En cette période du covid-19, toutes les écoles publiques et privées restent fermées. En vue d’assurer la continuité pédagogique, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a envisagé de faire les cours à distance. Sans aucunement tergiverser, la corporation syndicale de Kayes et de Sikasso n’a pas manqué de réponse à cette décision.
Entrant dans le cadre de la continuité pédagogique, le département ministériel de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, et de la Recherche scientifique a pris, courant le 3 avril, une décision portant sur la dispensation des cours à distance dans les écoles maliennes. Cela, à travers des médiums : télévision, radio, internet et autres réseaux sociaux.
D’ores et déjà, la position des syndicats de l’éducation nationale signataires du 15 octobre 2016 de Kayes et de Sikasso est claire : pas « de cours à distance sans l’application de l’article 39 » de leur statut.
Dans un communiqué datant du mardi 7 avril, les syndicalistes de Sikasso se sont exprimés sur la question : « Dans sa lettre N° 0391 MENESRS/SG, le ministre de l’Éducation nationale s’est, pour la première fois, lancé dans une aventure sans issue à travers les cours à distance. Nous, syndicats, n’avons ni de près, ni de loin, été joints à cette prise de décision, en tant qu’acteurs de l’éducation. Cette initiative n’est ni plus ni moins qu’une fuite en avant, une mascarade visant à achever l’école publique devenue agonisante des pauvres ».
Les syndicats poursuivent leur déclaration en ces termes : « Conscients de notre responsabilité dans la construction de l’édifice nationale, voire du fait qu’aucune nation ne peut se bâtir sur des violations de textes légaux du pays, nous, syndicalistes de Sikasso, demeurons concentrés sur notre objectif principal. Celui du règlement définitif de la question de l’application de l’article 39 de notre statut. » Ils précisent : « Cela est et demeurera notre condition de participation à toutes les activités professionnelles ou pédagogiques du pays ».
Les syndicalistes de la cité des rails (Kayes) s’alignent derrière la même position que leurs camarades de Sikasso. « Nous syndicalistes de Kayes, refusons catégoriquement d’accompagner le ministère de l’Éducation nationale dans son projet de cours à distance. En réalité, ajoutent-ils, ce dispositif du ministre d’assurer la continuité pédagogique des cours est un moyen “subtil” pour les autorités en charge de l’éducation de saboter notre lutte syndicale. Celle visant l’application stricte de l’article 39 de la loi n° 007 du 16 janvier 2018 ».
La corporation syndicale de Kayes est sûre que ces cours à distance ne pourront aucunement remplacer les enseignements qui se font en classe par les pédagogues. Ils soutiennent que le nouveau système brille par son insuffisance dans certains pays. Ce qui les amène à parler d’une véritable théâtralisation de l’éducation malienne à travers l’application de ce mode de dispenser les cours par des médiums. « Ces mesures ne sauraient être palliatives à la grève des enseignants », ont-ils martelé, appelant les autorités maliennes à œuvrer dans l’intérêt des élèves et non à faire le « faux-fuyant » devant les problèmes que connait le secteur de l’éducation.
Mamadou Diarra