Accolades Haya-Minusma

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Tout le monde le cherchait. Comme il a très fondu, personne ne l’avait reconnu à part ceux qui sont rentrés par la porte de devant. Plusieurs personnalités ont quand même serré sa main à Sanogo, l’ont salué. Il était assis entre Yamoussa Camara et Ibrahim Dahirou Dembélé. Parmi les personnalités qui ont serré la main d’Amadou Haya Sanogo, il y avait le représentant de la Minusma au procès, un Blanc, qui était accompagné d’un magistrat en la personne de Djibril Kané, militant du Sylima. Ce syndicat de magistrats avait fait allégeance à la junte. Ce qui explique par ailleurs le fait que Hamèye Founé est devenu ministre des Sports, Malick Coulibaly, ministre de la Justice. Djibril Kané même était au ministère de la Justice, quand Malick Coulibaly était ministre. C’est lui qui a présenté le représentant de la Minusma à Haya. Trop de combines dans ce procès, trop d’intérêts en jeu. Rapprochement Minusma-Haya via des magistrats maliens, c’est aussi ça le procès en cours avec des dessous multiples.

«Les assaillants»

Le procureur général Mamadou Lamine Coulibaly n’était pas à l’aise à l’ouverture du procès. De quoi a-t-il peur ? A-t-il des intérêts en jeu ? En tout cas, il n’était pas un homme serein. Dans sa lecture du réquisitoire, il manquait de souffle comme un enfant du fondamental. Puis, quand il a retrouvé son souffle, il ne cessait d’essuyer son visage. En réalité, le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, principal organisateur du procès, n’était pas dans sa peau. Il était tout le contraire du greffier en chef, Baba Traoré. Par finir, dans sa lecture, le procureur qualifiait les bérets rouges «d’assaillants qui ont attaqué Kati». Selon les observateurs, le PG pouvait se passer de ce terme. Pour d’autres, l’usage du terme «assaillant» n’est pas fortuit parce que dans le contexte actuel, tous les mots ont leur sens. Le procureur, selon nos informations, n’était pas pour l’organisation de ce procès. Cela à cause des relations qu’il a eues avec la junte. Alors qu’un magistrat de son rang ne doit pas se faire des soucis à ce stade. Mais, ce qu’il ne sait pas, c’est que tout le travail (document) a été fait par Daniel Tessogué. Il ne restait qu’à fixer la date du procès.

Peu d’agents de sécurité

Les organisateurs du procès de Sikasso disent que plus de la moitié des fonds mobilisés pour l’organisation a été affectée à la sécurité. Le premier jour du procès, il n’y avait pas assez d’agents. On parlait de 800. À peine s’ils étaient 500 agents : policiers, gardes et gendarmes réunis, plus les sapeurs pompiers. Et dire que la plupart des agents de ce dispositif léger voulaient tous être dans la salle pour voir les accusés. Un moment, la cour était presque vide. Les gendarmes étaient les plus nombreux, plus que les policiers. Les alentours de la salle, surtout le côté des vestiaires du Stade Babemba, étaient sans agents. Personne ne surveillait ces endroits. Le peu d’éléments présents était concentré sur l’entrée principale et la devanture de la salle. Dans la salle aussi tout autour des accusés, il y avait 5 agents, tous des gendarmes. Alors que dans la salle, les militaires en civil venus soutenir Haya étaient plus nombreux. On l’a constaté lors de la pause, plus d’une cinquantaine de militaires étaient venus saluer Haya. Ils étaient tous au garde à vous.

La désorganisation totale

Qu’ils soient avocats, journalistes, le grand public, tout le monde était dans la confusion totale. Le problème d’accréditation est passé par là. Certes, ceux qui avaient leur badge confectionné n’ont pas eu de problème. Mais tous ceux qui n’avaient pas leur badge étaient obligés de prendre des badges publics, même des avocats de la défense ont été confrontés à ce problème de badge. Le plus grand désordre, c’était au niveau du grand public, qui voulait assister au procès. Les agents de sécurité sont intervenus plusieurs fois entre des jeunes et la foule en colère. Car les deux jeunes qui faisaient le travail étaient débordés.  L’autre aspect de la mauvaise organisation, c’était dans la salle d’audience. Il est dit que chacun doit s’asseoir en fonction du numéro de son badge, cela a été respecté. Mais, dans la rangée des accusés, parce qu’ils étaient sans badge, toutes les places numérotées à côté des accusés ne pouvaient pas être utilisées. Même si on présentait le badge et le numéro, les gendarmes disaient : «ce n’est pas une question de numéro, il faut t’asseoir ou tu veux, mais pas ici». Une contradiction nette des propos du procureur général.

Sonorisation nulle

La plus grosse faille du premier jour du procès a été la défaillance de la sonorisation. De la cérémonie d’ouverture jusqu’à la suspension demandée par les avocats de la défense. En réalité, les appareils de sonorisation venus de Bamako appartiennent à AFRICASCENE. C’est ce qui était écrit sur les baffles. Ces baffles ne donnaient pas du tout ; les gens étaient obligés de faire des efforts pour écouter les interventions. Lors de la lecture de l’arrêt de renvoi, c’était inaudible. Après renseignement, on nous a dit que les appareils sono étaient venus de Bamako. Il avait été demandé au technicien de la salle de remballer les appareils de sonorisation habituelle de la salle pour laisser place aux matériels venus de Bamako. Le technicien s’est plié à cette demande. Mais lors de la cérémonie d’ouverture, il a été interpellé par les autorités administratives de la ville. C’est en ce moment qu’il leur a dit qu’il n’y était pour rien. Après la cérémonie d’ouverture, il a même quitté la salle d’audience. C’est pourquoi la situation s’est aggravée. Selon plusieurs jeunes travaillant dans l’organisation : «tout est venu de Bamako».

Quand l’arrêt de renvoi terrasse

Amadou Haya Sanogo doit rendre grâce à Dieu parce qu’il est devant la justice, une chance pour lui. Toute chose qu’il a refusée à d’autres en les assassinant. Son sourire et sa fougue à l’entrée de la salle d’audience étaient source de motivation pour ses partisans. Cette joie et ce sourire n’ont été que de courte durée. Sanogo se présentant à la salle : «Je suis le Général de corps d’armée Amadou Aya Sanogo, originaire de Ségou et ancien Chef d’Etat». Des acclamations nourries retentissent dans la salle Lamissa Bengaly. Le Procureur rappelle que Sanogo n’est ni plus ni moins qu’un simple citoyen dans la salle d’audience. La défense réplique : «Sanogo jusqu’à ce qu’il soit condamné, est et demeure un Général de corps d’armée et un ancien Chef d’Etat». L’accusation revient sur le déroulement des faits. Elle fait l’arborescence de la situation depuis mars 2012 et le coup d’Etat qui a précipité le départ d’ATT aux violents affrontements entre bérets rouges et bérets. C’est cette lecture de l’arrêt de renvoi qui a mis le désordre dans le camp de la défense. Déstabilisé, Amadou Haya Sanogo l’était. Haya, qui n’avait pas parlé depuis le début de la procédure, a été très déstabilisé par l’arrêt de renvoi.

Les jeux de la pause

Si les portes de la salle Lamissa Bengaly étaient fermées pour les populations de Sikasso, parce qu’il n’y avait pas d’audience ce jeudi 01 décembre 2016, les acteurs du procès étaient sur d’autres terrains pour faire des tractions intenses. Surtout dans les endroits où sont gardés les accusés. Les avocats de la défense ont eu plus de 3 heures d’horloge d’échanges avec Amadou Haya Sanogo. Il ressort de ces échanges qu’Amadou Haya Sanogo se propose de payer tous les avocats dans le cadre d’une défense collective de tous les accusés. Certains avocats ne sont pas d’accord avec cette proposition parce que les accusés ne sont pas au même degré d’implication dans l’assassinat des 21 bérets rouges. Me Boubacar Karamoko Coulibaly, qui s’est constitué pour la défense d’Ibrahim Dahirou Dembélé, l’a dit lors de l’audience qu’il ne reconnaissait pas le porte-parole des avocats de la défense en la personne de Me Mariam Diawara. Quant à la partie civile, pour ne pas dire les victimes, ils ont reçu aussi plusieurs émissaires. Certains sont venus leur faire des propositions de payement de dommages et intérêts. D’autres pensent qu’ils doivent se réjouir de la tenue du procès. Ces parents de victimes connaissent des divergences, car certaines victimes sont représentées par leur maman au lieu de leur femme. En tout cas, à la reprise vendredi 02 décembre 2016, les avocats de la défense voulaient présenter de nouvelles doléances qui risqueraient d’être balayées par la cour afin que le procès puisse commencer réellement avec l’intervention des accusés.

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