Paris abritera le 22 octobre prochain la conférence internationale de mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation nationale. A cette occasion, la France a décidé de dérouler le tapis rouge au président IBK, qui est en visite d’Etat, depuis ce matin pour quatre jours. En l’honneur de l’hôte du jour, les rues de la capitale française seront pavoisées et le drapeau malien flottera sur les édifices officiels, et sur le grand boulevard des Champs Elysées. Les deux chefs d’Etat discuteront de plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la sécurité et le retour de la paix dans le septentrion malien. Mais, les échanges se focaliseront surtout sur la coopération économique, objet de la visite.
Au delà des mesquineries protocolaires, la solennité de l’évènement se mesure à la dimension des défis que partagent les deux pays, dont le dossier du Nord du Mali. La coopération économique, la coopération sécuritaire et le retour de la paix au Nord du Mali seront entre autres les principaux sujets de discussion entre le président Ibrahim Boubacar Keïta et son homologue français, François Hollande. Dans cette dynamique, le 22 octobre, le président IBK mettra son séjour à profit pour prendre part à la conférence internationale des pays donateurs pour la relance économique et le développement du Mali, organisée par l’OCDE et la France. La dizaine de ministres qui accompagnera le président IBK, notamment le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra et son collègue de la promotion des Investissements, Mamadou Gaoussou Diarra devront, chacun dans le domaine qui le concerne convaincre les investisseurs français à se tourner vers le Mali. Qui recèle d’importantes opportunités d’affaires. Les questions de défense doivent être aussi probablement évoquées.
Réchauffer l’axe Bamako-Paris
Officiellement entre le Mali et la France, les relations d’amitié, dont le point culminant aura été l’intervention militaire de la France en janvier 2013 contre les groupes terroristes, ont toujours été cordiales. Heureuse d’être sauvée de l’occupation djihadiste, la population malienne a accueilli en février de la même année, le président français François Hollande dans une grande ferveur.
Mais, entre temps, de l’eau a coulé sous le pont, emportant avec elle, un grand pan de cet amour, qui s’était effrité quelque peu à cause des brouillages de piste de la diplomatie française dans les dédales des affaires du nord du Mali. Les Maliens avaient commencé à douter de la sincérité des amitiés françaises à leur égard face aux aventuriers du MNLA. Et l’euphorie de la libération des deux régions du nord (Tombouctou et Gao) suscitée par l’opération Serval s’est très vite estompée laissant place aux critiques, soutenues par un fort sentiment anti-français.
Les Maliens soupçonnaient la France à tort ou à raison d’un soutien voilé au MNLA, pour avoir laissé en raid les Forces armées maliennes dans la conquête de la capitale de l’Adrar des Ifoghas (Kidal), donnant aux Maliens un sentiment de travail non achevé. Pendant qu’au même moment, elle faisait les yeux doux au MNLA. Cette attitude de la France serait à l’origine du divorce entre la France et l’opinion publique malienne qui lui reproche son impartialité dans le traitement du dossier de la rébellion au Mali. Les rumeurs les plus folles se rapportant à un présumé soutien aux ex-rebelles, animent les débats dans les « grins » et dans les bureaux. Dans la capitale, Bamako, sur initiative des associations et organisations de la société civile, plusieurs grandes manifestations anti-françaises sont organisées. Pire, le drapeau français a plusieurs fois été profané par les manifestants en colère sur la place de l’indépendance et même devant l’Ambassade de la France au Mali, en signe de protestation.
Mais, aujourd’hui cette relation tendue a fait place à une nouvelle amitié. Cette fois, basée certainement sur les respects mutuels dans la différence. Koulouba et l’Elysée ont dû passer l’éponge sur cet épisode malheureux pour se tourner vers l’avenir commun dans l’intérêt de nos deux peuples, du moins si un manège ne se cache pas derrière. Car, avec la France il ne faut être sûr de rien à 100%. L’histoire du « Vieux nègre et la Médaille » est suffisamment édifiante pour se laisser emballer encore une fois par l’euphorie. Car autant la France veut garder la main sur une zone sahélienne instable mais stratégique, autant son soutien logistique et son expertise seront d’une importance capitale dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Ainsi, le président IBK et son homologue français, François Hollande, devront au cours de leur rencontre du 20 au 24 octobre prochain, échanger sur la stratégie à adopter contre les groupes terroristes qui continuent toujours de faire des victimes. Ce qui constitue encore une menace pour la stabilité du Mali en particulier et du Sahel en général.
Si elle venait à être prolifique, la visite du président IBK à Paris, contribuera donc à redorer le blason de la France, dont la côte de popularité a été durement écornée au sein de l’opinion publique malienne. C’est dire donc que le Mali et le président IBK sont de retour sur la scène internationale.
Lassina NIANGALY
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