Après bientôt quatre mois à la tête du pays, les autorités issues du coup d’état militaire sont sous le feu des critiques d’une partie de la population… et la presse s’en fait bien sûr l’écho…
Il y a d’abord ce mouvement de grogne des administrateurs civils qui ont du mal à digérer la récente vague de nominations de militaires à des postes de gouverneurs régionaux. Plusieurs syndicats de fonctionnaires jugent ces nominations « méprisantes, insultantes et provocatrices », pointe Le Républicain et ont décidé de faire grève.
D’après le syndicat des administrateurs civils, cité par la publication Arc-en-Ciel, « la loi interdit à toute autre personne, hormis les administrateurs civils, d’être nommée à ces postes de gouverneurs. “Même dans les situations exceptionnelles, voire en période de guerre, ce sont des postes réservés à des civils”, a affirmé son secrétaire général. »
Engagements trahis ?
Plus largement, les militaires sont accusés de vouloir asseoir encore plus leur pouvoir, malgré la transition…
Inf@sept vise particulièrement le vice-président Assimi Goita : « Accueilli en libérateur le 18 Août 2020, le colonel Major Assimi Goita est en train de trahir son engagement, celui d’organiser une transition civile au terme de la laquelle un Président de la République sera démocratiquement élu. Il semble déterminé à garder coute que coute le pouvoir même au-delà de la transition. Il est aidé dans cette utopique et suicidaire mission par certains hommes politiques véreux, populistes et des compagnons d’armes tout aussi assoiffés de pouvoir comme lui. »
« Transition ou trahison ? », s’interroge pour sa part Le 22 Septembre : « Malheureusement, les auteurs du putsch se montrent encore plus partisans du népotisme que l’ancien régime, déplore le quotidien bamakois. Pour preuve, les putschistes placent aujourd’hui leurs proches dans les postes stratégiques. Le peuple malien a été trahi par ces militaires indélicats qui sont en train de se partager le gâteau Malien au vu et au su de tout le monde qui les observe sans rien dire. »
Des héros aux zéros…
L’Agora renchérit : « Venus en “héros” de la nation en danger, après plusieurs mois de contestation et de résistance des maliens à travers le M5-RFP face au régime corrompu d’IBK, les militaires du CNSP sont en passe d’être considérés comme des “zéros”. En effet, nos bidasses ont vite pris goût au pouvoir tels des baudets dans une plantation de canne à sucre. »
Et L’Agora de dénoncer, écrit-il, cette « méthode cavalière par laquelle les auteurs du parachèvement de la résistance populaire agissent jour après jour : la falsification du rapport des journées des concertations nationales au mois de septembre dernier ; la tentative de mise en place du CNT par une méthode peu orthodoxe ; et la militarisation outrancière de l’État par la nomination d’une foultitude de gouverneurs militaires. (…) Aujourd’hui, constate L’Agora, les maliens s’interrogent sur les intentions réelles des hommes en kaki de Kati car leur présence massive dans l’appareil d’État inquiète.
Face à ce qu’il conviendrait d’appeler dorénavant la “colonélisation” du pouvoir qui est un véritable danger pour la démocratie, il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme. »
Le président devait parler et… silence !
Enfin, il y a aussi les couacs… « Cacophonie et amateurisme à la présidence », s’exclame le quotidien en ligne Malikilé en première page. Hier, relate le journal, la présidence annonçait sur son compte Twitter une adresse à la Nation du président Bah N’Daw dans la soirée. « Mais voilà : ceux qui, toutes affaires cessantes, se sont installés devant leur téléviseur pour “boire la bonne parole” se sont interrogés quand la présentatrice du jour, dans l’énoncé des titres, n’a fait aucune allusion à l’adresse à la Nation tant attendue. Que s’est-il donc passé ? Le président a-t-il eu un problème de santé inattendu ? Ou bien a-t-il simplement renoncé à s’exprimer ? » Officiellement, rien n’a filtré.
Malikilé croit savoir que le message du chef de l’État concernait la propagation inquiétante du Covid-19 dans le pays, et que « certaines mesures retenues n’étaient pas assez muries, notamment, aucun accompagnement n’était prévu pour les couches les plus vulnérables de la population. »
Quoi qu’il en soit, conclut Malikilé, « l’enseignement de cet évènement qui ne grandit pas la transition est qu’une grosse cacophonie et un inquiétant amateurisme règnent au plus haut sommet de l’État. »
Et le quotidien de s’interroger : « Les maliens sont-ils protégés ? »