Quoi qu’il leur en coûte, les partisans de la paix, eux, s’y engageront pour le meilleur et pour le pire, quitte en un temps opportun, les plus rétifs à ce combat existentiel, trouveront des arguties bien de valables pour enfin faire allégeance à la mère patrie.
Que de sang et de larmes ont coulé sur cette terre bénie du Mali, au point que celle-ci soit devenue la risée du monde et l’écrin de toutes les diatribes. N’empêche, l’honneur du pays est resté sauf, par le seul truchement d’un peuple qui a enfourché l’antithèse du fatalisme pour se retrouver, au prix de mille sacrifices, sur l’autel de la signature dont la mine du stylo à fort relent de sang, est à mettre sur le compte de la seule bêtise humaine. Que de chemin parcouru depuis le début de cette insurrection qui prend ses racines dans les tréfonds des âges. La première éclata, selon nos sources, à la suite d’une offense verbale de la part d’un administrateur de l’époque à un jeune orphelin du nom de Elladi Ag Alla, dont le père a connu une mort tragique en 1954 lors de l’occupation française. Alla’’den’’ le fils d’Allah se lança alors dans une vengeance paternelle qui finit par prendre la forme d’une rébellion revendicatrice dont les origines remontent en 1963.
Après des affrontements sanglants entre les rebelles et l’armée malienne, il eut un arrêt des hostilités à partir du 22 septembre 1964. Cet arrêt a été une sorte d’accord verbal comportant une clause unique, à savoir, l’arrêt des hostilités et le retour à la légalité républicaine. Cet accord, le premier du genre, a été obtenu grâce à l’implication personnelle du coordinateur des chefs de tribus et de fractions de kidal, Intallah Ag Attaher. Ce fut un soulagement général pour les populations. Il a fallu attendre les années 90, pour voir ressurgir une autre rébellion. Elle éclata le 29 juin 1990 à Ménaka et était militairement et politiquement mieux préparée que la précédente, d’autant que celle-ci avait des écrits incluant la sécession à travers le nom du mouvement originel « Front Populaire de Libération de l’Azawad »(FPLA). Elle bénéficia de l’expérience acquise à l’extérieur par les maquisards, notamment au Liban et au Tchad au service de la Libye de Kadhafi. De là, naquit le Front Islamique de Libération de l’Azawad(FIAA) qui met au grand jour la dichotomie Touaregs/ Arabes, donc une faille importante dans la rébellion. Cette fois encore, la sagesse prit le pas sur l’esprit du mal. Grâce à la hauteur de vue du président de l’époque, le Général d’Armée Moussa Traoré, et à l’implication arabo-tamasheque et de l’Algérie, un dialogue a vite été enclenché pour aboutir, le 06 janvier 1991, à la signature des accords dits de Tamanrasset (Algérie). Ce sera encore un fiasco. Iyyad Ag Aghaly en est en partie responsable. En effet, à peine l’accord signé à l’Alger, il embarqua pour Bamako avant même de faire la restitution à sa base. Ce qui le discrédita aux yeux de ses compagnons d’armes. Mais trois mois plus tard, un coup d’Etat emporta le Général Moussa Traoré et mis fin à un autre rêve. Grace à l’appui de la communauté internationale et sous l’égide de l’Algérie, un important document intitulé ‘’Pacte National’’ a été signé entre les autorités de la transition et les Mouvements et Fronts unifiés de L’Azawad (MFUA). Ce pacte prévoyait entre autres, l’intégration des combattants des MFUA dans les corps en uniformes maliennes, une commission d’enquête indépendante ayant pour mission d’enquêter sur tous les événements en relation avec les problèmes du nord, un programme étalé de redeploiement des installations et implantations militaires hors des centres urbains et des zones de pâturage et de pacage. Malgré ces dispositions, les hostilités reprirent entre les touaregs et l’armée malienne. Le 23Mai 2006, tôt le matin, des déserteurs des Mouvements et Fronts unifiés de l’Azawad, s’allient à Ibrahim Ag Bahanga et attaquèrent les deux garnisons de Kidal, d’où ils repartent avec un important arsenal de guerre, avant de se retrancher dans le massif de Tigharghar. Très vite, ils prirent l’appellation de « l’Alliance Démocratique du 23 Mai pour le changement ».
Mais, moins d’un mois et demi, après, sous la médiation algérienne, un accord a été conclu le 4juillet 2006 entre l’Alliance et le gouvernement malien. En Mars 2007, l’armée de l’Alliance rentre à Kidal, dépose les armes et se cantonne, en application de l’accord d’Alger.
Tout cela n’a pas empêché qu’une autre rébellion éclatât le 12 janvier 2012 et qui plongea le pays dans un profond coma, laissant sa partie septentrionale sous le joug de deux fléaux funestes pour la sécurité générale : le narcotrafic et le terrorisme, tous deux devenus rapidement tentaculaires parce que très juteux, avec des complicités dans tous les rouages de l’oligarchie financière de la société civile. C’est dire que la signature de demain est celle de tous les espoirs. Gageons que son encre ne s’effaçât avant d’avoir séché, comme ce fut précédemment le cas. Il y va de la vie de la nation et de la survie d’un peuple qui n’aspire qu’a une seule chose : la paix véritable, celle des cœurs et des esprits. Celle qui tirera sa quintessence dans des comportements nouveaux , emprunts de tolérance et de pardon. C’est donc le lieu d’inciter tous les maliens à s’approprier ce document, en dépit de ses insuffisances notoires et de le prendre de façon caricaturale comme ce ‘’poison’’, quand bien nocif, mais qui a des vertus médicinales, donc qui guérit en ramenant la paix, selon les ‘’médecins’’ algériens et ceux de la communauté internationale. Et pour en témoigner, 30 chefs d’Etat et de gouvernement sont invités à l’occasion. Un honneur pour notre pays et une fierté partagée avec l’ensemble de ses partenaires, déjà convertis à la religion des maliens et du Mali : Un peuple épris de paix et fidèle à son destin.
Amadou SANGHO