Ce qu’il faut retenir

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Si aucun d’entre eux n’obtenait la majorité absolue, un second tour était prévu le 11 août prochain. Ce premier tour s’est déroulé sous haute sécurité. Un nombre record d’observateurs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) se sont rendus sur place pour veiller au bon déroulement des opérations. Côté militaire, 6 300 casques bleus, appuyés par les 3 200 soldats français toujours sur place, étaient chargés d’assurer la sécurité.

 

Modibo et sa femme

Modibo Sidibé et sa femme Sidibé Assétou Thiam ont voté à l’école du progrès de Faladié. Lui-même a voté dans le bureau N°12 et sa femme dans le bureau N°10. Après avoir accompli son devoir civique, il a déclaré qu’il «trouve que l’ambiance est très citoyenne». Et d’ajouter : «je pense que c’est un jour historique. C’est une victoire pour la démocratie. C’est une satisfaction pour notre pays, pour notre démocratie qui est en train de renaître pour l’ensemble de nos citoyens qui vont aujourd’hui exprimer leurs suffrages, et nous souhaitons vivement que ces suffrages soient sécurisés. Nous avons une pensée pour tous les autres Maliens qui ne pourront peut-être pas voté, pour une raison ou une autre. Mais, cela n’enlève en rien à la plénitude de leur citoyenneté. Ils sont Maliens, ils sont avec nous. Nous pensons à eux aujourd’hui ; nous pensons aussi à tous ces étrangers et alliés qui sont venus nous aider. Aujourd’hui, c’est une occasion de célébrer leur mémoire. Je pense que les Maliens doivent le faire dans l’ambiance citoyenne comme la campagne s’est passée dans le respect des uns et des autres».

 

 

Une affluence inégalée

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, jamais les Maliens ne se sont bousculés comme lors du scrutin de dimanche devant les bureaux de vote. Tous voulant accomplir leur devoir civique mais surtout doter le pays d’un nouveau président et d’institutions capables d’améliorer leurs conditions de vie, et trouver une solution définitive à la crise qu’a connue le pays ces derniers mois. Le 28 juillet 2013, très attendu, est arrivé dans une condition particulière. Les Maliens sont sortis massivement pour choisir leur président de la République. Une véritable marée humaine  vers les bureaux de vote, c’est ce que nous avons constaté dans les centres de vote. Il y a eu tout de même des difficultés qui ont émaillé ce scrutin, notamment les problèmes d’identification des bureaux de vote, le manque de matériel électoral, surtout les isoloirs et les urnes par endroit.

 

 

Les candidats confiants

Tous les candidats ont affiché leur confiance en issue du scrutin. «C’est un grand jour pour le Mali entier. C’est pourquoi les résultats des urnes doivent être respectés par tous ; les Maliens sont fatigués», a dit Modibo Sidibé.  «Seul le Mali sera gagnant pour oublier le cauchemar qu’il vient de vivre», a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta. «Il faut tourner la page et retourner dans le calme à des institutions républicaines», a estimé pour sa part Soumaïla Cissé.

 

 

Du jamais vu à Gao

De mémoire d’habitants de la Cité des Askia, jamais il n’y a eu cette affluence pour le vote.  Record d’affluence à Gao où les femmes ont été particulièrement nombreuses. La journée s’est passée sans souci majeur, même si plusieurs centaines de personnes n’ont pas pu voter, faute de trouver leur bureau, malgré l’aide des agents de la Céni. Les membres des bureaux de vote ont commencé le dépouillement dimanche soir, éclairés par des torches, dans cette ville sans électricité. Ici, c’est le préfet qui a fait tout le travail avec les autres administrateurs de la ville.

 

 

Louis Michel à Kidal

Le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, Louis Michel, s’est rendu en milieu de journée de dimanche à Kidal. Au cours de cette visite éclair, il a tenu à relativiser les lacunes observées pour l’instant au cours de ce scrutin : «Je voudrais quand même mettre l’accent sur le travail remarquable qui a été réalisé». Louis Michel a également remarqué que dans le cas de Kidal, une partie des difficultés administratives pouvait aussi s’expliquer du fait des importants mouvements de réfugiés dans la région. Dès son retour à Bamako, il a fait le point de sa visite à la clôture des bureaux de vote à l’Institut des jeunes aveugles (Ija) de Faladié. Il se dit satisfait du bon déroulement du scrutin.

 

 

Un non voyant

À Koutiala, capitale de la production de coton dans le sud du pays, les Maliens  étaient  au rendez-vous. Ici, même insuffisances que dans le reste du pays : certains électeurs, frustrés de ne pas trouver leur bureau de vote, finissent par se décourager. Un habitant explique qu’il a  croisé un aveugle qui en était déjà à son troisième centre, sans succès. «Même si je dois continuer toute la nuit comme cela, je veux faire mon choix !», a déclaré ce dernier.

 

 

Bureau fantôme en région parisienne 

En France, au Consulat de Bagnolet en région parisienne, c’était la cacophonie. À 8h du matin, aucun bureau n’avait ouvert. Si les Maliens de France, les plus chanceux, ont pu s’exprimer vers 9h30, beaucoup attendaient encore désespérément pour pouvoir s’exprimer en milieu de journée. Dans une ambiance électrique, des urnes et des isoloirs arrivaient encore au même moment. En début de journée, certains électeurs originaires de l’autre bout de la région parisienne ont appris qu’ils ne pourraient pas voter dans leur secteur. Les allers-retours se multiplient entre l’Ambassade et le Consulat, mais quelques-uns finissant par abandonner. Plusieurs bureaux à Créteil, à Paris ou encore à L’Haÿ-les-Roses n’ont pas ouvert. «Catastrophique», témoigne un jeune malien qui dénonce un scrutin «très, très mal organisé». Pagaille au Consulat général de Bagnolet en région parisienne !

 

 

Pas de vote pour les réfugiés

Au Burkina Faso, dans le camp de réfugiés de Saniogo, à trente kilomètres de la capitale, la confusion était totale. À la mi-journée, personne n’a pu voter. L’équipe de supervision était dépassée. Il faut deux conditions pour pouvoir voter : avoir sa carte d’électeur Nina et son nom sur la liste électorale. Rares sont les Maliens, ici, à répondre à ces exigences. Les équipes sur place ont tenté, sans résultat, de trouver une solution avec l’aide de l’Ambassade du Mali au Burkina Faso. Les réfugiés se disent particulièrement déçus.

 

 

Aya et son épouse

C’est aux environs de 13h00 dans le camp de Kati que le capitaine Amadou Haya Sanogo a voté, en compagnie de son épouse. Il était en tenue civile, un boubou bleu, avec sa canne. Il a refusé de dire pour qui il a voté, mais il rassure qu’il respectera le verdict des urnes. «Quel candidat, aujourd’hui, ne reprend pas les mots que nous avons utilisés en 2012 ? Tous les candidats confirment ce que j’ai dit. Je suis un capitaine heureux. Tous les candidats à l’élection présidentielle ont utilisé les mêmes mots que nous. Je suis comblé», se réjouit-il.

 

 

Une première en Afrique

Le Général Siaka Sangaré, Délégué général aux élections (Dge), intervenait sur Radio Klédu dans la mi-journée pour apporter des éclaircissements par rapport aux difficultés que les électeurs ont rencontrées. Pour lui, 10 jours avant le scrutin, les bureaux de vote étaient connus ; les noms étaient affichés devant les bureaux. En plus, il y a un système sur internet pour faciliter le travail. Le Général Sangaré se dit satisfait pour l’instant. «J’ai un grand sentiment de joie et de fierté, parce que les Maliens sont sortis massivement. C’est la première fois que je vois, dès les premières heures, les gens sortir massivement braver le soleil pour pouvoir voter». Il ajoutera qu’à part Haïti en 2010, aucun pays africain n’a réussi une telle affluence. «Ce sera le taux le plus élevé au Mali», a-t-il conclu.

 

 

Tombouctou en paix

À Tombouctou, l’affluence était conséquente. Pourtant, tout le monde n’a pas pu  voter. Constat d’échec dans cette ville, des électeurs n’ont pas  participé  au scrutin, car ils n’ont pas  trouvé  leur bureau. Le numéro de téléphone gratuit pour avoir des renseignements n’a pas été d’une grande aide : il a été totalement saturé. Signe positif : les habitants de Tombouctou se sont mobilisés en nombre.  Grappes humaines  qui ont émergé partout dans la ville où les familles se dirigeaient vers les bureaux de vote. À Tombouctou, le N°2 de la Minusma a assisté au déroulement du scrutin. Le tout s’est passé en paix, certifie l’imam de la grande mosquée de Tombouctou.

 

 

Kidal dans la peur

À Kidal, les électeurs n’étaient pas franchement au rendez-vous. Trois heures après le début du scrutin, la plupart des bureaux n’avaient enregistré qu’une quinzaine de votants. Les plus excentrés, dédiés aux populations nomades, attirent peu de monde. Le plus effervescent, où le Gouverneur a voté, est situé au cœur de la ville. Les assesseurs ne sont pas débordés : ils ont du temps pour expliquer la procédure de vote à chaque citoyen. Les délégués de la Céni qui surveillent le vote, sont désœuvrés. Les Casques bleus de la Minusma, eux, prennent leur mal en patience, sous la chaleur et le vent chaud du désert. Dès avant le début du vote, de nombreuses patrouilles des forces maliennes, onusiennes et françaises circulaient en ville. Quelques blindés légers ont été déployés à des carrefours.

 

Dioncounda a voté à Lafiabougou

Il était  9h30 quant le président de la République par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a voté dans le quartier de Lafiabougou, à l’ouest de Bamako. «Je pense que de mémoire de Malien, c’est le meilleur scrutin qu’on organise depuis 1960. J’ai voté pour le candidat qui m’a le plus convaincu», a-t-il déclaré.

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