Toute la journée du mardi 31 août, la rumeur a couru dans Bamako : le ministre des mouroirs nationaux, Oumar Ibrahim Touré, aurait été mis aux arrêts dans l’affaire du Fonds mondial de lutte contre le paludisme. Information erronée, évidemment. Mais, au rythme où vont les choses avec l’embastillement d’une dizaine de fonctionnaires et de commerçants véreux qui ont volé des centaines de millions, OIT est plus proche du lycée technique que de la présidence de l’URD. Les langues fourchues de conclure que les kalwas du marabout de Soumaïla Cissé ont fonctionné. Au fond, pourquoi envoyer OIT au gnouf ? On devrait juste l’obliger à soigner ses ambitions à Gabriel Touré. Pas sûr qu’il en sortira avec ses membres au complet.
Haram free shop
Le bruit court à Bamako à l’effet que des bouchers malhonnêtes abattent clandestinement des ânes, chiens et chats errants pour ensuite mêler leur chair à celle des bœufs ou béliers légalement ou frauduleusement égorgés. On raconte que les vétérinaires sont au courant mais qu’il y a un court-circuit dans leur cerveau de fonctionnaires qui les empêchent de réfléchir aux moyens d’éradiquer le fléau. Il semble que beaucoup de personnes ont dégusté des steaks de bourrique et n’y ont vu que du hi han. Pour le moment, aucun client du Vérificateur général n’a été condamné à en faire usage. Seul le peuple braie sa douleur et la caravane passe.
Les paras d’ATT
A peine deux semaines avant le 22 septembre et les galonnés du régiment para-commando de Djicoroni se font rassurants. Les hommes qu’ils largueront devant les invités du monde entier atterriront bien devant la tribune présidentielle et non dans le canal de Djafarana. Il paraît qu’ils sont en train de trier pour trouver la crème des sauts. « En priant pour que le temps ne fasse pas des caprices le grand jour ! » nuance un officier, les épaules surchargées de galons. Pardon, chef : on ne veut aucune excuse. Surtout pas une histoire de vent qui a envoyé un para dans le fleuve !
Kassoum Qui ?
Il y a un farceur qui envoie des milliers de mails en se présentant comme suit : « Son Excellence Kassoum Coulibaly, Cinquième président de la République du Mali. Guide de la renaissance africaine ». S’ensuit un blabla quasi enfantin dans lequel Monsieur sombre dans la mégalomanie et se retrouve envahi d’une douleur narcissique presque pathétique. On aurait pu rire de tant de confabulations si le plouc ne se prenait pas au sérieux. Hélas, la suite de son texte démontre qu’il se croit sincèrement investi d’une mission messianique, salvatrice et rédemptrice. Et c’est là que son soliloque devient franchement décourageant .
Tea party
C’est devenu une obsession : mais où est donc passé le stock de thé du ministre Ahmed Diané Séméga ? A-t-il oublié les principes de la zakat et sifflé tout seul une commande payée 11 millions de francs CFA ? Le ramadan tire à sa fin et malgré nos suppliques et invocations, l’équipementier national n’a encore organisé aucune opération de distribution aux accrocs des trois normaux. Fi sabi lillahi, Ahmed, ne nous laissez pas endurer ces atroces migraines, donnez un peu de thé et que Dieu vous récompense demain avec le nectar de l’arbre de Zakum !
Tram No Way
C’est avec le folklore et le tintamarre habituels qu’on nous avait annoncé la mise en route d’un tramway à Bamako. La cohorte des culottes trouées avait suivi immédiatement en félicitant le « bâtisseur », en l’occurrence notre très cher général président bien-aimé. L’équipementier national amateur de thé et patron du PDES pérorait devant une « maquette », ce genre de fumisterie dont les Maliens sont devenus des experts. On allait voir ce qu’on allait voir, c’est-à-dire nada ! A présent que le ballon s’est dégonflé, tout le monde se tient coi. Un ex-ministre qui prétendait avoir trouvé le financement fouille encore les recoins de sa poche. A défaut de tram, Option peut trouver les sous pour un funiculaire Koulouba-Sénou. Juste pour éviter au général président bien-aimé tous ces mots qui sortent de la bouche des gens quand ils sont bloqués par les cortèges présidentiels.
Logo Sabot ciré
C’est à la faveur des fêtes du Cinquantenaire devenue aussi la plus grande opération de cirage de pompes du Mali que des milliers de citoyens ont découvert la bourgade de Logo Sabouciré, perdu dans les fonds de Kayes. C’est là qu’a eu lieu la première bataille des troupes coloniales contre les indigènes. Occasion pour notre très cher général président bien-aimé de narrer, dans son français toujours approximatif, qu’il est … un descendant de sang d’un colonel du roitelet qui fit face aux tirailleurs sénégalais et au lieutenant toubab qui les commandait. Partout où il passe au Mali, ATT, général cinq étoiles, révèle des liens de parenté avec les autochtones, et les gens du bled sont fiers. Et nous, nous comprenons enfin la raison pour laquelle ses thuriféraires racontent qu’ATT est un messie cosmo planétaire. Au passage, le roitelet local est mort noyé. Hasbounalaye !
Haï Dara lalala
Le prêcheur Chérif Ousmane Madani Wilibali Bilabali Haïdara (ouf !) a le don de gâcher les fêtes auxquelles il est invité. Reçu par une famille aisée de Bamako qui voulait le fêter, le chef des Ançardines et Atakbireurs du Mali a dit, d’un ton sec : « Si quelqu’un a pour vices ou passions le vol, le mensonge, la magouille, la tricherie, l’adultère, la fornication, la médisance ou la calomnie, il peut cesser de prier et jeûner, il peut se tourner vers l’idolâtrie puisqu’il est pire qu’un païen, c’est un hypocrite et Dieu hait les hypocrites ! Nous sommes devenus un pays de faux dévots et d’hypocrites ! » Tout cela dans le salon de quelqu’un qui a fait la prison pour détournement de fonds publics et vit sur du haram depuis le début de sa carrière. Voilà une histoire de corde dans la maison d’un pendu. Atakbir !
Adios Mastère !
La nouvelle a quasiment été étouffée dans ce Mali qui adore humilier ses enfants les plus méritants. Louis Bastide, ancien président de la Cour suprême, magistrat d’une race supérieure à une certaine racaille qui déshonore Thémis, s’en est allé à la suite d’une longue maladie. Bastide était le président de la Section administrative de la même cour quand il a eu le courage d’affronter Moussa Traoré au sommet de sa puissance, en annulant des décrets odieux pris pour radier de la fonction publique trois syndicalistes dont Youssouf Ganaba, puis de la magistrature Manassa Danioko, coupable d’insubordination. Louis Bastide enseignait le contentieux administratif aux futurs magistrats. Il est de la dernière génération de ceux qui avaient fait la fierté de ce corps. Alors, on rend les honneurs avec discrétion et pudeur, surtout pour éviter de froisser ceux qui traînent un kilomètre de souillure dans leur sillage. Nos hommages, grand maître du Droit !
Beverly Nara Hills
Il y a une dame du gouvernement qui fait actuellement un tabac à Nara. Les jaloux et aigris qui colportent des rumeurs sur son dos racontent que la ministre a financé des projets dans lesquels les membres de sa famille, généralement des illettrés et des vauriens, roulent en 4X4 et empochent des millions sur le dos des Blancs. Les Maliens sont vraiment des niengos incorrigibles. Ils ont juste à attendre la sortie de Mme du gouvernement. On vous jure que voir des anciens riches manger des poisons-chats fumés alias Tiècouroulé est un régal pour la plèbe. Leur chute sera plus rapide que leur ascension. Seul le mérite dure dans le temps et produit de doux fruits. Patience, les envieux !
Fermer les cimetières
Les spéculateurs fonciers ont l’imagination débordante et rien ne peut effrayer cette mafia malienne. Nos antennes pointées sur les bedaines arrondies des marchands de terre nous rapportent que les prochaines cibles de cette nouvelle bourgeoisie du vol et du blanchiment d’argent sont les terres appartenant aux chemins de fer. Ils n’attendent que la prochaine mort de Transrail pour dépecer les lots et se les refiler entre eux. A ce rythme, comme le disait un célèbre prêcheur, ils iront déterrer les morts des cimetières pour construire des maisons de passe.
Ndiaye Bah bah bah
Après une éclipse de quelques semaines pour, probablement, mieux profiter du stock de thé de son patron Séméga du PDES, le ministre des hôtels (y compris ceux gérés par les Chinois) refait surface. Et comment ! Il annonce qu’un hôtel de classe intercontinentale sera prêt à Bamako pour le 22 septembre. C’est promis juré et craché. C’est un vrai hôtel, ancienne propriété du loufoque Babani Sissoko et actuel bien de la famille du tonitruant Kadhafi, bédouin de Tripoli. Le deuxième vice-fakir de Séméga sait désormais quoi faire quand Mountaga Tall aura sa tête : Maître d’hôtel du Guide éclairé ! On vous jure que c’est mieux payé qu’un ministre malien et en plus, aucun haram ne circule dans vos intestins.
Les derniers jours de Modibo
Les experts pinailleurs en politique malienne ont repris du service et leur jeu favori : faire des pronostics sur le congédiement de Modibo Sidibé après les bacchanales du 22 septembre 2010. On raconte même qu’il prendra ses distances des mesquineries quotidiennes de la primature pour prendre la direction de l’ADEMA et du fauteuil de Dioncounda Traoré. Ce dernier ne la trouve pas drôle mais serait prêt à courber l’échine si ATT insiste trop fort. Pourquoi sont-ils si pressés de renvoyer le général de police ? Il sait si bien mépriser ses ministres et faire changer de couleur à Mariam Flantiè Cellulaire Diallo.
G.I. Joke
Des coopérants militaires américains ont formé 163 soldats et officiers maliens dans la région de Kidal. On raconte que ces 163 chanceux formeront à leur tour d’autres maliens qui seront spécialisés dans la traque des terroristes et narco trafiquants. Un capitaine yankee, dans la meilleure tradition de vantardise, de phosphorer sur les techniques enseignées aux descendants de tire ailleurs et ici : les tirs de précision, les embuscades, la topographie, le ratissage, etc. Bon, puisqu’ils si forts, nous allons les écouter, en espérant que ce n’est pas ainsi qu’ils ont perdu la guerre la guerre du Viêtnam, sont en train de fuir l’Irak et s’embourbent en Afghanistan. Disons de c’est dire d’écouter les conseils de celui qui ne gagne pas avec ses propres recettes.
LA MAGOUILLE POUR DES BROUTILLES
Le Mali est devenu un pays dans lequel la magouille ne s’encombre même plus de décence. Dimanche le 05 septembre, pendant la finale de la Coupe du Mali de basket, Orange Mali distribuait des ballons et t-shirts. Un collaborateur d’Option a demandé deux vulgaires ballons pour ses fillettes qui l’accompagnaient. Et, non, les distributeurs de ces breloques choisissaient les personnes à qui donner. Il fallait être quelqu’un ou quelqu’un de quelqu’un. Un certain Salif Telly, gonflé comme …, et présenté comme boss à Orange n’a même pas daigné répondre au journaliste qui lui parlait. Ainsi va ce pays.
Bon, enfin, puisque certains lecteurs nous trouvent « méchants », nous allons finir le ramadan en beauté et finesse, et gentillesse : notre très cher général président bien-aimé, ATT a décidé de prolonger de trois ans la limite d’âge pour la retraite des très hauts fonctionnaires. Il avait offert une fleur d’un an aux militaires. On est heureux de savoir que les fonctionnaires travailleront enfin, trois ans sur 40, on n’a perdu que 37 ans.
La Rédaction