Ainsi donc, notre très cher général président bien-aimé a drainé, sur les bords de la Seine, l’alpha et l’oméga de la Culture malienne, pour admirer l’exposition française sur ce peuple qui fascine tant : les Dogons. Depuis Marcel Griaule et Margaret Mead, en passant par Lamissa Tembely et Bilali Ongoïba, tout a été dit. L’exposition se déroule au Musée du Quai Branly, dédié aux « Arts Premiers » selon la seule volonté de Jacques-le-filou-Chirac, ancien président de Navarre et « grand ami » des Africains. Avant de découvrir une vertu aux Nègres, ce machin se nommait « Musée des arts primitifs ». Alors, par contorsion linguistique, les branleurs du Quai ont inventé « Arts Premiers » pour ne pas froisser davantage le Malien qui est, on le sait, un grand bébé !
Litote
Profitant d’ailleurs de son excellent séjour chez les anciens colonisateurs, notre très cher général président bien-aimé s’est laissé aller à quelques leçons de géopolitique et de realpolitik en expliquant aux Français la contradiction de célébrer avec faste la culture dogon tout en interdisant à leurs ressortissants de poser le gros orteil sur les falaises et les plateaux pour une prétendue affaire d’insécurité et de terrorisme. Ben Laden est pourtant très loin de Sangha et l’émir Droukdal ne s’aventurera jamais à Banani. Et comme ATT ne s’arrête jamais au verre à moitié plein, il a enchaîné avec cette trouvaille de son répertoire certainement para-commando : « Si vous ne venez pas voir les Dogons, les Dogons viendront à vous ! » Nous enverrons un courrier amical à qui de droit pour savoir ce que signifie cette mise en garde.
Tour de contrôle
Le milieu des transports est assez petit dans ce Mali et personne d’informé n’ignore l’animosité légendaire qui règne entre le ministre Hamed Diane Séméga et Mme Sanogo Téné Issabéré, Directeur Général de l’Agence nationale de l’aviation civile. Les langues fourchues de Bamako disent d’ailleurs que Mme Sanogo n’avait pas une dent pointue contre son ministre mais que la guerre était plutôt entre elle et le Segal, Malick Alhousseny Maïga. Finalement, au conseil des ministres du 14 juillet, Mme Issabéré a été défénestrée au profit de l’ingénieur des constructions civiles Hady Niang. Option en sait un peu sur le nouveau promu et ses sympathies mais ce n’est pas le moment de le cueillir à froid. Le grand-frère Jokèlè nous demande de tenir compte du mois de ramadan qui arrive et d’être moins sauvage. Dire que Téné Issabéré était en pleine réunion du Conseil d’administration des Aéroports du Mal quand ce coup de poignard dans le dos lui a été infligé… Malheur aux vaincus !
Ravec
Cette histoire de RAVEC finira par emporter un esprit sain direct au Cabanon de l’Hôpital du Point G, au plus précisément chez les toqués du pavillon Faran Samaké. Nous avons dépassé la Tour de Babel. Tenez-vous bien, plus de 32 partis politiques, la société civile et les partenaires au développement veulent le fichier RAVEC pour les élections de 2012 parce que le fichier Race est pourri. Le ministre de l’administration territoriale dit qu’il ne sera jamais prêt pour avril 2012 et qu’il faut améliorer le Race. La Délégation générale aux élections dormait au gaz et son patron réglait les problèmes de la Guinée. Et en pleine polémique, Télé Bozola diffuse une réclame dans laquelle le même Kafougouna Koné dit que le RAVEC servira d’instrument fiable aux futures élections. Qui se paie la tronche de qui ?
La fille d’ATT
Le week end dernier, il y avait un mariage à Garantiguibougou, dans une famille de parvenus où on aime rouler des mécaniques et invoquer les relations très haut placées à travers le Mali et l’Europe. C’est en pleine réjouissances qu’une dame a semé l’émoi en déclarant être… la fille d’ATT. Elle exigeait, en retour, rien moins que le respect et la considération dus à un rejeton de président. Une griotte pas très polie, agacée par les caprices de la vedette, a osé l’affronter en se présentant comme une … amie intime de Lobbo. « Alors, de quel ATT es-tu la fille ? Je vais appeler Lobbo tout de suite pour lui demander ! » menaça la griotte qui brandissait son téléphone cellulaire. Et la fille d’un président de la République de disparaître sous les quolibets au guidon d’une… Jakarta ! Qui se souvient avoir vu Mabo et Fanta sur moto, même quand le paternelle tirait le diable par la queue ?
Ramadan sucré
Le ramadan approche à grandes enjambées, au grand dam de la secte des cafres d’Option qui regorge de malades souffrant d’estomac, de diabète ou de fatigue générale, seulement un mois par an. Le grand frère Jokèle qui n’a jamais mis le front par terre se frotte les mains et jure qu’il ne regrette rien vu le comportement de certains commerçants qui se disent musulmans. Ils n’hésitent pas à vivre d’usure et de haram pendant ce mois sacré et béni. Au moins, pour ce ramadan, nous avons une ministre pas très grande mais féroce, une certaine Niamoto Bâ Sangaré qui nous jure qu’il n’y aura aucune pénurie. Elle a visité d’ailleurs l’usine de Sukala où 10 500 tonnes sont stockées comme réserve de sécurité. Et tous les importateurs de Bamako jurent que leurs magasins sont pleins. Il ne reste plus qu’à croire ce Gouvernement enfin capable de quelque chose.
Compte zéro
Lors du dernier Conseil des ministres, le Gouvernement a confirmé la nouvelle qui avait déjà été amplement diffusée : il va remettre tous les compteurs à zéro dans l’enseignement supérieur pour répartir du bon pied à la rentrée 2011-2012. Toutes les résidences universitaires sont fermées et un colonel a été nommé à la tête du Centre national des œuvres universitaires. Ce qu’on appelle péremptoirement « Université de Bamako » sera scindé en quatre universités en plus de celle qui est en train de pousser à Ségou. Il paraît que le souci premier est de redorer l’image de l’enseignement supérieur, d’offrir une formation de qualité et de permettre une innovation dans un climat de sécurité et de sérieux. Pour le moment, personne n’ose spéculer sur le sort de l’AEEM dont les membres, dans certaines facs, viennent maintenant avec des pistolets au flanc ! Ou ceux qui, dix ans après le bac, sont en année de licence…
Zéro remboursement
Le Gouvernement continue de jouer au plus futé avec les syndicats dont les membres veulent quitter l’Assurance maladie obligatoire. Les instances étatiques ont fait distribuer des fiches de non-adhésion ou désaffiliation que les frondeurs ont gaiement remplies. Les matheux ont pris leur stylo pour calculer le montant qui doit leur être remboursé. Et pourtant, malgré la promesse ferme d’ATT et le communiqué du ministre responsable du dossier, les coupures continuent sur les salaires et on organise des « campagnes d’information. » Il y a une dizaine de jours, à Kalaban « Adeken », on a fait venir des policiers et des gardes en masse pour surveiller une de ces assemblées. Il n’y a pas eu de bagarres mais les intervenants ont dit leur manière de penser. Pas gentil et nous ne reproduirons pas cela dans un journal. A la rentrée d’octobre, les enseignants jurent que tout sera réglé. De gré ou de remboursement forcé…
Progrès
Depuis le temps que l’on glose sur les capacités du très puissant Bakary Togola à phosphorer dans la langue officielle, le bonhomme fait des progrès. Le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCAM) quatrième vice-calife du parti PDES et « cultivateur émérite » accorde maintenant de courtes interviewes en français à Télé Bozola chaque fois qu’il en a l’occasion. Il semble d’ailleurs avoir divorcé d’avec le bamanan classique de Niamala. Est-ce pour cette raison que certains persifleurs pensent que le grand paysan au destin exceptionnel pourrait bien briguer la présidence ? Quand Hamed Diane Séméga et Jeamille Bittar auront fini de se neutraliser et Ahmed Sow déclaré « poids coq » ? Bon, on sait que Maribatrou Diaby avait plus de consistance que certains politiciens. Voyons ce que le Togola a dans les tripes pour présider l’Union africaine ou la CEDEAO.
Le fantôme de Ben Laden
Il parait que depuis sa disparition, Oussama Ben Laden hante de plus en plus fréquemment les nuits de certains amerloques de New York et Washington. Un journal du pays de l’Oncle Sam rapporte que les psychologues et psychiatres font face à des individus qui leur racontent sans arrêt avoir vu Ben Laden (ou son fantôme) rôder à tel endroit ou une voix venue d’outre-tombe, du même gars, menacer l’Amérique des pires calamités. Les commandos des forces spéciales américaines qui disent avoir trouvé plein de cassettes pornos dans le bunker du Saoudien n’ont voulu faire, pour le moment, aucun commentaire, après visionnement complètes des bandes scélérates. On ne sait toujours pas si les actrices portaient la burqa ou la djellaba et si les acteurs avaient une kalach’ à la place de mister Jack. On sait seulement que George W. Bush a décliné un petit rôle de guest star.
Moto
A propos d’ailleurs d’Afganistan et de Ben Laden, personne ne se soucie aujourd’hui du sort du mollah borgne, Omar, le chef incontesté des Talibans jusqu’au début 2002. Entre parenthèses, Option est particulièrement intéressé par la moto du mollah. Vous vous souvenez, celle que les Américains avaient décrite comme le moyen de déplacement préféré du fondamentaliste et que ni avions ni radars n’arrivaient à retracer. Si Option tient particulièrement à retrouver cette moto, c’est parce qu’un de nos amis avait un ami à Ségou du nom de Ya Kokè, un génie de la mécanique, particulièrement défavorisé par la nature sur le plan esthétique. Et cet homme avait le don de traficoter des engins imbattables. Nous voulons la moto juste pour en faire un fond de commerce et rentabiliser certaines de nos activités pas très halal. Si vous avez compris, sinon, laissez tomber.
Sud Soudan
Notre bouffeur émérite de haricot, le journaliste Adam Thiam, a le don des recherches pertinentes. Il nous a appris, le jour de l’indépendance du Sud Soudan, que ce nouveau pays possède soixante kilomètres de routes goudronnées, quarante mille soldats, 33 chars. Il n’y a ni hôpital, ni université ni infrastructures de base dignes de ce nom. Mais voilà un peuple gavé de pétrole sur lequel se ruent des centaines « d’investisseurs ». Et surtout voilà des gens qui viennent de fuir le cancer pour se réfugier dans le Sida. Ces gens ne tarderont pas à regretter leur indépendance quand ils verront les « héros » d’aujourd’hui devenir les tyrans dès demain. Qu’ils se renseignent un peu du côté de l’Erythrée et ils comprendront. Les héros africains ont la fâcheuse habitude de devenir des zéros, de leur vivant.
Calcul cruel
La grande-sœur Haby Dia est revenue de ses vacances décidée à concurrencer le Bamanan Jokèlè Diarra sur le terrain de la méchanceté. Et sa trouvaille nous en a bouché un coin : « Imaginez seulement que Dionconda Traoré, président de l’ADEMA, gagne la présidentielle de 2012. Avez-vous pensé à ce que sera notre sort dans la sous-région ? Abdoulaye Wade du Sénégal aura 86 cornes de cerf, Alpha Condé de la Guinée aura 75 piges et Dioncounda Traoré du Mali aura 72 hivernages. A trois, ces présidents des trois pays auront ensemble 233 ans ! Et cela, dans des pays où les moins de 20 ans constituent plus de 65% de la population. Est-ce une malédiction ou le signe que l’Afrique est entrée dans le règne du quatrième âge ? » Nous ne pensons rien de tout cela et d’ailleurs, c’est la démocratie qui apporte tous ces calculs effrontés.
Le messager
En parlant encore de Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale et de l’ADEMA, il vient d’expédier à Niamey, un vice-président de son parti et de l’Assemblée, Assarid Ag Imbarcawane « porteur d’un message de solidarité et de fraternité à son homologue du Niger ». Non, ça c’est la phraséologie officielle qui le dit. En vérité, il paraît que le candidat « naturel le plus chanceux » de la Ruche est en train de tâter le terrain pour se bâtir un petit matelas d’appuis dans la perspective des joutes de 2012. Assarid qui a fait le beau à Niamey a été pompeusement reçu par tout le monde et la télévision du Sahel lui a consacré des commentaires élogieux. On ne sait juste pas si c’est l’ADEMA ou l’Assemblée nationale qui a payé les frais de déplacement et de séjour.
Pour terminer la ronde des horreurs hebdomadaires, nous vous rappelons que Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, aussi appelée Mamie Makaï, paisible retraitée sortie de son sarcophage par notre très cher général président bien-aimé, vient de boucler ses cent jours à la primature. Trois mois et dix jours et toujours rien. Elle a eu des prières, des bénédictions, fait des tournées, sollicité de l’aide et tout et tout, mais nada, rien ne démarre. A part son beau sourire et sa douceur toute maternelle, il ne se passe rien. C’est exactement pour cela que nous militons pour le repos des retraités qui ont tout donné au pays. Ce n’est rien de méchant, juste un mouvement contre la torture infligée aux aînées. Wa salam !
La rédaction