pick-up des forces armées maliennes (Fama), des caisses de munitions, des armes lourdes et légères (RPG7…), des téléphones, des ordinateurs, des tenues militaires et même des chaussures que les terroristes de la Qatiba d’Ançardine du Macina d’Ahmadou Kouffah affirment avoir récupéré lors des combats avec l’armée malienne. La situation géographique montre qu’ils sont dans la zone de Tenenkoun.

Obligatoire réforme

Avec l’élection du président de la République, plusieurs débats et des causeries ont été organisés pour que les Maliens puissent donner leurs avis. Ils ont souhaité que pour sauver le Mali, il faut impérativement : restaurer la sécurité des personnes et de leurs biens ; changer les mentalités, les comportements et les pratiques ; renforcer la solidarité sociale et reconstruire le tissu social. Le tout dans une union des cœurs et des esprits des Maliennes et des Maliens. Ils veulent aussi la régénération  des ressources pour l’Etat et les protéger contre les abus, les détournements et la gabegie. Investir prioritairement pour récupérer et sauvegarder la jeunesse. Les Maliens, selon une conférencière, ne veulent plus voir les mêmes têtes ; un modérateur a demandé à celle-ci d’aller doucement, parce qu’il ne sera pas facile d’avoir maintenant de nouveaux Maliens.

Manque de pédagogie

Dans l’affaire Radio Renouveau FM, la Hac (la Haute autorité de la communication) a mis les choses en place en violant son propre règlement intérieur. L’émission incriminée a été animée par Ras Bath, deux journalistes directeurs de publication (Boubacar Yalcouyé de Le Pays et Ammy Baba Cissé du Figaro) et l’avocat Me Malick Alfousseyni  Maïga. Elle portait sur la fraude, le bourrage d’urnes, l’achat de conscience lors du 1er tour. Des accusations reprises par toute l’opposition et confortées par les recommandations des observateurs.

À travers l’explication du livre de Naomi Klein (La stratégie du choc), Ras Bath a expliqué comment les citoyens en manque de bonnes conditions de vie se retrouvent à prendre de l’argent moyennant leur voix. Le régime, à travers ses acolytes, ont coupé l’émission pour tenter de pervertir comme s’il avait insulté les citoyens. Ras Bath a rétabli la vérité le mardi passé sur la radio RFM synchronisée à près de 100 radios. La Hac s’est saisie du dossier elle-même et reconnaît par conséquent un vice de procédure. Ce qui, de bonne foi, aurait dû faire annuler la procédure.

Faire taire Ras Bath

À supposer même que les accusations soient fondées, ce qui est une première, le bon sens aurait recommandé que la Hac adresse un avertissement, au pire, une suspension temporaire. Mais directement prononcer la suppression définitive de l’émission traduit l’intention des 6 membres nommés par les politiques sur les 9 membres : faire faire Ras Bath dont le discours gêne les intérêts politiques. Cela se confirme à travers la sanction de suppression définitive édictée par la Hac qui est prévue au point 2 de l’article 83.

Et l’article 87 prévoit dans ce cas le recours devant la Cour suprême. Connaissant la lourdeur et la lenteur de la procédure prévue devant cette juridiction, on pense arriver à faire taire Ras Bath le temps que le 2ème tour et l’après 2ème tour passent allègrement. Sinon, ils auraient pris une sanction qui aurait pu être contestée devant la même Hac suivant l’article 84… Mais en optant pour la sanction 2, devant la Cour suprême, c’est une décision politique attentatoire à la liberté de presse et une honte pour la Hac. Ils reprochent à l’émission d’avoir traité le président de «voleur».

Fraude partout

Les partisans d’IBK et Soumi ont été arrêtés de part et d’autre comme des fraudeurs. C’était dans plusieurs centres à travers le pays. À Sanankoroba, plusieurs partisans d’IBK ont été arrêtés au niveau du bureau de vote N°8, alors que les militants de l’Urd tentaient de les filmer. Une vive tension s’en suivie, mais le sous-préfet et les agents de sécurité ont pu mettre de l’ordre.

Dans un centre de Faladiè, à l’école fondamentale de Faladiè Sokoro, dans le bureau de vote N°15, un militant RPM avait 3 bulletins pré-votés en faveur d’IBK ; il avait acheté avec des électeurs. Le délégué de l’Urd dans sa vigilance a interpellé le président du bureau. Et ils l’ont pris en flagrant délit. Certaines personnes arrêtées étaient entre les mains des forces de l’ordre. Le président de Kaoural renouveau international, Oumar Abdou Touré dit Al hadj, a été convoqué vers 21 heures au commissariat du 5ème arrondissement de Bamako.

La fausse alerte

«Prévenez tous nos leaders que la stratégie des gens de l’opposition demain est de faire filmer des gens à qui ils remettront de l’argent au nom de IBK en vue de nous accuser d’achat de voix. Que ce message soit véhiculé sur toutes les pages de communication.» C’est ce que Hamady Sangaré, président de Mali-IBK, a déclaré dans la nuit du samedi 11 août 2018. C’est sur la base de cette information, qu’une descente de la sécurité d’Etat en compagnie du commissaire du 14ème arrondissement est passée à Smart media.

Où le matériel de production et les numéros de téléphone des communicants furent saisis. Smart est l’équipe qui s’occupe en partie de la communication de Soumaïla Cissé. Les personnes arrêtées étaient au nombre de 5 personnes, y compris le gardien de Smart. Un Malien et 3 Français, c’est le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune, Dramane Diarra, qui a ordonné leur libération. Parce qu’il n’y avait aucune procédure judiciaire. Mais malgré tout, les matériels et les téléphones portables de ceux-ci sont au niveau du commissariat. Ils ont été arrêtés alors qu’ils travaillaient sur un discours de Soumaïla Cissé. C’est ce qu’ils ont dit à la police lors des interrogatoires.

SBM sécurité

«Je me suis rendu, ce samedi matin, accompagné du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré et du Chef d’état-major général des armées, le Général M’bemba Moussa Keita, à Mopti afin de constater l’opérationnalité du dispositif de sécurisation du deuxième tour de l’élection présidentielle. J’y ai annoncé une combinaison des moyens terrestres et aériens des forces armées et de sécurité, incluant le déploiement de 6000 hommes supplémentaires sur l’ensemble du territoire.

Ce qui porte les effectifs à 36 000 hommes, chargés de la sécurisation des 23 041 bureaux de vote. Je demande aux habitants de la région en particulier et aux Maliens en général, de ne pas se laisser intimider par les menaces car l’insécurité est nocive pour la paix, la cohésion sociale et pour la démocratie. J’invite mes compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur à se mobiliser plus que lors du premier tour pour aller voter. La tenue de l’élection présidentielle traduit les progrès accomplis par notre pays, le Mali qui, malgré les difficultés, avance et se redresse».

Un démenti formel

«Ce jour, 10.08.2018, le Haut Conseil Imghad et Alliés a appris avec indignation, à travers les réseaux sociaux, des informations infondées rapportant un prétendu appel du Général Elhadj Gamou qui invite les Maliens à voter pour l’alternance lors du scrutin du dimanche 12.08.2018. Le Haut Conseil Imghad et Alliés dément catégoriquement ces allégations tout en rappelant que le devoir de réserve qu’impose la fonction de militaire empêche au Général une prise de position politique.

Nous invitons donc les auteurs de cet amalgame à le rectifier et à s’inscrire dans une logique de campagne saine. Aussi, profondément préoccupé par la sécurité et la stabilité du Mali, le Général Gamou est actuellement hors des réseaux GSM car engagé dans de grandes opérations militaires dans le Nord du pays. Le Haut Conseil Imghad et Alliés prie pour le bon déroulement du scrutin du dimanche 12.08.2018. Vive le Mali uni et prospère».

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