La CVJR en toute irrégularité…

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Crise au Mali
Ousmane Oumarou Sididé, président de la CVJR lors de la conférence de presse de ce matin

La mission de la Commission-Vérité -Justice-Réconciliation n’est pas arrivée à terme. Loin s’en faut d’ailleurs, au regard des nombreuses étapes qu’il reste à franchir avant le graal final : un pays totalement réconcilié. Est arrivé à son terme, en revanche, le mandat de l’actuelle équipe que conduit l’ancien ministre Oumarou Sidibé. Installée en 2015 dans le sillage de la signature de l’Accord d’Alger, trois années lui ont été accordées en vertu du décret de son fonctionnement. Et l’échéance est arrivée à expiration depuis décembre dernier. Interrogé sur la question, lors d’une apparition médiatique, jeudi dernier, le président a laissé entendre que si la CVJR demeure en place c’est en vertu de l’ampleur des missions qui lui sont assignées et de la complexité de la crise malienne. Dans tous les pays où une commission similaire a existé son mandat a été tacitement reconduit. Au demeurant, les hautes autorités maliennes ne verraient aucun mal à renouveler leur confiance à la Commission-Vérité-Justice-Réconciliation dans sa composition actuelle, a confié son président en présentant un bilan très élogieux de son parcours de 2015 à aujourd’hui. Sauf que la structure siège et agit au-delà de son mandat sans aucun acte légal.

…La Primature aussi

Le même syndrome d’illégalité affecte le sommet du Gouvernement. A la différence de la CVJR, le Premier ministre a été quant à lui bel et bien reconduit aussitôt après la présidentielle, par un décret en vertu duquel il a formé l’actuelle équipe gouvernementale. Il n’en demeure pas moins qu’une irrégularité réside dans la façon dont certaines dispositions constitutionnelles sont foulées aux pieds. Depuis sa reconduction, en effet, le Pm qui s’est succédé à lui-même n’a plus jugé opportun de sacrifier à l’exigence constitutionnelle de requérir l’onction de la représentation nationale pour mener sa politique. Il en a certes présenté une Déclaration de Politique Générale à l’hémicycle au lendemain de son premier décret de nomination à la Primature, mais la rigueur et l’esprit de la loi fondamentale voudraient que ça soit à chaque décret sa DPG. Au lieu de quoi, les sessions ordinaire et extraordinaire se sont succédé sans cette tradition républicaine, qui devrait par ailleurs être un passage obligé pour le Pm avant toute adresse devant les députés. Or il a passé l’épreuve de l’interpellation sur la sécurité dans le Centre sans son ticket de DPG.

Le Pm SBM admet un calendrier  électoral intenable

Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, à en croire nos confidences, n’écarte pas de rater l’échéance référendaire qu’il avait lui-même fixée au lendemain de la lettre de mission qu’il a reçue du président de République. En tout cas, plus la date fatidique approche, moins le chef du Gouvernement est convaincu de pouvoir réaliser son exploit de la dernière présidentielle. Le locataire de la Primature l’a d’ailleurs tacitement admis lors de sa dernière rencontre avec le BPN-RPM. Interrogé sur la question par un membre du directoire du parti présidentiel, un député, l’illustre visiteur des Tisserands a reconnu qu’il va falloir déplacer des montagnes pour respecter le calendrier référendaire qui est le pilier de l’ensemble du calendrier de 2019. Il faut dire qu’il y a de quoi reconnaître cette évidence. À seulement deux mois de l’échéance, la machine peine à démarrer : un Comité des experts vient à peine d’être constitué pour la relecture de la constitution et l’opposition n’affiche pour l’heure aucune disposition à prendre part au processus pendant que sa participation est politiquement indispensable pour l’aboutissement du projet. Et dire que le calendrier électoral parait tout aussi intenable que l’ultimatum imposé au gouvernement malien pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.

La Rédaction

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