Les élections de 2012 auront lieu sur «la base du fichier électoral tiré du RAVEC ou de l’actuel fichier amélioré», selon Kafougouna Koné que rapporte L’Indépendant du 3 mai.
Le débat sur le fichier électoral continue donc de nourrir les échanges au sein des différents états-majors politiques. Surtout que, même au sein de la classe politique, «les partis paraissent plus que divisés sur la question» (Info-matin, 3 mai). En effet, tout semble indiquer que les différents états-majors n’ont pas les mêmes visions. Tandis que les uns semblent se contenter de l’ancien fichier électoral, surtout toiletté et modifié, les autres ne veulent rien entendre. Pourtant, il paraît évident que le RAVEC ne sera pas finalisé à temps pour des élections prévues dans moins d’un an. Du reste, le gouvernement ne semble pas pressé de se donner les moyens financiers et matériels pour achever un travail commencé depuis belle lurette. Pourquoi ? Selon plusieurs observateurs avisés, il ne veut tout simplement pas organiser des élections propres et crédibles. Que faire ? Continuer avec l’ancien fichier avec son cortège de fraudes massives et de tripatouillages ? Cette solution a le très grand mérite de faire passer les candidats que le peuple n’a pas vraiment choisis. Ce ne serait pas une originalité, cela s’est déjà vu dans le passé démocratique de cet Etat de droit (Mali) cité en exemple partout dans le monde comme étant un modèle de démocratie. Cela se verra certainement dans un futur très proche si «l’accord secret passé entre ATT, Alpha et Modibo» (Procès-Verbal) est réel. Selon le confrère, cet accord vise à placer Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, en pôle-position en vue de la conquête de Koulouba. Nul doute qu’avec l’onction des deux présidents, il occuperait leur fauteuil. Le conditionnel est de mise parce que l’actuel locataire de la Maison du Mali (Koulouba) ne semble pas accepter facilement d’être délogé.
Mais, dans tous les cas, cette fois-ci, les partis politiques qui n’ont aucune chance de remporter des élections, présidentielles, législatives ou communales, avec ce fichier vicié et pipé, sont prêts à faire valoir leurs droits à la crédibilité par tous les moyens. En particulier l’UDD, dont le président, Tiéman Coulibaly, aurait «dit non au fichier électoral actuel et à toute prorogation du mandat d’ATT». Selon lui, le RAVEC n’est pas prêt et personne ne veut de l’actuel fichier. Une impasse dont il faut sortir. Comment ? L’UDD, comme d’habitude, n’a pas de solution alternative, et puis, n’étant pas au gouvernement, il ne sera certainement pas entendu. Contrairement au Parena qui, depuis quelque temps, crie au loup. Le parti de Tiébilé Dramé, en effet, depuis 2007, quand il a boudé la majorité gouvernementale et rêvé d’un destin présidentiel (au lieu de prendre le chemin de l’autel sacrificiel), ne cesse de tirer sur la sonnette d’alarme et d’attirer l’opinion sur ce qui risque de se passer en 2012. Encore maintenant que le Bélier blanc a rejoint l’enclos, il continue de bêler de plus belle en ruant sur tout ce qui est noir ou apparenté. Lui non plus ne croit pas à l’actuel fichier et trouve que le nouveau ne sera jamais prêt à temps, de même que certaines des réformes que veut entreprendre ATT.
Quant au Sadi du Dr Oumar Mariko, il ne veut ni du RAVEC, ni du RACE, ni de l’actuel fichier. Mais, il se trouve qu’il est le seul parti à prêcher dans l’opposition. Autant dire dans le désert. Courageux quand même, ce parti. Il a refusé la main tendue et décidé honnêtement de rester fidèle à ses convictions, en restant seul contre tous dans l’opposition. Il a raison, on ne peut pas faire partie des oppresseurs et vouloir avoir la confiance des opprimés. Or, cette confiance, Sadi y tient comme à la prunelle de ses yeux. C’est le seul moyen qu’il a de s’approcher un jour de la cour des grands interdite à Oumar Mariko pour infantilisme politique. L’homme, très friand des grandes causes surtout sociales, aurait décidé de se pencher plus sérieusement sur la question de l’AMO.
L’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) divise le monde des travailleurs, lesquels, sans être véritablement consultés, imprégnés, informés en matière d’AMO, ne cessent de se prononcer sur la question, y compris en bastonnant des syndicalistes. En réalité, cette division n’est que le reflet de la déchirure du monde des travailleurs, «écartelé» entre l’UNTM et la CSTM. L’Etat entretient volontiers la haine et la hargne entre les deux syndicats, sachant qu’en privilégiant l’un au détriment de l’autre, il parviendra à empêcher l’unité d’action syndicale dont tout Etat a peur. L’union fait la force, cela est connu. Et pas d’union, pas de satisfaction des revendications corporatistes. Alors, les chapelets de revendications peuvent dormir dans les tiroirs. En attendant des jours meilleurs, quand il n’y aura presque plus ou peu de manque à gagner.
Cheick TANDINA