Ils ont voulu respecter comme à l’accoutumée, dans les prises de décisions, le communiqué final qui émane de l’étranger. Mais le dossier malien semble leur donner assez de leçons. Ils ont riposté contre les voix et décisions qui remettent en cause leur capacité de résoudre les problèmes sur les terres africaines, par eux-mêmes. Dorénavant plus rien ne les influencera. La guerre au Mali, elle se fera avec ou sans… Fini le diktat ? L’Afrique de l’Ouest tentera.
L’Afrique depuis les indépendances à nos jours est sous le poids des politiques internationales. Sa vie en dépend. Tout se prépare de gré ou de force à l’extérieur avant d’être imposé aux citoyens lambda. Des qu’il y a problèmes, ces leaders africains incapables de les résoudre par eux-mêmes font recours à l’étranger, tout en ignorant que l’extérieur est un autre monde où l’impérialisme a pris le dessus sur l’humanité. Les interventions sont sous condition, pourvu que des intérêts bénéfiques leur soient accordés. Et pourtant, quant l’Afrique veut elle-même lutter contre le mal, tel parle de violation des droits de l’homme, tel parle de crime contre l’humanité, tel parle de péril sur la démocratie, tel parle de confiscation de la liberté d’expression. Quoi encore ? Je n’en sais plus tellement qu’ils ne manquent point des expressions d’accusation. Hors, n’ont –ils pas soutenu tout récemment les rebelles et la guerre en Côte d’Ivoire, en Libye etc.? Tout ça à cause de leurs intérêts sans tenir compte des dégâts collatéraux que cela pouvait engendrer. ‘’Tant que nous avons des intérêts chez vous, casser nous allons reconstruire’’, tel est leur code.
Quelles leçons de la part des pyromanes ?
L’Italien Romano Prodi, envoyé spécial de l’Onu au Sahel et Ban-Ki Moon patron de l’Organisation des Nations Unies ont tenté d’assimiler les dirigeants africains à des moins que rien. Des propos inflammatoires qui remettent en cause d’énormes efforts consentis dans la résolution de la crise malienne. Le premier, Prodi depuis la Mauritanie déculotte l’espoir quant à une intervention militaire qui n’est envisageable, selon lui, qu’en septembre 2013. Le second se réserve carrément d’une intervention militaire et va jusqu’à écrire au Conseil de Sécurité de l’ONU pour qu’il tienne compte de ses inquiétudes dans la proclamation de sa décision finale. Comme pour dire aux africains, ‘’faites seuls votre guerre’’.
Cette fois-ci, ils ont entendu et ont déchiffré les propos. Ce qui a poussé bon nombre de dirigeants à riposter et être intransigeants sur le délai pour l’opération militaire. Le président du Bénin et de l’Union Africaine(UA), Yayi Boni parle en substance d’insulte à l’égard des organisations africaines ; le président Tchadien, Idriss Deby et celui du Niger Mahamadou Issoufi, disent qu’il faut vite aller à l’essentiel car nous n’avons plus de temps à perdre.
Même son de cloche retenti depuis le Sénégal, là où des responsables africains étaient réunis pour le sommet de ‘’Africité’’ qui s’est tenu du 4 au 08 décembre. Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud n’a pas mâché ses mots quant à l’irruption sur le sol africain (à chaque fois des étrangers), qui se solde toujours par la division, la haine entre les fils d’un même pays. Comme en Côte d’Ivoire et en Libye. Il sollicite l’Occident de nous laisser résoudre nos propres problèmes.
Pour le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, l’intervention militaire est indispensable. Depuis Paris, le mardi dernier, il demande à la communauté internationale d’agir vite car l’urgence est là. A l’en croire, les pays de l’Union Africaine n’attendent que la décision finale du Conseil de Sécurité de l’ONU. Sinon, tout est fin prêt. Le nombre de militaires à fournir par pays, le plan d’opération etc… Dans ses propos, l’intervention militaire se fera dans un plus bref délai, au plus tard mars. Ce qui contrarie la vision de Prodi et de Ban Ki Moon.
Et si le Conseil de Sécurité de l’Onu les emboîtent le pas (Prodi et Ban), la guerre se fera sans l’appui de l’étranger ? C’est la seule question qui peut agacer dans tout ça. Dans tous les cas, les dirigeants africains ont montré leur détermination à ne pas renoncer à la guerre. Un signe de prise de conscience pour s’assumer enfin.
Boubacar Yalkoué