Décidément, tout fout le camp au Mali. Quand il y a émeutes, les flics sont appelés en renfort pour rétablir l’ordre, mais quand ce sont les poulets eux-mêmes qui provoquent la bagarre, il ne reste que l’armée comme dernière chance. Le 1ier mai, les keufs de Siméon Keïta, farouchement opposés à l’Assurance maladie obligatoire, ont fait passer un mauvais quart d’heure à un gars de l’UNTM ami de l’autre poulet revendicateur et ami de Siaka Diakité, Tidiane Coulibaly. Le tout s’est terminé par un bonhomme en sous-vêtement qui vociférait face aux personnalités présentes. Le général Sadio Gassama a promis de sévir mais, au Mali, ce genre de menaces n’effraie même plus les volatiles. Nous, on préfère les poulets bicyclettes au bout de nos fourchettes !
Le colonel de Kidal
Une des revendications non négociable du belliqueux Ibrahim Ag Bahanga était la démilitarisation de son patelin. Il ne voulait plus voir d’autorité en treillis sur ses rochers et son sable de Kidal. Il y a donc eu le gouverneur Alhamdou Ag Illiène qui dit maintenant « alhamdoulilah » dans son consulat doré de Khartoum au Soudan, puis Yaya I. Dolo, tous deux administrateurs civils « de classe exceptionnelle », ajoute-t-on souvent pour gonfler l’ego. Et, on dirait que notre très cher général président bien-aimé a oublié que les désirs de Bahanga sont des ordres et ses ordres, des lois. Il vient de nommer le colonel Salif Koné, gouverneur du désert en remplacement du cousin de Touareg. On appelle cette manière d’agir de la « provocation impardonnable ». Ce qui suivra sera de la seule responsabilité du responsable suprême.
Planques
S’agissant d’ailleurs de colonels, notre très cher général président bien-aimé continue à se gratter encore les rares cheveux sur la tête pour trouver le moyen de caser la centaine qui bulle encore dans nos casernes. Ils sont nommés gouverneurs, préfets, consuls, attachés de défense dans les ambassades, hauts fonctionnaires de défense dans les ministères, directeurs de quelques projets mais rien à faire, il en pousse encore sans arrêt. Même le select club des généraux commence à ressembler à une association de prêcheurs allant à la Mecque. Le président ATT ne pourra jamais trouver un fromage à tout le monde. Et Option, toujours disponible et prêt à produire des idées de trouver la solution : et si ATT provoquait une guerre, une toute petite guerre avec un voisin que nous sommes sûrs de battre ? Il pourra alors envoyer à la retraite tout ce beau monde avec la mention : « ancien combattant ».
New look
Habitué toujours a paraître à la télévision en costard de classe ou en chemise select, Hamed Diane Séméga a changé de look. Il est subitement devenu un adepte de djellaba avec un keffieh sur la tête. Ce n’est plus seulement les vendredis. Paradoxalement, on constate la même tendance chez son rival, le transporteur de casseroles et ancien trafiquant d’alcool Jeamille Bittar. Nous n’osons pas penser que la rivalité a atteint également le port vestimentaire et la bataille pour le contrôle total du PDES, le summun de la férocité. Nous avons demandé l’avis de l’amie d’Option et ex-fan du ministre Hamane Niang qui a résumé l’affaire : « Le costume est une culture étrangère tandis que le boubou fait partie de nous. Un politicien ambitieux doit montrer qu’il est bien dans sa peau en s’habillant comme un homme malien normal. C’est tout ». Bon, on fait avec l’analyse qu’on peut trouver.
Mère de famille
Notre très cher général président bien-aimé a le don de provoquer les mots et de trouver les formules que lui seul peut détecter. Il a nommé Mariam Kaïdama pour s’occuper des dossiers les plus urgents du Mali. Curieusement, dans les commentaires suivants sa lettre de cadrage, il a abordé la question de l’école malienne, réduite à présent à une usine qui fabrique des illettrés et des analphabètes. Et là, il a demandé à son fusible de traiter le problème comme « une mère de famille ». Comme Premier ministre, pense-t-il qu’elle a déjà échoué ? Et le regard de la patronne du Gouvernement pendant la lecture du document, l’expression du visage, en disait long sur sa capacité d’action à propos du sujet. Elle n’a pas les ressources pour provoquer la renaissance de l’école malienne et ATT non plus. C’est triste à dire, mais là est la vérité.
Fauteuil fantôme
Un mois que le grand vizir Sidiki N’Fa Konaté est parti, mais le fauteuil de Directeur Général de Télé Bozola reste désespérément vide. Chaque mercredi, la machine à rumeur fait le plein de carburant et c’est reparti… pour zéro. La liste des candidats est aussi longue que l’insignifiance de la tâche. Mais le poste est un piège. Patron de l’ORTM n’est pas une tâche facile. Il faut du tact, du doigté, un bon cœur bien accroché, des boîtes de cirage et de bonnes brosses à reluire pour s’installer là. Nous avions suggéré Mme Konaté Oumou Diata, personne ne nous a pris au sérieux. Alors, nous proposons Modi Soumano. Il a le bagout et le savoir-faire. Il paraît que des missiles l’ont déjà raté, donc il est immunisé. Parfait pour le travail…
Téléphone public
Un mouchard d’Option qui visitait une parenté de Koulouba est revenu au bureau l’indignation au bout des lèvres : « J’ai trouvé une dame dans un bureau qui parlait au téléphone, évidemment, le fixe qui lui est affecté. J’ai chronométré. Elle a blablaté pendant 43 minutes ! La dame placotait avec une amie sur des sujets de femmes, genre les bons marabouts et les bons féticheurs, son mari qui ne lui donne pas d’argent à distribuer aux griottes et autres balivernes. Je suis resté cloué dans mon fauteuil tant son insouciance m’a dérangé. Mais qui paie donc pour ce genre de gaspillage ? » Le Trésor public, pardi ! On dit au Mali que c’est du « Faso nafolo » et dans notre mentalité, c’est de l’argent qui n’appartient à personne, il tombe du ciel !
Le ministricule
David Sagara, dans le nouvel attelage gouvernemental, est ministre planton chargé de la Décentralisation. Il est le sous-fifre du général Kafougouna Koné qui le laisse régler les mesquineries en provenance des maires et des conseillers de cercle ou région. Pour sa grande apparition médiatique, l’éctoplasmique ministre a reçu des… fascicules sur la décentralisation, en présence, bien sûr, des lentilles de Télé Bozola. Les documents ont été apportés par Enda tiers-monde qui, en partenariat avec d’autres groupuscules, veulent contribuer au progrès de l’humanité en aidant les collectivités locales à faire plus de lecture. David Sagara est bien parti pour comprendre la décentralisation : il peut commencer la livraison du courrier aux 703 communes et il a 13 mois pour y arriver. Avec le soutien du peuple malien…
Le vrai PM
L’activisme débordant de Soumeylou Boubeye Maïga commence déjà à provoquer de la jalousie chez certains incurables maliens. Le ministre des Affaires étrangères vient de boucler une tournée en Algérie, en Mauritanie et au Niger. Il a été reçu par les roitelets du coin. Puis, il a accordé une interview au prestigieux quotidien du soir, le Monde. Auparavant, il avait accueilli le gotha de la diplomatie étrangère au Mali. Alors, l’aigri de se demander : « Est-ce que SBM n’est pas le vrai Premier ministre de ce Gouvernement tant il écrase Makaï par sa prégnance ? ». SBM est trop racé pour faire de l’ombre à sa patronne. Et Kaïdama est trop fatiguée pour vadrouiller en avion. Elle n’a pas fini de prendre les bénédictions des soufis et elle garde les pieds dans son bureau. Les jaloux vont souffrir.
Ambassadeur des sables
Un autre aigri nous demande des nouvelles d’un certain Souleymane Koné, ambassadeur du Mali en Mauritanie et ancien conseiller au ministère de l’Intégration africaine. « Il était juste planté à droite de Soumeylou Boubeye Maïga pendant la visite de ce dernier à Nouakchott. Pourtant, je viens de passer trois mois sur les dunes et j’ai tenté en vain d’avoir une audience avec son excellence. Il était toujours indisponible ou en mission. Que fait-il là-bas exactement ? » Monsieur l’ambassadeur boit du thé et admire les sourakas du coin. C’est déjà tout un programme.
Va AMO
Toute la machine de Télé Bozola est mobilisée pour convaincre les récalcitrants et sceptiques que l’AMO (Assurance maladie obligatoire) est la trouvaille du millénaire. Grâce à la volonté du président de la République et du Gouvernement, la machine fonctionne à merveille, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Les caméras traquent les bénéficiaires dans les centres de santé et hôpitaux pour vérifier que ce n’est pas une arnaque de plus. En présence des preneurs d’image, tout est parfait, les bénéficiaires, ravis, en demandent plus. Sans doute. Au Mali, ça commence toujours bien, c’est après que le sel gâte la sauce. Pour les couacs et scandales, rendez-vous dans trois ans !
Médicaments présidentiels
Lors d’une cérémonie solennelle à Koulouba, notre très cher général président bien-aimé a distribué symbolique des cartes AMO à des bénéficiaires triés sur le volet (on ne voulait pas de têtes brulées) et a reçu la sienne. Prenant la parole à l’improviste, il a autorisé ceux qui n’en veulent pas à s’exclure tout en réaffirmant que l’initiative est l’idée du siècle. Puis, dans son enthousiasme, il a dit qu’en cas de maladie chez lui, il payait de sa poche ses médicaments, ceux de son épouse ou de sens enfants. Sourires dans la salle. Le chef a causé, personne n’ose s’objecter, et aucun facétieux n’a osé lui demander le prix de vente d’un antipaludéen à la pharmacie. Notre chef de l’Etat est un homme tellement entier que ses paroles dépassent souvent sa pensée. On appelle ça : distraction officielle !
Bouchon primatoriale
Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé a bouclé son premier mois à la primature. Les Maliens n’ont rien vu de concret de sa part, comme décision. Mais les automobilistes de la rive droite sentent les effets collatéraux de sa nomination. Le circulation est déjà infernale sur le pont Fahd en semaine, maintenant, tous les matins, le trafic est carrément bloqué pour permettre au cortège du Premier ministre de filer à toute vitesse. Et les mauvaises langues disent qu’elle ne travaille pas également fort. Souvent, à 16 h, son escorte est déjà en route pour la ramener dans le nid. Nous trouvons les braillards trop mesquins. Un PM peut bien se permettre quelques privilèges.
Foot ivre
Un confrère rapporte qu’après le match de demi-finale de la ligue des champions ayant opposé le Réal de Madrid au FC Barcelone, deux ivrognes férus de football ont terminé leur discussion à coups de couteau au flanc. Un des protagonistes, mécontent des railleries de son ami « barcelonais » a coupé court au débat en lui envoyant un coup de canif rageur. Dire que le Mali s’est fait chicoter deux fois en demi-finales de coupe d’Afrique par quatre à zéro et les bars sont restés pleins et sereins… C’est vraiment un manque total de patriotisme que l’on constate chez certains citoyens.
Le retour du 320
L’article 320 du Code pénal populaire et accéléré avait démontré toute son efficacité au lendemain de la chute du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991. Dès qu’un malfrat était attrapé, on le corrigeait puis, avec un litre d’essence et une boîte d’allumettes, on l’expédiait dans l’autre monde. Les voleurs, criminels, avaient quasiment disparu de Bamako et ceux qui vivaient sous des toits en toiles pouvaient profiter de l’air frais de la nuit. Et cette histoire de démocratie et de droits de l’homme est venue tout gâter. Maintenant, les bandits sont mieux traités que leurs victimes qu’ils narguent sans arrêt. Les habitants de Lafiabougou proche du terrain « Chaba » ont renoué, la semaine passée, avec la bonne vieille méthode. Ils ont fait cramer un criminel voleur de moto et assassin. La crémation a eu lieu sur la rue, en présence de nombreux témoins heureux de cette justice populaire expédititve. Hélas ! Quand l’Etat démissionne, la population se fait justice.
Burqa Arlines
Ainsi donc, les Américains, à travers les redoutables Navy Seals, ont planifié et exécuté avec maestria une opération commando qui a envoyé ad patres le chef terroriste Ossama Ben Laden. Alors que les Delta, SAS et Forces spéciales se promenaient dans les grottes de Tora Bora à la recherche du Saoudien, ce dernier se la coulait douce tranquillement dans un merveilleux château au Pakistan. Selon la version officielle, le corps de Ben Laden, après avoir perdu quelques morceaux pour cause d’analyses ADN a été embarqué en avion avant d’être largué en mer d’Oman. Selon les investigations d’Option, la compagnie aérienne qui a effectué le vol funèbre se nomme Mollah Airlines et les hôtesses portaient des Burqa avec l’inscription « dead now » !
Question existentielle
Le grand-frère Jokèle qui mène toujours des investigations bizarres sur différents sujets a enquêté sur l’assaut de la Team Six des Navy Seals contre le château sans eau ni électricité ni téléphone de Ben Laden. Selon lui, si l’opération a duré quarante minutes, c’est que le commando ne savait pas laquelle des deux épouses abritait chez jour l’illustre homme. « Ils ne sont pas musulmans et ne pouvaient pas prévoir qu’un polygame migre d’un lit à l’autre ». Alors, quand ils ont fait irruption dans la première chambre, point d’Ossama. Ils n’ont trouvé qu’un portrait de George Bush déguisé en travesti. Puis, dans la deuxième, Ossama s’apprêtait juste à changer de côté sur le lit quand il a été surpris. Il a juste eu le temps de dire : « Amarika ? » avant de mourir. Jokèlè pense qu’ils auraient dû avoir la décence de le laisser au moins mourir en érection. Astafourlagh !