Jamais appendice n’a fait autant jaser dans les cases et villas cossues de Bamako : Mais pourquoi donc notre très cher général président bien-aimé traînait-il la jambe gauche au cours de ses déplacements tout au long des festivités du 22 septembre et jours suivants ?
Les hypothèses fusent alors : ATT serait sérieusement malade ; ATT souffre du retour d’une vieille blessure de parachutiste ; ou carrément, il y a une plaie avec gangrène sur cette jambe. Quant à nous, nous revenons à une Option plus simple : ce n’est pas parce qu’on est président qu’on est épargné par les petits bobos de la vie et le gilet pare-balles de
30 kg qu’il portait ces jours n’a rien arrangé.
Les généraux de Bamako
Les fins connaisseurs des dossiers militaires du Mali ont remarqué que parmi la trentaine de nouveaux colonels et généraux promus, aucun ne se trouve sur le théâtre des opérations au Nord, ou pire pour certains, ils n’ont jamais tiré un coup de feu dans un champ de… maïs. Le colonel El Hadj Ag Gamou qui dirige le front sur le terrain n’aura aucune étoile et le colonel Minkoro Kané qui a sauvé l’honneur du Mali au Liberia il y a environ dix ans, n’avance que maintenant. Par contre, les militaires et policiers bamakois qui ont la maison, le bureau et le domicile climatisés égrènent des étoiles. On comprend pourquoi le général Grant a écrasé le général Lee. Et l’amiral Villeneuve s’est fait tailler une croupière par l’amiral Nelson.
Au pas, en désordre !
Un vieux compagnon du capitaine Dibi Sillas Diarra, nostalgique des Jeep et des bivouacs, soldat à la retraite que nous appelons affectueusement « Tonton » souffre de fièvre subite. Il n’arrête pas de se plaindre du défilé du 22 septembre : « Fiston, tu me connais. Je suis un militaire, un vrai, pas un vulgaire trouffion pistonné et incapable. Je suis entré dans l’armée, engagé volontaire parce que mon pays, c’est ma liberté, mon honneur et ma fierté. Quand j’ai vu le défilé militaire du 22 septembre, je suis tombé malade. Aucune énergie, aucune motivation, aucune âme militaire. Ils n’arrivaient même pas à serrer les rangs, ces soldats et faire vibrer le sol. Ils sont incapables de faire la marche prussienne, parce que c’est trop dur » conclut-il, amer. Au fond, les « défileurs » pensaient probablement à la fin de Bismarck… et au comptoir du mess le soir. Ajouté à cela, les peridem.
Gabelou anonyme
On vous l’a dit : Télé Bozola est tout une école de journalisme. Le reportage consacré (par la boîte du grand vizir Sidiki Konaté) aux 50 ans des douanes maliennes est une anthologie d’amateurisme. L’homme qui a bénéficié de la plus longue interview, une encyclopédie vivante des gabelous, n’a jamais été identifié clairement. Pourtant, il s’agit de Moussa Diakité, ancien DG du service et successeur de Sambala Sissoko. On se souvient que M. Diakité a fait la prison dans l’affaire CEAO. Il a purgé sa peine, payé sa dette à la société et ne doit plus rien à personne. Alors, pourquoi l’interviewer et ne pas l’identifier. Option le fait et gratuitement, sans connaître Moussa Diakité ni d’Adam ni d’Eve. Juste pour les jeunes… wallahi ! Vive l’Histoire racontée. La vraie, celle qui n’est point écorchée !!!
Bon pour exister
Le sieur Ahmed Diane Séméga a enfin obtenu son récépissé. Non, pas pour le stock de thé valant 11 millions et facturé au Trésor public, mais pour son parti PDES. Selon nos antennes pointées sur les rares cheveux de son lieutenant Jeamille Bittar, des facétieux envisagent la création d’une Association malienne de buveurs indécrottables de thé et souhaitent offrir à l’Equipementier et transporteur national la présidence d’honneur. Tous les stocks arrivant dans les ports seront récupérés et convoyés par Bittar Transcasseroles S.A. Et le grand-frère Jokèle Diarra qui n’abandonne jamais un morceau nous jure qu’il prendra sa carte de membre et ira aux meetings avec… une théière dorée. Ina dillahi…
Mi speaker inglaish
L’AMPPF, une pompe à fric chargé de convaincre les Maliens d’être moins actifs sur le lit et de pondre mieux soin des moussaillons, a organisé un raout médiatique dénommé, tendance anglaise oblige, « Youth to Youth » que l’on peut traduire par « de jeune à jeune » ou « intimité jeunesse » etc. Le reporter de Télé Bozola installé ou envoyé à Sikasso, un certain Oumar Maïga, nous apprend qu’il s’agit de « Youte tou Youte ». Bon, les reporters de Bamako ont un problème de français, on ne s’acharnera pas sur le broussard. Mais, nous supposons qu’un journaliste a, au moins, fréquenté l’Université. Cela suppose qu’il a appris l’anglais de la 7ième à la terminale. Bon, au fond, quelle importance, l’essentiel c’est de diffuser dans le monde l’anglais malien…
Croire ou pas, that’s Allah
Les Maliennes et les Maliens seraient musulmans à 95% et chrétiens à 3%, le reste étant nos cousins Kanté et Dakouo que nous pouvons ne pas compter. Les citoyens le proclament a hue et dia. Et dans la pratique ? Ainsi, les subites de Chéché Dramé et Mangala Camara. Pour Chéché, chapelet en main, certains jurent que ce n’est pas un fait d’Allah mais la faute d’une jalouse qui aurait les moyens d’expédier ad patres ses rivales. Idem pour Mangala qui serait victime d’un missile invisible. Le Prophète a dit qu’être musulman, c’est se résoudre à accepter que la vie appartient à Dieu et que nul ne peut vous atteindre sans la Volonté Expresse d’Allah. Est-ce vraiment si dur à avaler ?
Lux mea laxisme
Les Université sérieuses du monde ont l’habitude de proclamer cette devise : Lux mea lex. « La lumière est ma loi ». Toutefois, à Bamako, les « universitaires » ont décidé que leur loi, c’est le laxisme. Ainsi, pour échapper au très rigoureux concours d’agrégation du CAMES, nos « professeurs » émérites ont forcé le Gouvernement à créer une « voie malienne » d’avancement. C’est un machin qui, semble-t-il, a été baptisé Commission nationale d’établissement des listes d’aptitude (CNELA) qui statue sur la capacité intellectuelle de nos crânes d’œuf. Ainsi, on est entre soi, en bonne compagnie et le résultat donne 59% d’admis. En toute médiocrité et autosatisfaction. Pourquoi pas ? Après tout, la Guinée de Sékou Touré formait plus « d’ingénieurs » par an que les Etats-Unis, avec des ménagères, boulangers, tailleurs et gardiens de prison comme membres du jury. Pourquoi se plaindre ?
Bill Bang !
Le maire de la Commune V de Bamako, Boubacar Bah, alias Bill, en Conseil communal a invité les élus à la prudence et à la confidentialité parce que tout ce qui se dit en séance finit par sortir dans la presse. Dommage pour Bill qu’on ne fouette pas les scribouillards pour lèse-édile. En rappel, selon la loi, les séances du Conseil communal sont publiques. Mais Bill signe ses correspondances avec la mention « économiste », pas juriste. Tellement fort en économie qu’il a dilapidé 79 millions de francs de ses concitoyens dans une « Opération spéciale » d’assainissement qui s’est avérée une superbe opération de fumisterie municipale. La magouille n’aime pas la publicité.
Chauve qui peut
Il se raconte que, par les temps qui courent, il n’est pas prudent de se mettre en travers du chemin de Jeamille Bittar. L’ex-vendeur d’essence de San est en passe de détrôner l’ex-vendeur de poisson Aliou Tomota au chapitre des citoyens encombrants. Devenu président de la Chambre de Commerce, du Conseil économique etc. et vice-président du parti PDES, il serait aujourd’hui l’homme le plus puissant du Mali. Par sa richesse, son ostentation et son appétit gargantuesque. Il veut tout s’offrir. Un de ses amis dit que son but ultime est de monter à Koulouba. Pour remplacer ATT ou décrocher le marché de cirage des pompes ?
L’Alpha et le Moussa
L’ancien dictateur sanguinaire, Moussa Traoré himself, passe aujourd’hui, selon ses hagiographes, pour un saint. Dieu s’occupera de ce détail. En attendant, pour les affaires terrestres, le tresseur de couronne d’enfer, se pose une question simple : Pourquoi est-il ostensiblement boudé par Alpha Oumar Konaré ? Il estime pourtant n’avoir jamais fait de mal à l’archéologue de Titibougou qui fut son ministre aussi. Moussa doit prendre de la hauteur et éviter ces mesquineries : ATT ne lui refuse rien, pourquoi courir derrière un has been comme lui ? Et un waliyou n’a rien à faire d’un raconteur d’histoires.
Bouga Bouga Brouhaha
Le fils de Moussa Traoré, Cheik Bougadary, premier de la lignée héréditaire Mariam Sissoko, brasse beaucoup d’air ces temps-ci. Il joue donc avec un bidule dénommé CARE et, apparemment, dispose d’un petit matelas financier pour « spiner » son image dans les médias maliens et Internet. Il paraît, racontent les langues fourchues, que l’hominidé sebetounsis traorerinsis malianicus vampirius est « beau, jeune, éloquent et structuré ». Pati chahana (pas Takiou !), s’il a tous ces atouts en plus des gênes du dictateur entêté et de l’ancien combattant, les politiciens auront chaud. Mais le bonhomme a déclaré sur Africa 24 qu’il n’a pas demandé à Allah Soubhana Wa Ta’ALA d’être le fils de Moussa. Ouf, les Maliens sont sauvés !
Visser le clapet
C’est un ATT éreinté et las, épuisé par une interminable journée qui arrive, le soir, à une autre manifestation « dans le cadre du Cinquantenaire » comme on le sérine tous les jours. Un de ses ministres prend la parole et se met à phosphorer sur le poulailler, la poule, le coq qui l’a engrossée, les œufs et les poussins. Après avoir pouffé de soupir plusieurs fois et bâillé une fois, le général regarde le ciel et dit à un de ses gardes, ignorant qu’un homme de média est tout proche : « Va-t-il enfin fermer sa gueule pour qu’on inaugure ce truc ? » Son interlocuteur répond par un sourire gêné et notre chef d’ajouter : « J’ai trouvé seul l’argent pour bâtir ce truc, il ne sait même pas d’où vient le magot et il raconte n’importe quoi, ce…» Le tout en bambara avec la traduction gratuite de notre belliqueux Jokèle Diarra.
Remarques capitales
L’amie d’Option et fan du ministre Hamane Niang est en passe de voir la kola débarquer chez elle pour en finir avec le célibat. Et cela ne la rend pas sage. Elle nous signale, en pleurs, que le Premier Ministre Modibo Sidibé est retombé en amour avec son atroce veste jaune à carreaux, une relique ministérielle des années Alpha. « C’est franchement déprimant » soupire-t-elle. Elle s’inquiète également pour Mme Diallo Madeleine Bâ, ministre du cheptel mourant de Kidal et du poisson fumé de Mopti : « On dirait que ces derniers temps, elle vieillit trop vite ! » A Option, nous avons comme devise de ne jamais nous attarder à l’esthétique de la femme d’autrui. Al haram, a ouzou billahi, la illa ha, astafourglah, alhamdoulilalhi, wa salam et pardonnez-nous chers lecteurs, car nous ne savons pas ce que nous faisons.
Remarques capitales
A la cérémonie d’ouverture de l’atelier de la DNAC au Palais de la culture, les applaudissements fusaient après l’intervention du ministre de la culture. Dans la foule, seul un homme d’un certain âge (la soixantaine largement dépassée) n’applaudissait pas. Son camarade d’à côté, lui demanda pourquoi il n’applaudit pas comme les autres. Visiblement exténué, le vieil homme de laisser entendre « ça fait plus de 50 ans, je n’ai fait que ça. Sans résultat probant. Alors, depuis le 1ier janvier 2010, j’ai décidé de ne plus applaudir. Je fais plutôt le singe. Comme ça ». Et l’homme de porter les mains à ses oreilles, d’exhiber large sa langue et de faire brrrrrrrr. Son interlocuteur de camarade tout éberlué, n’en croyait point ses yeux. Serait-ce arrivé pour les maliens d’arrêter d’applaudir à tout vent. ? cela ne déplairait point à Jokèlè Diarra.
La rédaction