Alpha, Mugabe et Issoufou

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Ce sont les trois présidents qui sont arrivés successivement. Arrivé le jeudi 14 mai 2015, Alpha Condé est le premier président à répondre présent à l’invitation d’IBK, pour prendre part à la cérémonie de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Il a été suivi par le président de l’Union africaine, Robert Mugabe. Le président du Zimbabwe est donc le 2ème chef d’Etat à atterrir à l’aéroport de Bamako-Sénou. Mahamadou Issoufou du Niger est le 3ème président arrivé le vendredi 15 mai 2015. Le Niger a un contingent très important au Mali, surtout dans la région de Gao, à Ansongo et Ménaka. Les soldats nigériens se sont bien sacrifiés pour le Mali, cela depuis l’éclatement de la crise. En tout cas, à l’aéroport de Bamako-Sénou, il y avait des colonies de ces différents pays, à part des Zimbabwéens. Mais les différentes communautés étaient présentes pour accueillir les différents chefs d’Etat et chefs de délégations venus pour la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.

Mariko chez Mugabe

Après les cérémonies protocolaires à l’aéroport de Bamako-Sénou, c’est à l’hôtel Salam de Bamako que le président de l’Union africaine a pris ses quartiers. Il était avec IBK dès son arrivée à l’Hôtel. C’est IBK lui-même qui lui a présenté Oumar Mariko. Ce dernier en avait auparavant fait la demande à IBK, d’être à l’accueil de Mugabe. IBK lui a proposé l’hôtel de son hôte pour la rencontre. C’est ainsi que Mariko y était. Selon IBK, Mariko est un sérieux. Le président du parti Sadi a alors pu échanger avec le président du Zimbabwe avant de lui offrir 6 pagnes imprimés à l’effigie du président Modibo Keïta, avec le slogan : «Saya Ka foussa ni maloyé [plutôt la mort que la honte]». Le docteur Oumar Mariko a surpris tout le monde, le protocole, les gardes du corps, parce qu’il avait bien géré son business avec IBK avant de venir à l’hôtel Salam. Ça a été un coup réussi car l’Ortm a montré les images comme si la scène s’était passée à l’aéroport. Sacré Mariko !

20 cartons d’invitation

20 cartons d’invitation, c’est ce qui a été donné par regroupement politique, d’organisations de la société civile et autres structures. Mais il se trouve que la majorité présidentielle a eu plus de 40 cartons. C’est seulement une vingtaine qui a été présentée aux partis membres de la majorité présidentielle. Ce qui a créé des problèmes car répartir 20 cartes pour 60 partis politiques, ce n’est pas facile. Le parti Sadi, qui est membre de la majorité présidentielle, n’a pas eu de carte d’invitation. C’est pourquoi son président Oumar Mariko n’était pas à la cérémonie. Au niveau de l’opposition, il n’y a pas eu de problème dans la gestion des cartons d’invitation. Certains partis politiques n’ont pas voulu aller à cette cérémonie comme les Fare, Pdes, Pids. Par contre, tout le Mali a vu Soumaïla Cissé à la télé, tout comme Tiébilé Dramé et Iba N’Diaye, lesquels ont passé tout leur temps à critiquer et demander le rejet de cet accord. Au niveau de la société civile, il y avait un problème. Même l’ancien Premier ministre Ag Hamani n’avait pas eu de carton d’invitation.

Les oubliés de Diop 

Pour la cérémonie de signature de l’accord pour la paix, il y avait un maître de cérémonie, notre confrère Diarrah Diakité. Il y en avait un autre qui voulait montrer à tout le monde que c’est lui le chef d’orchestre : le ministre Abdoulaye Diop. Au lieu de laisser le maître de cérémonie faire la présentation des personnalités, il s’est jeté à l’eau en mélangeant tout. C’est ainsi qu’il a oublié le président Faure du Togo, Pierre Buyaya, Cheik Aguibou Soumaré, président de la commission de l’Uemoa. Notre grand diplomate a créé un désordre dans l’ordre de présence. C’est regrettable pour celui qui se croit le meilleur ministre des Affaires étrangères du Mali. Diop doit descendre sur terre parce qu’avec cette cérémonie, les Maliens ont vu ses limites, son amateurisme, à vouloir tout centraliser à son seul niveau. Intervenant jusqu’au plus bas niveau alors qu’il a des hommes pour faire certaines choses. Il a fini par se faire découvrir de tous les Maliens, disons, de ceux qui ont fait leur affaire de la cérémonie de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali.

La presse ‘cantonnée’

Les journalistes de la presse nationale et internationale, du moins certains journalistes, ont suivi la cérémonie de signature de l’accord d’Alger à partir des écrans géants, au niveau de la salle de banquet du Cicb. Une disposition expérimentée par les organisateurs, car il y avait trop d’invités pour la grande salle Djéli Baba Sissoko. Dans un premier temps, les organisateurs avaient proposé de ‘cantonner’ la presse au niveau de la Maison de la presse. Il aurait ainsi mieux valu les laisser suivre cette cérémonie à partir de chez eux. Mais en écoutant les professionnels, les hommes du ministre Abdoulaye Diop ont compris que les Maliens ont l’habitude de ce genre d’événements. Cette cérémonie de signature n’était pas plus importante que le sommet Afrique/France que le Mali avait organisé, encore moins le sommet de la CENSAD. Finalement, les journalistes sont bien allés au Cicb, mais ils ont été cantonnés avant les combattants des groupes armés qui ont signé l’accord de paix.

Les présidents se retirent

Alassane Dramane Ouattara, Goodluck Jonathan, Mahamadou Issoufou, Alpha Condé, le président Faure Gnassimgbé sont les chefs d’Etat qui sont partis avant la fin de la cérémonie de signature de l’accord de paix. C’est le président ivoirien qui a ouvert le bal, suivi des autres. Le dernier à partir avant la fin de la cérémonie, c’est le Mauritanien Abdoul Aziz Ould Mohamed, qui s’est d’ailleurs adressé à l’assistance en Arabe. Une première pour lui au Mali. Alpha Condé a quant à lui demandé la réconciliation entre Alpha, IBK, Dioncounda et ATT. Il a salué la présence des présidents Dioncounda Traoré et Moussa Traoré à cette cérémonie, avant d’exprimer son souhait de voir prochainement les anciens présidents côté à côté dans les prochaines cérémonies similaires au Mali. Il a prôné la réconciliation entre ces anciens chefs d’Etat pour que l’ensemble du peuple malien se réconcilie avec lui-même. En tout cas, Alpha Condé a pris en compte le souhait des amis d’ATT qui souhaitent son retour au bercail.

L’hommage de Robert Mugabe à Modibo Kéita

Gabriel Robert Mugabe est le plus vieux du monde et d’Afrique. Il a  92 ans.  Ce pionnier de la lutte de libération du Zimbabwe est actuellement le président en exercice de l’Union africaine. Le vieux président tient bon encore, même s’il marche en s’appuyant sur son entourage. Il ne voulait pas rater le rendez-vous de Bamako. C’est ce que son entourage nous a confié. Pour bien préparer son discours de Bamako, il a fait recours à ses vieux bouquins et prises de notes. Son discours a d’ailleurs été l’un des temps forts de la cérémonie de signature. Rarement venu en Afrique de l’Ouest, Robert Mugabe n’a pas oublié son premier séjour dans notre sous-région, au Ghana, dans les années 1960. Cette époque est restée gravée dans sa mémoire, à cause des dirigeants qui avaient en charge les destinées du Ghana, du Mali et de la Guinée Conakry. Il s’agit de Kwamé Nkrumah, de Modibo Kéita et d’Ahmed Sékou Touré. Il a rappelé que ces trois leaders ont été des pères fondateurs de l’Union africaine. Il a notamment rendu hommage au père de l’indépendance du Mali, affirmant que le peuple du Mali peut être fier de Modibo Kéita, qui, avec ses collègues, faisait rayonner l’Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi, quand le président malien lui a adressé une invitation à prendre part à cette cérémonie de signature, il a tout de suite accepté de venir au Mali. Dans son intervention, il a prôné l’unité et la paix dans notre pays. Il a aussi invité les mouvements de la CMA à laisser les armes pour se mettre dans le processus de paix.

Accord mais pas la paix

Les autorités de Bamako ont trouvé la bonne parade pour endormir les citoyens en les faisant croire que l’accord réglerait tous les problèmes du Mali. Mais le Mali est malade, oui, parce qu’il y a la guerre au nord, mais plus encore par la faute de ses hauts responsables qui détournent impunément les ressources publiques et sans être inquiétés. Il est malade parce que pas d’éducation de qualité donc pas d’avenir, pas de santé, pas d’eau potable, pas d’électricité, et j’en passe ! Ces problèmes ne datent pas de 2010, ni 2011. Cet accord incitera peut-être la communauté internationale à donner plus d’argent à ces prédateurs pour encore détourner davantage, mais il ne réglera certainement pas les questions structurelles de corruption, de mal-gouvernance qui minent le pays. Pour régler ces questions, les Maliens (tourmentés) n’ont trouvé mieux que d’élire des petits bourgeois, haineux et rancuniers qui ne sont venus que pour se venger sur l’histoire qui les a balayés un jour pour faire venir ATT au pouvoir au lieu de IBK, bien parti en son temps. Le pire est que ce choix devient irréversible pour une décennie et peut-être au-delà, car on sait que les élections ne sont jamais transparentes et que ceux qui sont au pouvoir les ont toujours rapportées. D’ici là, le Rpm organise une récupération de tous les riches qui sont dans les autres partis politiques et capables de leur mobiliser le bas peuple pour leur garantir un électorat durable. Il se fera suffisamment ses propres riches qui vont continuer pour garder leurs privilèges et leurs intérêts.

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