Vaccination COVID-19 au Mali : Bientôt une campagne pour immuniser plus de 4,2 millions de personnes

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Alors que la courbe de contamination des cas de Covid-19 a progressivement chuté ces dernières semaines passant d’une moyenne quotidienne de 100 cas fin décembre à moins de 20 actuellement, le gouvernement a annoncé le 22 janvier dernier l’arrivée des premières doses de vaccin anti-Covid en mars prochain. Une commande de plus de 8 millions de doses a déjà été passée auprès du laboratoire Astra Zeneca, grâce au mécanisme Covax, une initiative mise en place conjointement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’ONG Gavi pour faciliter l’accès au vaccin des plus pauvres. Bénéficiaire de ce programme au même titre que plusieurs pays africains, le Mali va lancer sa campagne de vaccination en avril. D’ores et déjà, les cibles prioritaires du vaccin et le déroulement de la campagne ont été approuvés en attendant la validation définitive d’une stratégie vaccinale globale.

Financées entièrement par l’OMS et ses partenaires à hauteur de 31 milliards de FCFA, les 8 444 800 doses que le Mali va réceptionner le mois prochain serviront, selon le ministère de la Santé et du Développement social, à vacciner plus de 4,2 millions de Maliens contre le nouveau coronavirus, soit 20 % de la population (estimée à plus de 21 millions de personnes).

Un chiffre certes loin de l’atteinte de l’immunité collective, qui exige d’après les experts la vaccination de 70 % de la population, mais qui devrait tout de même assurer la protection des personnes les plus exposées et/ou vulnérables au virus du sars-cov-2 : les agents de santé, en première ligne, les personnes âgées, à la santé assez fragile et celles avec comorbidité, qui présentent un risque élevé de formes graves de la maladie ou de décès.

Ces trois catégories de personnes constituent d’ailleurs la cible prioritaire identifiée par le Comité national de l’introduction du vaccin contre la Covid-19. Ils seront ainsi les premiers à être vaccinés. “L’opération se déroulera comme suit : d’abord les agents de santé, au nombre de 844 480, soit 4 % de la population totale, seront vaccinés, suivis des personnes âgées, qui sont 1 266 720, soit 6 % de la population. Et enfin, ce sont 2 111 200 personnes présentant des comorbidités, qui seront vaccinées”, détaille une source à la direction nationale de la santé, partie prenante dans l’élaboration de la stratégie vaccinale du pays, en cours de validation.

La campagne va démarrer en avril prochain avec la mobilisation de plus de 9000 vaccinateurs et 345 superviseurs. La première étape va concerner le district de Bamako, afin “de comprendre et de résoudre beaucoup d’aspects techniques opérationnels et de documenter de façon adéquate l’ensemble des activités mises en œuvre”. Chaque cible recevra à ce niveau deux doses espacées d’un mois.

A la lumière de cette phase pilote, la deuxième étape va concerner le reste du pays. “Trois stratégies de vaccination seront utilisées quelle que soit l’étape. Il s’agit de la stratégie fixe, la stratégie avancée (avec moto) et la stratégie mobile (avec véhicule)”, explique le ministère de la Santé tout en rassurant que le vaccin choisi, en l’occurrence celui du laboratoire Astra Zeneca installé en Inde, est adapté pour le Mali.

“Notre pays dispose de capacités de stockage suffisantes pour conserver les vaccins à une température de +2 à +8°C. Toutefois, en raison des vaccins du Programme élargi de vaccination de routine, le comité est à pied d’œuvre pour dégager les gaps à rechercher au niveau des dépôts régionaux et intermédiaires”.

Suivi et prise en charge des éventuels effets secondaires

Jugé efficace à 70 % par la revue scientifique The Lancet, le vaccin Astra Zeneca alimente néanmoins beaucoup de controverses ces derniers temps. En cause : son efficacité serait nettement moindre chez les plus de 65 ans, estiment certains pays européens dont l’Allemagne, qui ne le recommande pas à ses habitants de cette tranche d’âge. Le Mali devrait-il en faire de même ? “Pas forcément, car les personnes âgées de ces pays diffèrent de ceux des nôtres. Cependant, il faudra faire preuve de vigilance et évaluer rapidement la réaction post-vaccinale des personnes âgées qui recevront le vaccin dans notre pays”, répond un pharmacien-ingénieur en biologie du Centre pour le développement des vaccins (CVD-Mali).

Pour la prise en charge des éventuels effets secondaires occasionnés par ce nouveau vaccin, le département de la Santé se veut rassurant. “Un comité de veille de pharmacovigilance est déjà mis en place et sera chargé du suivi d’éventuels effets secondaires engendrés par le vaccin. Un kit de prise en charge sera aussi constitué et mis à la disposition des structures qui accueilleront ces personnes. Le personnel soignant sera également formé dans la notification et la prise en charge gratuite de ces effets secondaires”.

    Mamadou Oury Diallo  (Stagiaire)

 5 choses à savoir sur Astra Zeneca, le vaccin pour lequel le mali a opté

Administré pour la première fois au Royaume-Uni le 4 janvier dernier, le vaccin Astra Zeneca, développé par l’Université d’Oxford, est actuellement le plus vendu dans le monde avec près de 2,5 milliards de doses commandées, selon le site économique français, Les Echos. Vaccin à vecteur viral, moins cher, facile à stocker, efficace à 70 % mais déconseillé pour les plus de 65 ans… voici cinq choses à retenir sur ce vaccin déjà utilisé en Afrique, notamment au Maroc et dont les premières doses seront inoculées dans notre pays à partir d’avril prochain.

Un vaccin à vecteur viral

La technologie vaccinale développée par Astra Zeneca diffère de celle de ses concurrents Pfizer-BioNTech et Moderna. A la différence de ces derniers, qui utilisent une technique innovante appelée “l’ARN messager” consistant à injecter une forme inactivée du virus dans l’organisme pour provoquer une réponse immunitaire, Astra Zeneca recours, lui, à une méthode jugée plus classique par les spécialistes. Il s’agit d’un vaccin à vecteur viral utilisant un adénovirus de chimpanzé génétiquement modifié et qui permet d’avoir des anticorps spécifiques face à la Covid-19. Il est administré en deux injections dans le bras, la seconde entre 4 et 12 semaines après la première.

Il est moins cher

C’est l’un des facteurs qui en fait le vaccin anti-Covid le plus vendu au monde : il estmoins cher. En effet, le prix de la dose d’Astra Zeneca oscille entre 1000 et 4300 FCFA. A titre de comparaison, c’est à peu près 10 fois moins que les vaccins Moderna et Pfizer-BioNTech, qui coûtent respectivement de 8150 à 20 100 FCFA et de 7600 à 10 870 FCFA.

Conservation moins contraignante

Outre son prix, l’autre avantage du vaccin Astra Zeneca est sa facilité de conservation. Il peut en effet être transporté et stocké à des températures comprises entre 2 et 8 degré Celsius, contrairement aux deux laboratoires citées ci-dessus qui requièrent une conservation à ultra basse température (-20°C et -70°C). “Le Mali a opté pour le vaccin du laboratoire Astra Zeneca en fonction de sa capacité de stockage de la chaine du froid qui est positive (+2°et +8°C)”, justifie Dr. Ibrahima Diarra de la section immunisation de la direction générale de la santé (DGS). Ainsi, ce vaccin apparait davantage adapté à une campagne d’immunisation à grande échelle puisque ses doses peuvent même être conservées dans des réfrigérateurs.

Efficace à 70 %…

Selon les données publiées début janvier dans la revue scientifique, The Lancet, le candidat vaccin mise au point par Astra Zeneca/Oxford est “sûr”. Son efficacité est estimée à 70 % (contre plus de 90 % pour Pfizer-BioNTech et Moderna). Sur le total de 23 754 volontaires qui ont participé à ces essais, seul un patient à qui ce vaccin a été administré a connu un “effet indésirable sérieux possiblement lié” à cette injection.

”     … mais déconseillé pour les plus de 65 ans

Plusieurs pays européens dont l’Allemagne ont émis des réserves concernant l’efficacité d’Astra Zeneca chez les plus de 65 ans. A en croire ceux-ci, cette tranche d’âge n’a pas été suffisamment prise en compte lors des phases d’essai clinique. Et “les données disponibles actuellement sont insuffisantes pour évaluer l’efficacité du vaccin au-delà de 65 ans”, a jugé la commission vaccinale allemande. Reste à savoir si ces doutes soulevés auront des échos dans notre pays dont la stratégie vaccinale priorise la vaccination des personnes âgées de 60 ans et plus, soit  1 266 720 personnes.             Mamadou Oury Diallo (Stagiaire)

 

Se faire vacciner contre la COVID-19 :

 Les Maliens entre doute et inquiétude !

A moins de deux mois du début de la campagne de vaccination contre la Covid-19 au Mali, certains citoyens ne semblent pas enthousiastes à l’idée de recevoir ce nouveau vaccin. Entre méfiance et inquiétude, les avis sont parfois tranchés sur la question.

Avec cette histoire du coronavirus, du début jusqu’à aujourd’hui, beaucoup de remèdes ont été mis au point. Mais, malheureusement, les résultats n’ont pas été à la hauteur. Au regard de tout cela, sachant qu’il faudrait beaucoup d’années d’analyse pour confirmer l’efficacité d’un vaccin, les grosses entreprises médicales sont en pleine concurrence et mettent toutes sortes de produits sur le marchés afin de se faire des millions”, lance Ousmane Ambana, étudiant à la Faculté des lettres.

“Ce nouveau vaccin a-t-il réellement suivi toutes les étapes d’analyse dans les laboratoires ? Rien ne me garantit cela. Il ne faudrait pas se précipiter pour vacciner la population, les pays africains comparativement aux autres sont moins touchés. Il faudrait mesurer les conséquences des effets secondaires. Sans tout cela, je ne vais pas creuser ma propre tombe en acceptant ce vaccin”, prévient-il.

Partageant le même avis, Amadou Cissé, la trentaine, vendeur de cartes de recharge téléphoniques, se veut catégorique : “Je n’envisage pas du tout de me faire vacciner surtout que je n’ai aucune information sur l’efficacité de ce vaccin ou des éventuels effets secondaires qu’il pourrait provoquer. Déjà, je doute de l’existence véritable de cette maladie dans notre pays puisque je n’ai pas vu de malade de Covid-19 jusqu’à présent”.

Montrer l’exemple

De son côté, Aminata Diarra, commerçante, se montre un peu plus modérée sur le sujet. Elle est prête à recevoir le vaccin mais à une condition que les autorités montrent l’exemple en se faisant vacciner en premier lieu. “Il faut que les plus hauts responsable du pays par exemple les ministres ou même le président acceptent de se faire vacciner et qu’on nous montre cela à la télé. Avec cela, je le ferai sans aucun doute”, affirme-t-elle.

Dr. Hamidou Sangaré, pharmacien, en est convaincu : la vaccination demeure la seule solution pour mettre fin à ce virus. “Nous devons l’accepter pour nous protéger ainsi que nos proches”, invite-il tout en fustigeant l’attitude de ceux qui lancent des fausses rumeurs autour de ce vaccin.

“Les gens doivent arrêter avec les théories complotistes disant que ces vaccins sont envoyés par les Occidentaux pour nous injecter le virus. C’est totalement faux. Déjà, on utilise des médicaments et vaccins venant des laboratoires de ces mêmes pays. On ne connait pas toutes leur composition mais on ne se plaint s’agissant de cela”.

Il apparait impérieux, pour les autorités, de mener une véritable campagne de communication efficace pour dissiper les doutes et méfiances de la population concernant le vaccin anti-Covid qui sera administré dans le pays en avril prochain.

                                                               

 Mamadou Oury Diallo (Stagiaire)

 

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1 commentaire

  1. Avec le reste des autres pays? Si je me réfère bien aux déclarations du maître

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