Infos ou Intox: Illustre inconnue et superbe oubliée

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En nommant une dame à la Primature, Amadou Toumani Touré a pris le contrepied de l’opinion nationale. Le nouveau Chef du gouvernement aurait une riche carrière professionnelle (L’Indicateur du renouveau, 4 avril) et serait connue pour ne pas rechigner à la tâche (L’Aube, 4 avril). C’est avec ces atouts que la bonne dame est censée s’attaquer à la mise en œuvre des réformes promises par ATT, la tenue d’un référendum constitutionnel, l’organisation des futures élections, l’amélioration des conditions de vie des populations…

Vaste chantier pour une illustre inconnue sortie des oubliettes du passé. Mais, elle aurait une grande expérience politique. Pourtant à l’analyse de sa carrière, on constate que la bonne dame n’a été Ministre que pendant dix mois (août 1991-juin 1992), quatre petits mois (mars 2002-juin 2002), et qu’entre ces deux nominations, elle a été absente du pays pendant plus de sept années. Quatorze mois de gouvernement et sept ans de lutte contre le criquet pèlerin et l’ensablement ! A ne pas oublier non plus, que depuis 2003, le nouveau Premier ministre se démène pour que le tabac soit de plus en plus consommé et vendu au Mali. Voilà la clé d’Amadou Toumani Touré pour ouvrir les portes du bonheur tant attendu par les populations, depuis qu’il leur a promis un développement économique, social et solidaire.

Un quatrième fusible à l’essai
Le président du «parti de la demande sociale» vient donc de confectionner et de mettre sous tension son quatrième fusible (après Ag Hamani, Ousmane Issoufi et Modibo Sidibé). Mais, si les deux premiers Chefs de gouvernement ont bénéficié de la gestion consensuelle du pouvoir à laquelle ont participé tous les grands partis politiques, ces derniers n’ont pas pu s’empêcher de se démarquer du troisième, notamment depuis que Modibo Sidibé a osé, lui l’indépendant, de surcroît policier, lorgner vers Koulouba. Les politiques, qui depuis des années, crient à la banalisation de la chose politique, à la marginalisation de la classe politique, ne croient plus aux vertus de la maigre quantité de carotte gracieusement distribuée. Ils en veulent plus et l’on fait savoir au premier des Maliens. Mais ce dernier, comme à son accoutumée, a d’abord louvoyé avant de faire preuve de fermeté et n’en faire qu’à sa tête. Moins de vingt-quatre heures après avoir démis de ses fonctions son Premier ministre devenu soudainement encombrant et glouton, ATT a commencé à rencontrer les responsables des partis politiques, pour consultations. Tout le monde, majorité présidentielle et opposition, était convié à ce bal. Il s’agissait, officiellement de se concerter sur la nomination du nouveau Premier ministre, dont le portrait-robot avait été dévoilé par la télévision d’Etat, et de la composition du nouveau gouvernement. Selon toute vraisemblance, le Chef de l’Etat voulait réitérer son coup de maître de 2002, amener tous les caïmans politiques à nager dans le même marigot, à boire à la même source, à se nourrir de la même fange. Et, bien entendu, nos chefs de parti se sont bousculés au portillon de la Maison du Mali. Certains se seraient même marcher sur les pieds. Mais si des désormais ex-opposants n’ont pas voulu cracher dans la soupe populaire et dédaigner cette aubaine qui pourrait leur permettre de se refaire une santé, même en douze mois, d’autres ont fait la moue. Ainsi, plus question pour la Sadi d’être membre d’un gouvernement ATT.

La Sadi dit non
Pendant ce temps, la figure emblématique de ce parti, Oumar Mariko, constatait l’absence des membres du gouvernement à la rentrée parlementaire d’avril. Le pays étant sans gouvernement depuis mercredi, Dame Sidibé était, en effet, toute seule pour affronter les députés et leur fournir un éclairage sur les derniers événements. Seulement, la pauvre ne pouvait même pas dire aux députés, n’étant pas dans les secrets du dieu ATT, quel serait le nombre de ministres qu’elle aura à driver. Preuve, s’il en faut, qu’Amadou Toumani Touré n’a pas encore digérer le fait que certains de ses plus proches collaborateurs lui fassent des enfants dans le dos. Alors, Premier ministre ? Ok. Mais chef de gouvernement ? Il faudrait repasser. Pas question de lui gâcher ses douze derniers mois. Il en a besoin pour préparer ses arrières et prendre une retraite paisible depuis que ses amis arabes tombent un à un.
Cheick Tandina

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