Après le Conseil de sécurité de l’ONU qui a condamné les violences au Soudan du Sud et exhorté le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar à ramener le calme dans le pays, c’est le secrétaire général Ban Ki-moon qui est monté au créneau lundi. Il a exprimé devant les journalistes sa très grande frustration dans un discours à charge contre le Conseil de sécurité qu’il a jugé trop passif et à qui il a commandé de prendre des mesures très rapidement.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Ban Ki-moon a eu des mots très forts envers les dirigeants sud-soudanais et leurs chefs militaires lundi. « Encore une fois, les dirigeants du Soudan du Sud ont failli à leur peuple. Rarement un pays n’aura gaspillé autant de promesses, si vite, a-t-il déclaré. A quel genre de leadership avons-nous affaire quand on utilise les armes et une politique identitaire, encore et encore ? Un leadership failli. Mon message au président Salva Kiir et au premier vice-président Riek Machar est clair : faites tout ce qui est en votre pouvoir pour stopper les hostilités immédiatement. Ordonnez à vos forces respectives de se replier sur leurs bases. Permettez-moi de souligner, encore une fois, pour tous ceux qui commettent ces agressions que les actes de violence perpétrés contre des civils, les Nations unies ou le personnel humanitaire peuvent constituer des crimes de guerre. Il doit y avoir et il y a aura des comptes à rendre pour les atrocités qui ont été commises au Soudan du Sud depuis 2013. »
Et si le ton du secrétaire général est habituellement hésitant, cette fois l’injonction est très ferme. « C’est le moment de renforcer massivement l’action des Nations unies. Quand un gouvernement ne peut pas ou ne veut pas protéger son propre peuple, ou quand les parties au pouvoir semblent plus enclines à s’enrichir sur le dos de son peuple, la communauté internationale a la responsabilité d’agir », a-t-il estimé.
Embargo sur les armes et sanctions ciblées
Et en premier lieu, c’est le Conseil de sécurité des Nations unies que le secrétaire général exhorte de prendre enfin trois décisions : voter un embargo sur les armes, des sanctions ciblées contre les responsables de violences contre les civils sud-soudanais et les personnels de l’ONU. Et enfin, convaincre les Etats membres d’envoyer des hélicoptères de combat pour permettre à la Minuss, la mission onusienne, de remplir son mandat.
« La gravité de la situation exige une réponse rapide, a insisté le secrétaire général de l’ONU. Aujourd’hui, je demande instamment au Conseil de sécurité de prendre des mesures sur trois fronts : tout d’abord, imposer un embargo immédiat sur les armes pour le Soudan du Sud. Deuxièmement, adopter des sanctions ciblées supplémentaires contre les dirigeants et les commandants qui bloquent la mise en œuvre de l’accord de paix. Troisièmement, renforcer la Mission des Nations unies au Soudan du Sud, la Minuss. Nous avons désespérément besoin d’hélicoptères d’attaque et d’autres matériels pour remplir notre mandat de protéger les civils. J’exhorte également tous les pays contribuant à la Minuss à rester sur leur position. Tout retrait enverrait précisément le mauvais signal au Soudan du Sud et dans le monde. »
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Mais les divergences au sein du Conseil sont encore très vives entre les soutiens du président sud-soudanais Salva Kiir, avec la Chine et la Russie d’un côté, et les autres membres du Conseil de sécurité. Les experts jugent surtout que l’ONU se trouve face à un problème qui ne pourra pas être réglé par un simple renforcement de la Minuss.
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