Bulles : L’urticaire du colonel

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Le 21 juillet, vers 10h 30 au rond-point dit de la Bougie, un colonel de l’armée malienne a piqué une colère aussi verte que son treillis en voyant une dame, soldat de la garde nationale en tenue, assise sur sa Jakarta, la moitié du derrière qui salue la ville de Bamako et la chemise entrouverte (soulevée par le vent) qui laissait surplomber ses seins. Il a coincé la dame sur l’accotement avant de l’admonester : « Vous êtes une honte pour l’armée ! On recrute n’importe qui n’importe comment et voilà le résultat. Où se trouve votre ceinturon ? Si je vous revois habillée ainsi, je vous mets du piment… » Astafourlaye ! On ne comprend pas : Avec la chaleur qui sévit à Bamako, pourquoi une soldate n’aurait pas le droit d’aérer son arrière-train ? En plus, sa paire était grosse et belle…

 

ATT freine Ahmed Sow

Nos antennes pointées en direction de Koulouba nous apprennent que notre très cher général président bien-aimé, ATT, a opéré un virage totale quelques jours avant le congrès des fidèles clients du Vérificateur général et de la CASCA, animateurs du PDES. Alors que le chef avait donné sa bénédiction à une intronisation de son « petit frère » Ahmed Sow, il a ensuite changé d’avis dans le genre « Dogo, tiens-toi à l’écart de ça !» Aucune explication n’a filtré sur les raisons de cette volte-face mais on chuchote que le boss réserve son « petit frère » pour des missions plus utiles. Des confidences du président à certains leaders de partis politiques laissent croire qu’ATT a beaucoup refroidi son ardeur envers ses encombrants amis. Est-ce en raison des casseroles que traînent plusieurs parmi eux ? Est-ce que cela explique la vengeance d’Ahmed Diané Séméga qui n’a pas prononcé le nom de Lobbo pendant le congrès ?

 

Le Politburo du PDES

Le nouveau groupe politique des amis de notre très cher général président bien-aimé, le PDES (Parti pour le développement économique et la solidarité) a un Bureau qui compte 127 membres. En faisant le décompte et les croisements, plus de 75% des cooptés d’Ahmed Diané Séméga sont des clients assidus soit du Vérificateur général soit de la CASCA à partir par le boss du parti en personne. Les mauvaises langues de Bamako disent que le procureur du pool anti-corruption, Siombé Théra, était attendu, en vain ! Commentaire d’une mauvaise langue : Le PDES a ranimé au Mali le Politburo du Soviet Suprême et Sombé ne travaille pas les samedis. Une mauvaise de conclure que de toutes les manières, les 127 membres réels de ce parti ont tous été casés.

 

Le vuvuzela de Me Tall

Venu par courtoisie répondre à l’invitation des créateurs du PDES, Me Mountaga Tall, patron du CNID/FYT s’est retrouvé assis aux côtés de son ennemi intime, l’ex-Secrétaire général démissionnaire du parti. En plus de cet inconfort qui le contraignait à sentir l’haleine de Ndiaye Bah, Me Tall s’est vu gratifier d’un vuvuzela. On ne sait pas si le geste était innocent ou prémédité mais Mountaga n’a pas apprécié la plaisanterie. Il a laissé l’encombrant et bruyant instrument sur sa chaise avant de se tailler sans avertir. Les organisateurs du PDES ont, disons, l’humour pesant. Si c’est une manière de dire à Me Tall qu’il ferait un bon ambassadeur en Afrique du Sud, c’est raté.

 

Tout pour se faire voir

On vous l’avait dit dans une précédente parution, le ministre de l’Environnement et de l’assainissement Tiémoko Sangaré trouve qu’on ne parle pas assez de lui et de son microscopique département. Télé Bozola est bien sûr à sa disposition, mais à part la caste intéressée à faire du narcissisme, les Bamakois ne captent la passion du service public que pour Top Etoiles, une émission que les politiciens consensuels n’ont pas encore réussi à parasiter. Tiémoko multiplie donc les cérémonies de ci et ça. La dernière en date est le lancement d’une campagne de reboisement de 100 000 hectares pour 2010 dans la forêt classée de Faya. Malheureusement pour lui, dans le même reportage, le journaliste assassine son initiative en racontant que le déboisement touche 500000 hectares par an au Mali. C’est ce qu’on appelle suer sous la pluie.

 

Guindo alias Poulo alias blablabla

Housseyni Amion Guindo alias Poulo, chef du parti CODEM et « étoile montante » de la politique à Sikasso et, paraît-il, au Mali, a un ego démesuré. Conscient de son « destin national » et de son aura jupitérienne, il martèle à qui veut l’entendre que l’avenir du Mali, c’est lui et ne se fera pas sans lui. Cependant, à trop parler, on finit par devenir brouillon et manquer de logique. A propos justement des futures échéances de 2012, il dit d’abord : « 2012, c’est Dieu qui sait ce qui va se passer et qui sera là » avant d’enchaîner, deux bafouillages  plus loin: « Nous serons là, présents en 2012 ». Il faut bien qu’il se branche et le meilleur moyen de se préparer pour cette date est d’abord de s’assurer auprès de Dieu qu’il sera là, ce qui n’est pas garanti, vu l’espérance de vie au Mali.

 

Super coupe ATT

Les « amis » de notre très cher général président bien-aimé ne chôment pas et toutes les occasions sont bonnes pour perpétuer la culture des louanges. Ils vont donc lancer, en cet hivernage ou seuls les fainéants ne travaillent pas, l’édition 2010 de la Super coupe ATT. Cette manifestation de football qui draine plus de monde que la finale de la Coupe du Mali se tiendra, cette fois-ci, à Gao. Il est prévu que le boss de Koulouba préside le duel final. Aux supporters et aux footballeurs, nous conseillons la prudence. Si l’on se souvient de la tragédie qui a accompagné l’inauguration du pont de Wabaria dans la même localité, personne ne devait accepter de faire partie d’un cortège. Il vaut mieux rester vivant sans voir ATT que de mourir pour un regard et une promesse. Il paraît d’ailleurs que les « commentateurs » assidus et pionniers de l’événement ne sont pas invités cette année.

 

L’agonie de la CMDT

Autrefois fleuron de l’économie nationale et première source de devises, l’or blanc malien n’attend plus que l’extrême onction. La production est passée de près de 600000 tonnes e coton dans les années 2000 à moins de 250000 en 2009. Les paysans ont abandonné la filière, écrasés par les dettes et le système de créances solidaires. Cela n’empêche pas le potentat des brousses, Bakary Togola, imposé par l’administration comme président de la Chambre d’agriculture, de phosphorer sur l’avenir de la filière. Au lieu d’aider les paysans à revivre de leur travail, il fait de la politique et raconte qu’il va recruter 3 millions de partisans pour le nouveau parti (PDES) dont il assure une des quarante mille vice-présidences. En 2007, il avait commis ce genre de fanfaronnades et au bout, dans l’ensemble du Mali, il n’y a pas eu 3 millions de votants.

 

Que faire d’OIT ?

Les proches de Soumaïla Cissé rapportent que le patron de la Commission de l’UEMOA cogite fort ces temps-ci sur les moyens et occasions propices pour étouffer le ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré. Devenu membre du Gouvernement de Modibo Sidibé par la grâce de Soumi, le « petit » montre des biceps et n’obéit plus aux injonctions de son parrain. On lui prête l’intention de faire main basse sur l’URD et de se présenter aux futures échéances. A défaut de contrôler le parti, nul n’ignore sa capacité de nuisance et il peut donc faire très mal au « candidat naturel » s’il n’est pas mis hors-circuit assez tôt. Vu le précédent Ndiaye Bah, il est inutile de demander sa défénestration à ATT. Alors, que faire ? On suggère humblement à Soumi d’envoyer son jeune rebelle se faire soigner à Gabriel Touré. S’il s’en sort, il n’y a plus qu’à s’en remettre à Allah.

 

Le sourire de Boubeye

Un amateur de psychologie politique a remarqué que tout au long des allocutions marquant le congrès constitutif du PDES, l’ancien ministre de la Défense et éminence grise de l’ADEMA, Soumeylou Boubeye Maïga, ne s’est pas départi de son sourire flegmatique. Interrogé sur le sens de cette jovialité en des moments aussi solennels, notre apprenti décrypteur  de suggérer : « Il pensait sûrement : Bienvenue en enfer, maintenant vous allez connaître la politique avec tout ce qu’elle a de sale et moche ! » Notre ami est trop pessimiste, il pensait seulement au stock de thé que Séméga allait lui remettre en guise de cadeau.

 

Modibo le cynique

Nos fantômes en errance dans les couloirs de la primature nous apprennent que le Premier ministre, Modibo Sidibé, était rarement tout sourire chaque fois qu’on lui parlait des enseignants du supérieur qui ont suspendu leur grève générale illimitée. Il n’a pas voulu commenter publiquement cette trêve mais un haut fonctionnaire qui le hante quotidiennement est sûr d’une chose : le PM est convaincu qu’avoir coupé les vivres aux grévistes a contribué à adoucir leurs positions et à ramener la sagesse dans les rangs du SNESUP. La prochaine fois que cette tactique ne marchera pas, espérons que le flic ne sortira pas le flingue.

 

L’arrogance du DG de Gabriel Touré

Le personnel du mouroir national appelé Hôpital Gabriel Touré n’en peut plus de ce qu’elle considère comme « l’arrogance » de leur Directeur général. Le Dr Abdoulaye Néné Coulibaly serait un tyran en croissance qui refuse de prêter attention aux doléances de ses employés et use d’un ton comminatoire pour la moindre peccadille. Et quand il pleut, la cour de ce « centre hospitalier universitaire » se transforme en mare où viennent séjourner crapauds, grenouilles et autres batraciens. Il ferait preuve d’un autoritarisme insupportable. Evidemment que la vie est belle. Le DG peut faire comme bon lui semble puisqu’il est assuré de ne jamais croiser une grosse huile du pays dans son établissement et il est membre du bureau du PDES. Les pauvres peuvent subir les magouilles et cruautés du personnel et le directeur dormir en paix.

 

Django au PDES ?

Tout au long du raout des « amis » d’ATT, de petits malins ont fait courir le bruit à l’effet que Diango Sissoko, Segal de la présidence et ancien ministre de Moussa Traoré allait incessamment rejoindre le PDES. Le haut fonctionnaire qui a rédigé un manuel de correspondance administrative à l’attention des nouveaux cadres (illettrés) de notre fonction publique est étranger à ce bruit et n’a mandaté personne pour parler à sa place. Django a compris qu’à son âge, ce genre de plaisanterie est dépassé.

 

Inflation de policiers

On se demande si le ministre de la Sécurité intérieure et le Directeur général de la police nationale ont des compétences en matière de gestion des ressources humaines. Alors que les populations vivent sous la peur des malfrats (le phénomène du banditisme a beaucoup baissé, il faut le reconnaître), on a compté, le 21 juillet dernier, 17 policiers au seul rond-point de la Colombe. Il y avait 5 pour régler la circulation, 2 pour contrôler la barrière qui interdit la voie sur le Camp para de Djicoroni, 7 devant le monument Modibo Kéita et 3 devant l’hôtel Salam. Ces dix derniers ne faisaient absolument rien, paressant sous les arbres, causant de tout et de rien. A quoi servent ces recrutements massifs suivis de sous utilisation alors que les dames ont toujours peur de se promener en plein jour avec un sac à main dans l’espace compris entre la grande mosquée et l’entrée de l’Assemblée nationale ?

 

Le regard de Mariam Flantiè

C’est une amie d’Option un peu mesquine et jalouse qui se plaint de Mariam Flantiè Diallo, ministre des téléphones portables et des journalistes : « Elle regarde les gens de haut, comme si elle avait envie de vomir. Je pense qu’elle est trop hautaine et n’aime pas beaucoup la vie sociale du Mali. » S’ensuit une longue diatribe sur les cheveux « frisés » non naturels de Mme, sa nonchalance et ses mots saccadés. A Option, nous n’avons rien contre la remplaçante de  Gaoussou. A 55 ans, elle paraît 15 ans de moins et contrairement à beaucoup d’autres hauts cadres, elle n’a pas la réputation de traîner de la saleté dans son port vestimentaire. Dieu sait que nous sommes sincères !

 

6% de réussite au Bac

Les autorités gabonaises de l’éducation ont décidé de mettre fin au laxisme et d’appliquer strictement les textes régissant le baccalauréat. On ne repêche plus des crétins avec parfois…6,5 de moyenne pour entrer à l’Université. Résultat immédiat du serrage de boulon : une véritable hécatombe avec un taux moyen d’admission au niveau national de 6% ! Appliquez ce même modèle au Mali avec de vrais sujets, il y aura au maximum un pour cent d’admis. L’éducation s’effrite en Afrique et les enfants des boss se mettent à l’abri en Occident. Ils reviendront gouverner les pauvres et c’est parti pour l’instauration d’une caste dirigeante héréditaire. C’est exactement ce que disait un ancien Premier ministre du Mali aux enseignants et élèves en grève. Il n’a pas été compris et c’est trop tard.

 

Soumi et 2012

Le patron et fondateur de l’URD préside la Commission de l’UEMOA depuis des lustres et son mandat se termine en 2011. Interrogé sur les intentions de Soumi, un ponte de  l’URD est catégorique : « Il dort en y pensant et se réveille avec 2012 en tête. Rien ne sera un obstacle pour lui et il est sûr d’être au rendez-vous.» Nous sommes juste un peu inquiets : Si Soumi ne pense au moelleux fauteuil de notre très cher général président bien-aimé qu’au dodo et au réveil, que fait-il de l’intervalle entre les deux ? On travaille le jour pour bien dormir ou on dort pour bien penser au lendemain. Dans tous les cas, le jour J arrive à grand pas et espérons que le Burkina gardera ses frontières ouvertes.

 

Le Vegal muselé ?

Dans notre dernière édition, nous conseillions au Vérificateur général de faire gaffe avec son rapport 2010 qui devait être remis à notre très cher général président bien-aimé, le 20 juillet. Depuis cette annonce, plus rien. Le rapport dort dans les bureaux de l’ACI, sous bonne garde et Sidi Sosso Diarra soupçonne Jimmy de la primature de faire obstacle. Puisque les rapports annuels du Vegal ne servent à rien et qu’il a déjà goûté au cachot, il devrait profiter de cette opportunité pour mettre au frigo son document. Tout le monde sera content et satisfait et ATT n’aura pas à se réveiller en pleine nuit pour le tirer des geôles.

 

La rédaction

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