Le régime en place devient-il maître de la répression à l’image des régimes dictatoriaux qui sévissent contre leurs populations ? Il faut le craindre. Le mercredi dernier, Bamako a connu des manifestations particulièrement violentes, après l’arrestation du chroniqueur Ras Bath.
La répression des forces de l’ordre a été sanglante. Bilan officiel : un mort, des blessés et d’importants dégâts matériels.
En mai dernier, le régime IBK s’était illustré à Gao, en réprimant dans le sang, une manifestation des jeunes qui marchaient contre l’installation des autorités intérimaires dans des localités du nord. Bilan : 3 morts et des blessés.
à Gao et à Bamako, l’on a enregistré en tout 4 morts et de nombreux blessés lors de manifestations. Jusqu’où ira ce bilan macabre ? Va-t-on continuer à tirer sur des populations qui veulent user de leur droit de manifester ? Les associations de défense des droits de l’homme sont vivement interpellées face à ces répressions sanglantes.
Manifestation à Bamako (1)
Bavures et répressions policières
Usage excessif de la force, familles gazées, brutalités gratuites, journalistes agressés… ce sont là, entre autres, faits graves enregistrés lors des manifestations qui ont secouées Bamako le mercredi dernier.
A l’occasion, les policiers et autres gardes déployés sur le terrain ont multiplié les bavures. Ce qui explique en partie, les dérapages enregistrés çà et là, lors de la manif. Est-ce alors étonnant qu’il y ait mort d’homme ?
Aujourd’hui, les responsables de la police et du ministère de la sécurité tentent visiblement de couvrir les policiers. Ces mêmes responsables ont pourtant intérêt à mener des investigations sur le comportement de certains éléments déployés sur le terrain. Ces éléments ne font ni honneur à la police, ni honneur à l’uniforme.
Lorsque des manifestants (désarmés) sont pourchassés jusque dans des concessions, lorsque des grenades lacrymogènes sont balancées n’importe où et n’importe comment, l’on ne peut nullement dédouaner les forces présentes sur le terrain, notamment la police.
Et le pouvoir a obligation de mener des enquêtes sur les événements du mercredi dernier. Il y a un mort, des blessés. Toutes les responsabilités doivent être situées…
Manifestation à Bamako (2)
19 personnes écrouées !
Après les manifestations organisées le mercredi dernier à Bamako, l’heure est au bilan. Selon des sources, 1 manifestant a été tué par balles et de nombreux blessés (dont certains graves) ont été enregistrés.
Aussi, ce sont au total 19 personnes qui ont été arrêtées lors de cette journée. Ces personnes ont été déférées le vendredi à la prison centrale de Bamako.
Cependant, il est impérieux que les autorités judiciaires soient très regardantes sur le cas de certaines personnes appréhendées dans des conditions arbitraires par des policiers trop zélés.
En effet, l’on signale de nombreux abus commis par certains éléments des forces de l’ordre. Ceux-ci ont par exemple appréhendé un jeune boutiquier exerçant à quelques mètres du commissariat du 5è arrondissement. A la vue de la foule, il aurait fermé sa boutique, puis entra dans une maison (contigüe à la boutique). Là, il fut appréhendé, tabassé et conduit à la police. Il n’est pas le seul à être victime de l’excès de zèle des policiers et gardes déployés sur le terrain.
Entorse à la liberté de la presse :
Vive inquiétude de RFI et France 24
France Médias Monde exprime sa vive inquiétude après que les correspondants de RFI et France 24 au Mali aient été pris pour cibles dans l’exercice de leur métier par deux hommes en uniforme en marge d’une manifestation à Bamako. Ces deux hommes ont tiré des grenades lacrymogènes avant d’ouvrir le feu sur eux alors qu’ils s’identifiaient clairement comme journalistes.
Les directions de RFI et France 24 ont exprimé leur inquiétude et condamné ces faits. Elles demandent aux autorités maliennes de faire toute la lumière sur cette affaire et de prendre toutes les mesures pour que cela ne se reproduise plus et que leurs correspondants puissent travailler en sécurité et librement à Bamako.
Suite au communique de France medias monde
La réplique du gouvernement malien
Le Gouvernement de la République du Mali a pris connaissance, avec stupéfaction, d’un communiqué de France Médias Monde dans lequel ce groupe de presse «exprime sa vive inquiétude après que les correspondants de RFI et France 24 au Mali ont été pris pour cibles dans l’exercice de leur métier par deux hommes en uniforme en marge d’une manifestation à Bamako».
Le Gouvernement de la République du Mali dément catégoriquement ces allégations, s’interroge sur les motivations de leurs auteurs et apporte à l’opinion nationale et internationale les précisions suivantes :
1- Un des journalistes prétendument agressé en l’occurrence Monsieur Anthony FOUCHARD a été reçu par le ministre de la Communication en présence de hauts responsables de la police nationale. Il a affirmé avoir fait l’objet de tir tendu de grenades lacrymogènes suivi de tirs à la Kalachnikov par deux hommes en uniforme qui étaient à environ 50 mètres de lui. Il n’aurait a-t-il dit échappé au pire qu’en se jetant dans un fossé avant de prendre la fuite.
2- Cette narration, pour le moins rocambolesque, a été suivie des questions et remarques suivantes :
- a) La Kalachnikov n’est une arme utilisée pour le maintien d’ordre nulle part au monde et surtout pas au Mali ;
- b) Qui croirait que de tels tirs manqueraient leurs cibles à 50 mètres ?
- c) Comment croire au reportage de Monsieur FOUCHARD faisant état de tirs sans discernement sur une foule avec le bilan que lui-même dresse ?
3- Ces questions et observations ont tout de suite amené le journaliste à revenir sur les points cruciaux de sa première version à savoir :
- a) Il ne savait plus s’il s’agissait d’une Kalachnikov qu’il ne distinguerait
pas d’une autre arme ; - b) Les 50 mètres étaient peut être approximatifs ;
- c) Les tirs sans discernement ont eu lieu après la dispersion de la foule.
Mais alors ces tirs visaient quelles cibles et quelles fins ?
4- Malgré toutes ses incohérences, il a été demandé à Monsieur Anthony FOUCHARD d’aider à faire toute la lumière sur les faits évoqués en communiquant à la police des extraits de la vidéo en sa possession. Il s’y est engagé mais n’a rien remis à ce jour.
5- Au terme de l’entretien il a été clairement indiqué à Monsieur FOUCHARD que :
a) Le Mali est un État de droit qui protège les journalistes nationaux comme étrangers et garantit la liberté de presse et d’expression ;
- b) Mais le Mali, à l’instar de toutes les autres démocraties ne saurait accepter la violence gratuite contre un symbole de l’Etat comme l’Institution judiciaire. Au-delà du saccage du Tribunal de la Commune 4, il fallait sauver la vie des magistrats, avocats, personnel judiciaire et des usagers de la justice contre certains manifestants surexcités.
6- Les apaisements donnés et les mesures envisagées auraient pu et du suffire surtout que le film promis par Monsieur FOUCHARD est toujours attendu.
Le Gouvernement de la République du Mali attend de France Médias Monde la diffusion de ce communiqué dans les mêmes formes et sur les mêmes supports que celui qui l’incriminait à tort.