C’est la veillée d’armes à Zokofina-Wère, ce petit faubourg attenant au flanc sud de l’agglomération urbaine de Ségou. L’argent facile provenant de la spéculation foncière a éclaboussé les relations séculaires intracommunautaires. Tout peut dégénérer d’un moment à un autre car chaque partie pense détenir la vérité et les moyens pour sa cause, il y a urgence à anticiper sur cette une bombe à retardement.
Signe des temps selon certain ou ironie de sort pour d’autre que des « foula » (peuls) s’entre-déchirent non pour le bétail ou le pâturage ; mais à cause de la terre. Venons-en aux faits : Zokofina-Wère ayant constaté que son voisin le village de Sirakoro à chercher et obtenu un morcellement d’une partie de « son patrimoine foncier » a voulu faire de même. C’est ainsi que de commun accord avec la mairie de Sakoiba dont il relève, l’administration centrale de Ségou, des techniciens qu’un premier morcellement a été opéré assorti d’une clé de répartition entre les acteurs. Cela aurait bien marché car chacun aurait géré sa part à sa guise et les bons comptes font de bons amis.
Mais l’argent est tentant surtout dans ces terroirs absorbés par l’économie de marché sans y être préparés. Un second morcellement est entamé pour dit-on réparer les frustrations et compenser des efforts que certains acteurs auraient exceptionnellement déployés. Des sources précisent que cette 2ème vague n’aurait profité qu’aux conseillers et à la jeunesse du village sans oublier les partenaires par défaut.
Tout baignait dans l’huile jusqu’à l’annonce d’un projet de création d’un titre foncier portant sur une quinzaine d’hectares ; projet porté par le chef de village. C’est là que la terre va diviser le conseil de village en deux clans et chacun y va de son argumentaire. Pour le clan proche du chef de village, le projet a été approuvé par le conseil de village et l’ensemble du village suite à une assemblée. Faux rétorque le camp adverse qui trouve que la consultation publique fut biaisée et se serait déroulée à leur insu. Il motive leur opposition au projet par le faite que le titre en question empiéterait sur des propriétés privées acquises lors des morcellements précédents.
Dès lors commence une stratégie de positionnement et de recherches d’alliances qui se font et se défont au gré des intérêts. Ainsi derrière des fretins qui s’agitent se cachent des gros calibres à cause des éventuelles implications. Déjà certaines langues commencent à se délier pour citer tous ceux qui ont bénéficiés du partage en contrepartie de leur « accompagnement » Ce faisant tout porte à croire que le dossier risque de déborder du petit village de Zokofina-Wère pour emporter d’autres acteurs ici à Ségou. En attendant chaque camp se prépare et la paix sociale ne tient qu’à un petit fil, d’où l’urgence à anticiper avant qu’il ne soit trop tard.
La terre enrichie souvent au détriment de la paix et de la cohésion sociale. La tension qui couve dans ce petit village peul est l’illustration parfaite de l’anarchie qui entoure la gestion du foncier au Mali. Cette anarchie qui se caractérise par la multiplicité d’acteurs intervenant dans le secteur et la tolérance ou la complicité accordées aux lotissements anarchiques.
MOC