Second tour de la présidentielle du 12 aout 2018 : Les constats et les recommandations de la mission d’observation électorale de Caritas-Mali (MOECM)

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Comme au premier tour, la mission d’observation électorale de Caritas-Mali (MOECM), avec l’appui de ses partenaires, comme Secours Catholique France, Caritas Espagne et MISEREOR, a déployé, pour le second tour de l’élection présidentielle tenu le dimanche 12 aout dernier, 513 observateurs et superviseurs dans 167 communes sur les 703 dans 692 bureaux de vote. Ainsi, pour présenter les constats, les conclusions et les recommandations de leur mission d’observation, les responsables de la MOECM, avec à leur tête M. Théodore Togo, secrétaire général de Caritas Mali, ont animé une conférence de presse le mardi 14 aout dernier.   C’était au siège national de Caritas Mali.

 Pour la mission d’observation électorale de Caritas Mali, les faits marquants du scrutin dans les bureaux de vote observés par la MOECM portent sur l’heure d’ouverture des bureaux de vote, la disponibilité des matériels et des documents électoraux. Il y a aussi la présence et la ponctualité des agents électoraux, le fonctionnement des bureaux de vote, la présence des forces de sécurité, l’affluence des électeurs dans les bureaux, l’heure d’ouverture et de fermeture ainsi que le dépouillement.

Ainsi, sur  l’ouverture, la clôture du scrutin et le dépouillement, de façon générale, les bureaux de vote observés par la MOECM ont ouvert et fermé à l’heure.  Toutefois, à Mopti, les bureaux de vote délocalisés des villages de Danna, Daladougou et Korienwel à Fatoma, ouverts dans un premier temps, ont été fermés avant de rouvrir vers 11h, après la visite du gouverneur. Aussi, le faible éclairage de certains bureaux de vote rendant le dépouillement pénible dans certains centres de vote observés.

Les observateurs de la MOECM ont constaté aussi que les matériels et les documents électoraux étaient disponibles dans la grande majorité des bureaux de vote observés. Cependant, la MOECM a constaté l’absence des listes électorales affichées au niveau de certains bureaux de vote, notamment au Centre Mamadou Goundo Simaga, 1er cycle et 2ème cycle, de Badalabougou du District de Bamako. La MOECM a aussi relevé, s’agissant du fonctionnement, la mauvaise qualité, par endroits, de l’encre indélébile.

En dehors de quelques retards enregistrés, le personnel électoral dans son ensemble a été ponctuel et présent dans les bureaux de vote.  Les assesseurs de l’opposition et de la majorité étaient présents. A Mopti, cependant, dans la Commune de Fotoma, le Maire a profité du retard d’un assesseur pour en imposer un de son choix, en l‘occurrence un électeur, alors que le président du bureau de vote avait déjà procédé au remplacement du retardataire.

Concernant l’affluence dans les bureaux de vote, les observateurs de Caritas Mali ont constaté une très faible affluence dans les bureaux de vote. Même si la tendance s’est légèrement inversée avant la clôture des bureaux de vote, le constat est resté le même à la fermeture des bureaux de vote. Il faut noter que dans certaines localités, comme dans la Commune de Sio, au village de Youré dans la région de Mopti, les électeurs ne se sont pas présentés aux bureaux de vote parce qu’ils ignoraient la date du scrutin pour le 2ème tour.

En ce qui concerne la sécurité, il a été noté la présence des forces  de sécurité dont de nombreuses patrouilles ont été déployées.  Les observateurs de la Caritas ont noté également le manque de dispositif pour assister les électeurs ayant des besoins spécifiques à savoir les personnes âgées, les handicapés physiques, les malvoyants, les femmes enceintes et autres.

En outre, selon la déclaration lue par le secrétaire général de Caritas Mali, la MOECM a constaté le déroulement du scrutin dans un climat serein et apaisé en dépit des dysfonctionnements constatés et de la faible affluence des électeurs ; la prompte réaction de la CENI qui a permis la correction de nombreux dysfonctionnements constatés au premier tour ; la présence rassurante des missions d’observation électorale nationales et internationales ; la présence des délégués de la Cour Constitutionnelle, de la CENI, de la DGE et la bonne couverture du scrutin par les organes de la presse nationale et internationale.

En conclusion, la bonne tenue du scrutin dans les 692 bureaux de vote observés démontre que des défis majeurs ont été relevés, notamment sur les points liés à  la transparence et à la sincérité du vote.

 

Les enseignements tirés du processus

La MOECM salue l’introduction de la veille électorale et de l’alerte précoce dans l’observation des élections qui a permis de prévenir et d’anticiper sur les incidents, irrégularités et dysfonctionnements liés au processus électoral et la présence discrète et rassurante des forces armées et de sécurité qui a permis de créer un environnement serein et de confiance.  Aussi, la MOECM  note que ce 2ème  tour du scrutin présidentiel s’est déroulé dans des bonnes conditions. Pour elle, les dysfonctionnements constatés n’ont pas entaché la sincérité du scrutin dans les bureaux observés.

Par la voix de son chef, la MOECM tient cependant  à souligner que des défis restent à relever. Dans cette optique, elle a formulé des recommandations.

 

Les recommandations de la mission

La MOECM  recommande à  l’Administration Territoriale de formaliser dans la révision de la loi électorale la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote pour la transparence ; formaliser et renforcer le cadre de concertations administration territoriale, partis politiques et société civile ; constituer un vivier d’agents électoraux et de persévérer dans le renforcement de leurs capacités opérationnelles.

A la CENI de continuer à renforcer son rôle de suivi et  de supervision du processus électoral; faciliter la collaboration entre les différentes missions d’observation tant nationales qu’internationales.

La MOECM recommande aux candidats d’engager toute contestation éventuelle, dans le strict respect des textes juridiques régissant les élections ; s’abstenir de faire toutes déclarations susceptibles de porter atteinte à la paix, à l’ordre public et à l’unité nationale, notamment avant la proclamation des résultats provisoires par le ministère de l’Administration Territoriale et des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle.

Aux partis politiques d’accomplir leurs missions de service public, de formation de l’opinion publique, des militants, de l’encadrement des élus, conformément aux dispositions de la Charte des partis politiques.

A la presse nationale et internationale de garder leur rôle d’informateur ; s’abstenir de publier des résultats non officiels et de fausses tendances.

Aux leaders d’opinion et de la société civile de continuer leur travail de sensibilisation des populations au calme, à l’esprit civique et à la responsabilité citoyenne ; continuer leur travail de sensibilisation des populations pour la promotion de la  réconciliation nationale, la concorde et la participation citoyenne.

Aux citoyennes et aux citoyens maliens de participer davantage au processus électoral afin de relever le taux de participation ; éviter et de rejeter toutes formes de violence, renforcer leur engagement civique et citoyen en faveur de la démocratie et du développement intégrale et durable du Mali ; renforcer la veille citoyenne.

Notons enfin que cette mission d’observation électorale de Caritas Mali été déployée sur l’ensemble du territoire national ; à l’exception des régions de Kidal et Tombouctou. Cette mission composée de 513 observateurs et superviseurs dont 142 femmes a couvert 167 communes sur les 703 et observé 692 bureaux de vote. Il faut aussi retenir que la MOECM s’est inspirée de la lettre pastorale des évêques du Mali ainsi intitulée : « A la Communauté Catholique et à tous les maliens de bonne volonté à l’occasion des élections générales de 2018 »,  afin de parvenir à « Une mentalité nouvelle pour un Mali nouveau » ; la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de 2012 ; la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique de 2002 ; les Directives de l’Union Africaine pour les missions d’observation et de suivi des élections de 2001 ; la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000 pour la tenue d’élections libres, transparentes et fiables.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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