Drôle de légitimités traditionnelles ! Après les participants du Dialogue National Inter-Maliens, c’est au tour des légitimités traditionnelles d’entrer en action en faveur du président de la Transition. Les chefs de village et autres leaders coutumiers ont frappé fort, lundi dernier, en réclamant à leur tour la candidature du président de la Transition. C’était à l’occasion, comme on s’en doute, de la journée qui leur est dédiée, dans le sillage de la dynamique de réhabilitation coutumière enclenchée par les autorités de transition. Comme nous l’annoncions dans notre dernière parution, en effet, le conclave du lundi dernier a été l’occasion aux participants de souscrire à l’une des recommandations les plus opportunistes du DNIM au sujet de la présidentielle à venir : l’appel à la candidature Assimi Goita. Ce faisant, lesdites légitimités traditionnelles ne manifestent pas qu’un soutien au président de la Transition, tranchent par anticipation une polémique qui manquera difficilement de polluer le climat électoral si le chef de l’Etat écoutait leur sirène. Il s’agit notamment de la brûlante question de la légalité de sa candidature en tant que protagoniste putatif du jeu électoral. En clair, la Charte de la Transition en vigueur dispose clairement que le président de Transition renonce à tout droit de briguer la magistrature suprême aux joutes électorales devant mettre fin à la période transitoire en cours. D’autres responsables de la Transition sont également frappés d’inéligibilité par les mêmes dispositions de la Charte par ailleurs non-susceptibles de révision. Ledit texte n’est en revanche guère insusceptible de manœuvres et d’acrobaties manipulatrices que mijotent apparemment les irréductibles soutiens de sa candidature. Ainsi, à défaut d’assumer un passage en force par une violation flagrante des textes, un autre stratagème pourrait consister à s’engouffrer dans la brèche de la loi électorale en vigueur sur la candidature des officiers supérieurs : se débarrasser du manteau de président de la Transition dans le timing convenable pour les besoins de la cause. Reste que l’actuel chef de l’Etat, Assimi Goita, est également astreint par un engagement moral solennel, en tant que président de la Transition, d’avoir prêté le double serment de respecter la constitution et la Charte de la Transition dans toutes leurs dispositions respectives. Par conséquent, en portant ses prétentions présidentielles par cet appel à faire acte de candidature, les légitimités traditionnelles lui conseillent en même temps de verser dans le parjure que sous-tend une éventuelle violation du serment.
Ce faisant, lesdites notoriétés s’écartent manifestement de leur devoir d’incarner les vertus qui font la grandeur de l’homme malien en sociétés traditionnelles : la sincérité, le respect de l’engagement et de la parole donnée, etc.
Dans un contexte où l’éducation aux valeurs est exaltée et magnifiée à tout va, les légitimités traditionnelles ne rendent guère plus de service à la nation en encourageant une démarche porteuse de clivages et de perturbation du climat sociopolitique. Car une candidature non conforme aux textes passerait difficilement sans affecter la crédibilité du processus électoral et générer des frustrations comparables à celles qui ont entraîné le pays dans la crise politique en 2020.
A. KEÏTA
“…Assimi Goita, est également astreint par un engagement moral solennel, en tant que président de la Transition, d’avoir prêté le double serment de respecter la constitution et la Charte de la Transition dans toutes leurs dispositions respectives….”
L’ANCIENNE CONSTITUTION ET LA CHARTE DE LA TRANSITION (SUR LEQUELS LE PRESIDENT ASSIMI A PRETE SERMENT SONT TOUS DEUX CADUQ DEPUIS LA PROMULGATION DE LA NOUVELLE CONSTITUTION. ALORS, QU’IL LE VEUILLE OU NON, ON VOTERAIT POUR ASSIMI A LA PROCHAINE ELECTION
“Il s’agit notamment de la brûlante question de la légalité de sa candidature en tant que protagoniste putatif du jeu électoral. En clair, la Charte de la Transition en vigueur dispose clairement que le président de Transition renonce à tout droit de briguer la magistrature suprême aux joutes électorales devant mettre fin à la période transitoire en cours. D’autres responsables de la Transition sont également frappés d’inéligibilité par les mêmes dispositions de la Charte par ailleurs non-susceptibles de révision. Ledit texte n’est en revanche guère insusceptible de manœuvres et d’acrobaties manipulatrices que mijotent apparemment les irréductibles soutiens de sa candidature.”
I. KEITA, la question de la légalité de la candidature d’Assimi Goïta n’est “brûlante” que dans la tête d’opposants journalistes comme toi et non dans celle des constitutionnalistes et des juristes sérieux !
Je crois qu’on a épuisé le débat public sur cette question légalité de la candidature d’Assimi Goïta.
Toutefois, si tu veux le rouvrir, il faudra au moins citer les dispositions précises des textes sur lesquels tu te bases pour pondre tes articles.