Violentes manifestations au Soudan contre la hausse du prix du pain

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Un incendie allumé lors d’une manifestation contre la hausse du prix du pain, à Atbara, au nord-est du Soudan, le 20 décembre. EL TAYEB SIDDIG / REUTERS

Le pays est en proie à une vague de protestations qui a fait au moins huit morts en cinq jours.

De nouvelles manifestations ont été organisées dimanche 23 décembre dans plusieurs villes soudanaises, y compris dans la capitale, ont rapporté des témoins, au cinquième jour d’une vague de protestations contre la hausse du prix du pain.

A Omdurman, partie ouest de la capitale, Khartoum, une manifestation a eu lieu en soirée à l’issue d’un match de football, réunissant des centaines de personnes. « Après le match (…), des centaines de supporters ont crié : Liberté, paix et justice », a indiqué un témoin. Selon un autre, les forces anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes sur les protestataires.

La récente décision du gouvernement d’augmenter le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d’euros) suscite depuis mercredi des manifestations. Elles ont entraîné au moins huit morts – six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) – lors de heurts avec les forces anti-émeutes, selon des responsables et des témoins. Le principal dirigeant de l’opposition, Sadek Al-Mahdi, tout juste rentré d’exil, a dénoncé samedi une « répression armée », et évoqué un bilan supérieur, de vingt-deux morts, impossible à vérifier de source indépendante.

Le Soudan connaît des difficultés économiques croissantes avec une inflation de près de 70 % et une plongée de la livre soudanaise face au dollar. La colère de la population s’est peu à peu répandue à tout le pays.

Des centaines de manifestants à travers le pays

Dimanche, des centaines de personnes se sont réunies sur le marché d’Oum Rawaba, dans l’Etat du Kordofan du Nord, scandant pour certains « le peuple veut la chute du régime », a indiqué par téléphone un habitant à l’Agence France-presse (AFP). Des « centaines » de manifestants se sont également rassemblés, selon un témoin, à Atabara (est), ville dans laquelle le mouvement est né et où deux personnes sont mortes jeudi.

Parallèlement, un groupement de travailleurs de différents secteurs d’activités a appelé dans un communiqué à mener diverses actions de grèves, à commencer par les hôpitaux lundi. « Les médecins n’interviendront que dans les cas d’urgence », a précisé à l’AFP Mohamed Al-Assam, membre de ce groupement.

Dimanche, mise à part la manifestation à Omdurman, les grandes artères de Khartoum sont, elles, restées calmes. Les écoles et les universités sont fermées pour une période indéterminée sur décision des autorités. Des policiers anti-émeutes, équipés de matraques et de gaz lacrymogènes, étaient postés aux abords des bâtiments universitaires.

« Cellule de saboteurs »

Ailleurs, des habitants ont fait la queue devant les boulangeries, qui refusaient de vendre plus de vingt miches de pain par personne. « J’ai une grande famille et ce pain ne nous suffit pas pour les trois repas » quotidiens, a déploré l’un d’eux. « Il ne m’autorisera pas à t’en donner plus », a répondu un employé en désignant un agent de sécurité.

Dans le même temps, les autorités ont annoncé, via l’agence officielle Suna, l’arrestation d’une « cellule de saboteurs qui souhaitaient commettre des actes de vandalisme dans la capitale ». Elles ont ajouté que ce groupe comprenait des « membres de partis d’opposition », sans les nommer. Sadiq Youssef, un cadre de la coalition d’opposition des Forces du consensus national, a affirmé samedi que quatorze membres de ce mouvement, dont le président Farouk Abou Eissa, avaient été arrêtés « à la sortie d’une réunion ».

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Koweït à Khartoum après que cet Etat du Golfe a appelé ses ressortissants à quitter le Soudan.

Source: lemonde.f

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