Sécurité intérieure : Le pire évité de justesse avec le procureur

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    Les faits de cette histoire qui suit méritent d’être portés à la connaissance de l’opinion tant ils sont significatifs de l’anarchie ambiante dans notre pays et surtout de la grande délinquance dans laquelle sont versés les jeunes gens de la capitale.

               

    Dimanche 25 juillet dernier, aux environs de midi, le procureur du tribunal pour enfant qui empruntait la voie dégradée reliant Magnambougou à la nationale menant à Ségou essuya les injures les plus grossières et des menaces de lynchage.

              

      Le tort du fonctionnaire de la justice a été d’avoir refusé de quitter la voie goudronnée (du reste assez dégradée) sur les injonctions d’un groupe d’adultes au motif que des camarades à eux s’amusaient à faire des acrobaties avec leurs motocyclettes.

              

      Les délinquants avaient fait s’attrouper une foule nombreuse à coté des locaux de ce qui fut la "friperie Bakéba" et obligeaient tous autres usagers, arrivant à leur hauteur, à descendre de la voie. La scène était en même temps filmée par un des badauds. Au volant de son véhicule de fonction sur lequel on pouvait lire "Tribunal pour enfants", l’homme de loi fit calmement remarquer aux intéressés qu’il ne saurait dévier de la voie publique pour une raison aussi idiote que le safari animé par des badauds. C’est dire que le procureur tenait à poursuivre son chemin, normalement. Une décision qui n’était pas du goût des délinquants dont certains commençaient à lapider le véhicule. D’autres, moins bien élevés, s’étaient mis à lui proférer des injures que seules savent le faire ceux qui n’ont aucune conscience silencieuse sur les parties intimes de leurs géniteurs. Malgré, tout le courageux procureur du tribunal pour enfants sans forcer le barrage humain, fraya le chemin, passa et piqua tout droit à la brigade de gendarmerie de Faladié. Ici, il trouva l’adjoint au commandant de la brigade qui prit aussitôt en main l’affaire. En envoyant un éclaireur sur les lieux, après qu’il ait eu l’engagement de l’intervention d’un peloton.

            

        Une intervention qui ne fut plus nécessaire puisque le gendarme en civil revint dire que les fauteurs de trouble ont fondu dans la nature comme beurre au soleil. Le pire, dit-on, pouvait arriver ce jour-là. Il a été évité. En effet, selon des propos de témoins de la scène, la surexcitation et l’indiscipline des badauds pouvaient les amener à saccager le véhicule du procureur et à attenter à sa vie. Celui-ci, dans une logique certaine de légitime défense, se serait donné le loisir de sortir son PA (pistolet automatique) pour tirer. C’est dire qu’un drame a été évité de justesse.

    Seulement voilà, il est à se demander sur l’ampleur de ces actes et la prise de conscience des autorités chargées de la sécurité intérieure. Est-il normal, légal que des individus entravent la circulation sur les voies publiques pour s’adonner à des activités mettant en danger la vie d’autres personnes ? A quoi servent ces recrutements à la pelle dans le corps de la police ? Le ministère de la sécurité intérieure et de la protection civile manque-t-il autant de moyens ou d’initiatives pour interdire des comportements anarchistes ? Ou, faut-il se résoudre à croire que notre pays est à présent celui de tous les excès et de toutes les impunités ?

               

    Le moins que l’on puisse témoigner,  à la lumière des faits au quotidien, c’est que l’autorité de l’Etat n’à jamais autant été étiolée que sous le régime du président Touré.

    Abdoulaye Ladji GUINDO

     

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