Vive tension à Hara-Hara-Bourèm A. Amar (cercle de Diré) : Une décision de justice sous les bottes de Nock et de Maharafa ?

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Le piétinement d’une décision de justice par le député Nock Ag Attia et des cadres du ministère de la Justice,  est à l’origine d’une vive tension entre les habitants d’un même village à Bourèm A. Amar dans le cercle de Diré. Si rien n’est fait dans un bref délai, les deux camps qui se disputent à propos de la construction d’un canal pourraient en arriver à un affrontement regrettable.

Propriétaires de fonds de terre enclavés sans issue suffisante sur le bras du fleuve de Bourem.A.Amar pour leur exploitation agricole, Mahamadoun Alassane et ses compagnons, tous cultivateurs domiciliés à Hara-Hara I dans la commune rurale de Bourèm A. Amar, cercle de Diré, ont entrepris des démarches nécessaires auprès du chef de village et du maire, pour obtenir une servitude de passage afin de construire un canal pour l’irrigation de leurs champs. Les multiples démarches n’ont abouti à rien de concluant, car ils sont heurtés à l’hostilité des deux responsables contactés. C’est ainsi que, par requête en date du 22 février 2011, Mahamadoun Alassane et les autres ont assigné en justice le chef de village Sidi Mahamane Almoustapha Touré et certains de ses proches. Le juge de paix de Diré, Néguesson Augustin Diarra prend en main l’affaire qui a été débattue en audience publique le 10 mars 2011.

Le tribunal, en compagnie des experts de l’agriculture et du génie rural, a constaté l’existence d’un fonds d’une superficie d’environ soixante hectares au profit des demandeurs, sans issue évidente sur le bras du fleuve de Bourem.A.Amar. Le rapport des techniciens a donc admis la possibilité de construire un canal devant prendre sa source dans le bras du fleuve avec l’avantage de desservir et d’aménager le fonds enclavé propice à la culture du riz, du blé, de l’oignon, etc.

Devant le juge, le chef de village et les siens ont déclaré qu’ils ne s’opposeront à la réalisation de l’ouvrage. Ils ont souhaité par contre que le canal soit construit au nom et pour le compte du village. Sans demander la moindre  indemnisation, ils ont surtout voulu que la gestion du canal soit confiée de façon exclusive au chef de village, notamment pour ce qui est du paiement des redevances, de l’utilisation des moteurs et du recouvrement des créances.

Le tribunal a reçu la requête des demandeurs aux fins d’obtention d’une servitude de passage en y faisant droit. Il a ordonné la reprise des travaux de construction du canal d’irrigation de la plaine de Ta. N’gara. Toujours, selon le jugement rendu, ledit canal d’une longueur de 2km 436m, prendra sa source dans le bras du fleuve et longera le canal déjà existant en passant par l’ancien bassin jusqu’à la plaine de Ta. N’gara.

Refus d’exécuter une décision de justice !
Malgré l’exercice des voies de recours, le tribunal a ordonné l’exécution de la présente décision. Ayant perdu le procès, le chef de village interjette appel devant la Cour d’appel de Mopti qui déclare la requête mal fondée et confirme l’ordonnance entreprise. Entre temps,le même chef introduit une requête de réclamation de droit de propriété coutumière sur le canal qui a été déclaré sans objet par le juge au cours de son audience du 31 mars  dernier.

Mais depuis lors, Mahamadoun Alassane et ses compagnons remuent ciel et terre pour obtenir l’exécution de cette décision. Leurs avocats, Mes Abouba Aly Maïga et Mahamadou Dicko, ont frappé à toutes les portes. Le réquisitoire pour faire appel aux forces de l’ordre afin d’exécuter la décision est égaré entre le parquet de Tombouctou et le parquet général de Mopti. Et cela malgré le paiement de la somme nécessaire pour réquisitionner les forces de l’ordre.   
 
Pour les plaignants, cela est inadmissible dans un pays où le ministre de la Justice claironne sur tous les toits les bienfaits du renouveau du service public de la justice.

Face à l’impasse, les belligérants entretiennent une tension de plus en plus vive. Fort de ses liens politico-administratifs, le chef de village multiplie les provocations à travers des menaces et des injures. Des individus arrêtés et emprisonnées suite à ces menaces ont été libérés par le juge sous la pression du député Nock Ag Attia et des cadres du ministère de la Justice, garde des sceaux. ‘’On se demande s’il existe une loi dans ce pays. Si les autorités n’interviennent pas d’ici la fin de cette semaine, nous allons prendre nos responsabilités. Nous sommes à la limite de notre patience. Et nous tiendrons les autorités pour responsables de ce qui va arriver’’,  nous a confié un habitant du village. Ainsi le ton est donné pour ce qui pourrait déboucher sur un affrontement sanglant. Si rien n’est fait à temps

La volonté d’un député au-dessus de la loi ?
Il nous revient, de sources concordantes, que le député Nock Ag Attia devrait entamer hier une médiation pour trouver un consensus entre les deux camps. Mais le hic, c’est qu’il n’a pris contact qu’avec le seul camp du chef du village. Pour Mahamadoun Alassane et les siens, le député n’a plus rien à faire, car il aurait pu intervenir avant l’assignation en justice. Une source proche du plaignant, Mahamadoun Alassane, indignée par la situation présente, se demande si la volonté d’un député peut être au-dessus de la loi.

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