L’ancienne majorité présidentielle n’entend pas perdre le pouvoir. Toutes les tractations sont bonnes pour reprendre le pouvoir. Les Maliens attendent, depuis le mardi 18 août dernier, les noms de leur président et du chef du gouvernement. La longue attente vient des militaires qui ont fait le putsch arrangé en laissant en repos les coupables.
Les relations entre les putschistes et le pouvoir déchu sont réelles. N’est-ce pas Karim Keïta qui aurait promu Assimi Goïta et Mamadou au grade de colonel-major ? Le porte-parole du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), Ismaël Wagué est le fils de Mme Wagué Assétou N’Diaye, militante et membre du bureau politique des femmes du Rassemblement Pour le Mali (RPM).
IBK n’a-t-il pas dit que si vous refusez d’aller à l’école, nos enfants viendront vous diriger. C’est ce processus qui est en marche avec le CNSP. L’honorable Karim Keïta a certes fuit, mais reviendra avec la bénédiction du CNSP et du syndicat de la CEDEAO reprendre le fauteuil légué par son père Ibrahim Boubacar Kéita.
Au Comité national pour le salut du peuple (CNSP), on cite les noms d’Assimi Goïta comme, président de la transition et Mamadou Igor Diarra, chef du gouvernement un des leurs (fils du général feu Cheik Oumar Diarra). Malheureusement, cette proposition du CNSP aurait été rejetée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) car, elle aussi avait sa liste pour diriger la transition et le gouvernement (Modibo Sidibé, choix de la CEDEAO pour la présidence de la transition, son feu père fut un capitaine de l’armée française et Cheick Modibo Diarra, gendre du général feu Moussa Traoré et conseiller de plusieurs chefs de l’Etat de la CEDEAO comme Premier ministre de la transition).
Mais un troisième larron plébiscité par les Maliens peut bondir et ratisser large, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko, connu pour son intégrité et son amour pour la patrie comme président de la transition (auteur du film Niamanto).
Élections au Mali: la vérité des urnes
Lorsque la vérité a éclaté au grand jour, les taux de participation record ont connu une chute vertigineuse. Par exemple, lors des élections présidentielles organisées, les 12 et 26 avril 1992, dans l’euphorie de l’avènement de la démocratie et ouvertes à neuf candidats, le taux de participation étaient de 23,6% au premier tour et de 20,9% au second tour. Lors des élections législatives organisées plus tôt, les 23 février et 9 mars 1992, les taux de participation le plus élevé depuis l’avènement de la démocratie a été enregistré lors des élections communales du 30 mai 2004 (43%) et le plus bas a été enregistré lors des élections législatives partielles organisées dans la commune V du district de Bamako le 26 mars 2006 (8%).
Au Mali, la faible participation aux consultations électorales était comme une maladie honteuse que les autorités des deux premières Républiques s’évertuaient à cacher en proclamant officiellement des taux de participation imaginaires. Lors de l’élection présidentielle du 19 juin 1979, Moussa Traoré, candidat unique du parti unique, a été déclaré élu avec officiellement 99,89% des suffrages. Six (06) années plus tard, le 9 juin 1985, il améliore ce score et obtient 99,94% des suffrages.
En réalité, tout le processus du vote, du début à la fin, était une véritable mascarade. Le phénomène a pris une certaine ampleur avec l’avènement de la démocratie. Les résultats des votes sont truqués d’où une désaffection des électeurs.
Sondage en 2001: les Maliens rejettent un régime militaire à 70%
Pour analyser le cas malien à la lumière de cette dernière théorie, nous ferons appel aux résultats d’une série de sondages d’opinion effectuée dans un certain nombre de pays africains, dont le Mali, entre 1999 et 2003. La série est connue sous le nom de «Afro Baromètre». La plupart des Maliens pensent que la démocratie est préférable à tout autre système politique: 60% des personnes interrogées, en 2001; contre 71% des personnes interrogées en 2003.
La plupart des Maliens rejettent un régime militaire: 70%, en 2001; contre 65%, en 2003. La plupart des Maliens rejettent aussi un régime de parti unique: 73%, en 2001; contre 71%, en 2003. Ces chiffres suggèrent l’existence d’une forte demande de démocratie au sein de la population.