C’est dans la journée du vendredi 26 août, au moment, aux environs de 12 heures, où les Kidalois s’apprêtaient à faire leur grande prière, que le chef des bandits armés le plus radical, Ibrahim Ag Bahanga, a trouvé la mort, entre Tin-Assalak et Achibogo, dans le cercle de Tin-Essako, à 50 km environ de la frontière algérienne. Il venait du pays d’Abdoulaziz Boutéflika, où il aurait même accordé une interview au journal Al Watan. Deux des pneus de sa voiture auraient explosé, à en croire des sources concordantes.
Il était accompagné de deux personnes, selon des proches de sa famille. Il s’agit d’un certain Mohamedine et de son cousin Aghaly. Tous les deux ont été grièvement blessés, tandis que Bahanga a été tué sur le coup, sans aucune égratignure, aucune fracture ni blessure. On explique cette situation par le fait qu’au moment de l’accident, Bahanga portait sa ceinture pakistanaise, censée le rendre invulnérable. Mais pas immortel. Les autres accidentés ont été rapidement évacués vers l’Algérie, précisément à Tinzawaten, localité voisine, pour y recevoir des soins (pour ceux qui ne le savent pas, il existe une Tinzawaten en Algérie aussi bien qu’au Mali). Nos sources indiquent qu’Ibrahim Ag Bahanga a été enterré le même jour près de Tin-Essako, entre deux puits qu’il avait fait lui –même creuser.
Bahanga, berger de son état, révélé aux Maliens comme un grand bandit en 2006, avec l’Alliance du 23 mai pour le changement, avait plusieurs fois refusé la main tendue d’ATT. Il a provoqué la mort de plusieurs personnes et posé des mines anti personnelles sur la route de Tinzawaten. Le mal causé par le défunt Bahanga est incalculable. Il ne sert à rien aujourd’hui d’énumérer la liste de ses victimes et de ses attaques.
Dieu, le Juste, a accompli sa mission. Pour autant, peut-on dire que la paix sera au rendez-vous dans la région de Kidal? L’espoir est permis, si les autorités actuelles s’assument. Sinon, la mort de Bahanga pourrait susciter la naissance d’autres Bahanga. Il revient maintenant au pouvoir de prendre la situation sécuritaire en mains et de poursuivre le développement entamé à travers la construction d’écoles, de centres de santé, d’adduction d’eau potable, d’emplois des jeunes. C’est le moment ou jamais de mettre l’accent sur le volet insertion des jeunes. L’Etat ne doit plus faire des promesses creuses à une jeunesse désœuvrée.
Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement du Nord est arrivé au bon moment. Cependant, l’Etat doit également renforcer l’Agence pour le développement au nord (ADN) afin de lui permettre l’exécution correcte de l’insertion de 10.000 jeunes dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, dont les projets sont ficelés et attendent impatiemment d’être financés.
Si l’Etat maintient la cadence actuelle, au point de vue sécuritaire et du développement, il n’y aura plus d’autres Bahanga. Mais s’il baisse les bras, le pire est à venir. Que Dieu veuille bien inspirer nos gouvernants!
Chahana Takiou