Bulles : Professore Tamani

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O rage ! Ô désespoir ! Ô impuissance ennemie ! Que ne donnerait-on aux mânes des ancêtres pour faire taire Amadou Toumani Touré quand on a de la visite ? Notre très cher général président bien-aimé a encore sévi la semaine passée à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye et ce devant un parterre d’invités et d’auditeurs prestigieux. Pendant presque une heure, il s’est livré à une sociologie de comptoir sur l’irrédentisme au Nord avant de dire à son « promotionnaire » Bebel qu’après le 08 juin 2012, il pourrait bien y débarquer comme professeur car se considérant comme le militaire et politique malien ayant accumulé le plus d’expérience sur la question. Ah, le soldat de la paix, le temps de la sagesse et du silence doré est arrivé. Fi sabi lillah !

 

Les roupilleurs

Le 19 juillet, le Premier ministre stagiaire, Mariam K., alias Mamie Makaï alias « faites des prières pour moi » alias « je vous demande des bénédictions », a tenu un conseil de cabinet pour faire le suivi de tous les dossiers en instance auprès du Gouvernement. Il paraît qu’il y en avait environ 162 et un taux de réalisation estimé à 60% et on appelle ça une satisfaction totale dans le jardon administratif. La rencontre aurait duré quatre heures d’horloge, preuve du sérieux selon certains ministres. A Option, notre œil inquisiteur a eu la clé de répartition des quatre heures : une heure de prières ; une heure de wird ; une heure de bénédictions et une heure de sieste. Il ne  faut quand même pas harceler le troisième âge !

 

Corbillardaire

Toujours dans le registre Mamie Makaï, nous avons été ravis d’apprendre qu’elle a répondu à une requête de ses voisins et zines de Sokorodji qui l’avaient sollicité pour… un corbillard. N’écoutant que son cœur de bienfaitrice de l’humanité, elle a acheté le véhicule flambant neuf pour le remettre aux sages de la Mosquée. Il y a eu des discours, quelques filets de larmes, des prières et des bénédictions. Les bénéficiaires ont promis de faire… bon usage du véhicule. Ce qui, honnêtement, pose problème. La seule utilité d’un corbillard c’est de conduire les gens là où, conscients, ils n’accepteront jamais d’aller se reposer. Peut-on faire mauvais usage d’un corbillard ? En tout cas, pas pour braquer une banque ou suggérer que le troisième âge doit aller plus vite… Non, astafourlaye. Nous n’avons rien dit.

 

Pandorites

Le 21 juillet 2011, le monde des pandores maliens s’est enrichi de 254 nouveaux sous-officiers. Ainsi donc, après les 895 poulets de la semaine dernière, ce sont les gendarmes qui viennent s’ajouter à l’effectif de la « lutte contre l’insécurité » selon la phraséologie consacrée. Les nouveaux éléments de la maréchaussée ont choisi le chef d’escadron, feu Ibrahim Alwalo Maïga comme parrain. Un cadre qu’ATT dit avoir connu comme d’ailleurs tous les Maliens qui ont fréquenté Mopti au milieu des années 70. On a vu plein de galonnés s’exhiber devant les écrans et des tonnes de barrettes et d’étoiles flotter en l’air. Il paraît d’ailleurs que c’est une gendarmette qui est sortie deuxième de la promotion. C’est bien de croire qu’enfin, dans une gendarmerie, quand une gendarme rit, toutes les gendarmes rient y compris les mâles…

 

DSK d’école

Décidément, les affaires de fesses collent à la braguette de DSK comme le super Glu à la vieille jante d’une Jakarta. Après les démêlées new yorkaises de l’ex-patron du Fonds monétaire international poursuivi par Nafissatou Diallo, c’est en France même qu’une certaine Tristane Banon qui évoque une affaire de viol depuis 2003 ose enfin sortir de l’ombre et causer devant les limiers locaux. L’affaire se corse encore plus quand on apprend que Dominique Strauss-Kahn s’est livré à quelques séances de culbutes avec… la mère de Tristaneet que c’est la vieille qui dissuadait fifille de déposer plainte. Enfin, qu’est-ce qu’il a entre les cuisses ce DSK ? L’a-t-il circoncis dans un hammam en Tunisie, au milieu de gonzesses au chaleur ?

 

Deux côtes perdues

Un ami d’Option ne tarit d’éloges sur la qualité humoristique du sketch humoristique « Le mariage de Décothey ». En effet, le comédien multi face et multi talent ivoirien a ravi son public en jouant le rôle de la mariée avec Amélie Wabéhi dans le rôle du marié. Décothey est le président d’un Club célèbre en Côte d’Ivoire, celui des mecs à doter et exigeant d’être entièrement pris en charge par les femmes dans le cadre d’ailleurs de l’émancipation et de l’égalité. C’est le genre que la culture populaire appelait « gigolos » avant l’arrivée du politiquement correct. On dit que beaucoup de dames et demoiselles qui riaient dans la salle riaient plutôt jaune parce que pour Décothey, il n’y a plus de femmes amoureuses en Afrique, il n’y a que des profiteuses et des manipulatrices. Et certaines vérités transpercent le cœur !

 

Corruption Basham

Il fut un temps où le jeunesse malienne se régalait des films indiens, surtout quand l’acteur principal était un preux chevalier du nom d’Amitaab Bacham ou Don (ne faites pas attention à l’orthographe, c’est approximatif). Un as de la lutte contre la corruption et la magouille foncière à l’écran. Malheureusement, la fiction a dépassé aujourd’hui la réalité au pays du Mahatma Gandhi. Plus de 47% des Indiens disent verser régulièrement des pots-de-tandoori à des fonctionnaires corrompus et un seul ministre, dans une histoire de licence de téléphonie aurait piqué 20 000 milliards de francs CFA au Gouvernement ! Un chef yogi a lancé la lutte armée contre la corruption et un autre promet de tuer les voleurs. Haré Krishna, s’il vous plaît, ce sont des pères et mères de famille !

 

Black out

Nous venons d’apprendre, avec douleur, que malgré le battage médiatique et tout, seulement 30% des Maliens ont droit à l’électricité. A l’indépendance, il y a cinquante ans, nous étions seulement 2% de privilégiés. Les statistiques disent qu’à Bamako intra muros, au moins le quart des citadins n’a aucun contact avec la lumière source de vie. Au chapitre de l’électrification rurale, seuls 6% de nos compatriotes sont heureux de pouvoir appuyer sur des interrupteurs. Et pendant ce temps, ceux qui travaillent à l’AMADER font partie des fonctionnaires les plus heureux et les plus riches du Mali. Et c’est par pure jalousie que les gens osent les critiquer.

 

Bye monument !

C’est presque officiel aujourd’hui, il reste juste le communiqué d’enterrement : l’idée d’un Monument de l’indépendance dans le lit du fleuve Niger est en train de virer à l’eau de boudin. On raconte que plus de deux milliards de francs CFA ont été engloutis dans cette saga saugrenue et que notre très cher général président bien-aimé a été roulé dans le parachute du début à la fin. Il ne reste pas un sou dans la caisse, le financement n’est pas assuré, le maître d’ouvrage délégué n’est au courant de nada et personne, dans le sillage de l’ex-ministre Salamata Gakou ne connaît toute l’histoire. Maigre consolation : au moins le Djoliba ne sera pas massacré tout de suite !

 

Général d’été

Le chef d’état major des bidasses maliens, le général de division Gabriel Poudiougou, profite de l’été pour effectuer sa première virée européenne, accrochée à la cravate azur de Soumeylou Boubeye Maïga, le ministre des Affaires étrangères. Lors d’une rencontre à Bruxelles, capitale politique et stratégique de l’Europe, Gab’ von Falaises, a rencontré des galonnés de tous les pays européens pour leur exposer la stratégie militaire malienne contre les AQMI, bandits, Bahanga, trafiquants de drogue et tutti quanti. Il a profité de l’occasion pour réclamer des aides militaires (logistiques et matériels sophistiqués). On dit que Gab était tellement heureux de se retrouver dans ce milieu qu’il a failli commander un plat de moutarde pour se remonter le moral. Billali Sonta de Djenné dit que c’est typiquement dogon. Toujours en train de dire des méchancetés, ces cousins…

 

Arbitres ibères

On peut dire que la confiance règne dans le milieu du football malien. Pour siffler la finale de la coupe du Mali, samedi dernier, les amis de Hammadoun K. Cissé ont fait venir des arbitres espagnols. On essaie d’ailleurs de minimiser cette incongruité en disant que c’est devenu un usage maintenant dans le monde du ballon rond et que ce genre d’initiatives contribue à fortifier les relations entre fédérations. Personne n’a osé dire que la Fédération malienne de football a peur d’un énorme scandale tellement les arbitres locaux n’inspirent pas confiance aux supporters, surtout des petites équipes face aux « grands » qui ne gagnent d’ailleurs rien en Afrique. Il est cruel, ce petit monde de losers…

 

Hivernage aérien

Cette année, à part quelques endroits isolés du Mali, l’hivernage s’est tardivement installé partout ailleurs. Nous sommes fin juillet et les semis se poursuivent dans certaines localités. Le divin et devin ministre de l’Agriculture, Agatham Ag Alassane demande de ne pas s’affoler. Selon lui, la météo est formelle : il continuera à pleuvoir jusqu’en novembre. Nous assistons à un déplacement naturel du temps de l’hivernage. Une mauvaise langue d’Option de profiter de l’occasion pour demander ce que fait le petit avion providentiel qui provoque la pluie où on veut, quand on veut et comme on veut. Affirmation inexacte d’ailleurs car l’aéronef ne décolle que dans des conditions précises. Au finish, pourquoi se tracasser pour tout cela. Selon les stratèges de Koulouba, tant que Amadou est là, il y aura de la pluie. Bénédiction assurée par Sékou Ahmadou du Macina. Alors, il pleuvra et nous ne serons point des Somaliens.

 

Dormir au bazooka

A peine six mois et quelques jours, et le professeur Alpha Condé apprend à vivre à la dure, en tant que président de la République de Guinée. Au petit matin du 19 juillet, alors qu’Option était livrée aux lecteurs, la résidence Condé était livrée à des soudards qui l’ont attaquée à coups de mortiers, roquettes, mitrailleurs et lance-flammes. Une heure quarante de déluge de feu sur une maison en béton pas plus bunker que la piaule de jeunesse d’Idrissa Soumahoro, notre « ancien combattant ». Résultat : d’impressionnants dégâts matériels et un élément de la garde présidentielle tué. Les assaillants sont en train d’être capturés un à un, comme des poulets. Depuis le temps de Sékou Touré, Jokèlè Diarra ne cesse de répéter que le cas de la Guinée est perdu. Ils ne veulent même pas essayer la démocratie !

 

Calendes bamakoises

La dernière date connue pour le vote du Code des personnes et de la famille était le 23 juin dernier. Les députés ont refusé de le faire malgré le consensus en le renvoyant à une date ultérieure. On dit maintenant que le calendrier législatif est tellement serré que le texte consensuel ne pourra être inséré nulle part. Raison pour laquelle une langue fourchue de l’Hémicycle rappelle que Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, ne prendra plus jamais la responsabilité de se mettre encore en avant. Des arguments qu’un de ses proches dément : le président n’a peur de rien. Il fera voter le Code dès que les conditions le permettront. Tout est dit et les conditions ne seront probablement jamais réunies.

 

Option du venin

Cinq lecteurs un tantinet toqués ont envoyé des emails pour se plaindre sur le ton suivant : depuis le début des vacances, les Bulles d’Option ont perdu du venin ou des crocs, ou des c. en tout cas quelque chose. Il y a d’ailleurs un qui demande si du « miel » est arrivé de Koulouba pour nous adoucir et un autre « une bonne enveloppe ». Enfin, un, moins zinzin, se demande si nous ne commençons pas à dormir. Option est une maison de verre : si vous trouvez que les Bulles sont plus courtes et moins saignantes actuellement, c’est que le Bulleur en chef le plus méchant est simplement malade et en manque d’inspiration. Ne vous inquiétez pas, dès qu’il recevra sa potion magique, il vous reviendra plus vache que jamais. Amicalement bien sûr. En attendant, ne boudez pas votre plaisir. Le jour où Option prendra du « miel » ou des sous, par respect pour vous, nous fermerons boutique.

 

La rédaction

 

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