L’énigmatique Boubeye est, sans doute, un homme de l’ombre. Une taupe qui creuse son trou avec beaucoup d’industrie. II a la patience d’un fauve, qui attend sa proie. Secret jusqu’au fond de l’âme, il nourrit ses idées. Patiemment.
Tout comme un jardinier soignerait ses plants de chou. Peu disert et très peu porté sur les démonstrations publiques, il tisse patiemment sa toile alentour, enfermant tout le monde dans un piège infernal. Et c’est là où, apparaît l’artificier (à ne pas confondre avec les poseurs de bombe) et le stratège politique qui mine le sol, sous le pied de l’adversaire pour le prendre au dépourvu. On aura tout dit de Soumeïlou Boubeye Maïga, sauf que c’est un homme d’action à l’allure presque nonchalante. Mais aux méthodes, redoutablement, efficaces. II n’est, ni Trinita, ni Zapata, encore moins Tiécoro Bagayoko, le cow-boy du CMLN. Mais ses actions, aboutissent toujours aux résultats escomptés. A défaut d’être l’éminence grise de l’Adema, dont il est suspendu, Boubèye est un faiseur de roi. II a été pour ATT ce que la caque est au hareng. Malgré leurs divergences politiques de l’heure, les deux hommes se vouent respect et admiration. C’est lui qui a conseillé à ATT d’entamer sa compagne par Sikasso lorsque IBK a décidé de commencer par le Nord.
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Patron des Service de renseignements malien, pendant sept ans d’affilée, il a la maîtrise des grands dossiers de la Nation. Ce qui, entre ses mains, constitue un épouvantail horrible pour ses adversaires, tentés de lui mettre les bâtons dans les roues. M’attendez surtout pas qu’il trahisse un secret d’Etat, car c’est là sa force et qui le fait craindre.
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Mais à défaut d’être populiste, il lui faut être populaire pour prétendre à la magistrature suprême. A part quoi, il détient la légitimité historique, au sein de l’Adema, contrairement aux militants de la dernière heure.
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Mieux vaut l’avoir avec soi, que contre soi
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Emile Durkheim disait que, pour gouverner, il faut, soit être aimé, soit être craint. Craint, par dessus le marché, Boubeye a la lourde tâche de se faire aimer. Une crainte, au demeurant, fondée sur de simples présomptions, tant l’homme est affable et courtois. Boubeye, C’est l’ange qui se cache derrière la bête… politique. C’est le top – model de la bruyère qui se situe plus près du riche Giton, que du pauvre phédon.
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II a, certes, le teint frais, mais pas les joues pendantes. Modeste, l’homme ne porte aucun signe extérieur de richesse. Ce qui ne veut pas dire qu’il est taillable et corvéable à merci.
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Deux actes, parmi les plus suicidaires pour l’époque, vont le porter à l’attention de l’opinion publique. En 1987 au cours des débats populaires au sein de l’UDPM, il toisa le Général Moussa Traoré comme étant le seul responsable de la misère du peuple malien, dénonça la tyrannie du dictateur et en appela à une plus grande ouverture démocratique. II fût, aussi, signataire de la lettre ouverte du 7 août, adressé au Général Moussa Traoré et réclamant le pluralisme politique.
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Le « clando » des maquis estudiantins, poseur des Dazibaos (journaux muraux chinois) sortait ainsi d’une longue nuit de contestations, pour s’associer au combat des démocrates maliens, en quête de liberté. A ses risques et périls. Car il fût démis de ses fonctions de Rédacteur en chef du mensuel Sunjata, tout comme son ami et compagnon de lutte, Cheick Moctary Diarra, alors directeur général de l’AMAP.
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Boubèye est –il, aussi, prétentieux, comme d’aucuns le disent, à vouloir monter au sommet de la pyramide ? Fin manœuvrier, qui a prouvé à maintes occasions qu’il peut être le rassembleur des voix blondinettes qui mettent la vie de la ruche en péril, on le prenait comme l’héritier spirituel du président Konaré et son successeur à la tête de l’Etat.
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Les abeilles lui doivent, aujourd’hui, une fière chandelle d’avoir stoppé la chevauchée et l’ardeur belliqueuse des ex-pistoleros de l’Adema, prêts à se flinguer, pour monter sur la colline du pouvoir. Du bon samaritain de la paix pour sauver l’Adema d’une noyade collective, Boubèye est devenu, par la force des choses, le dernier des Mohicans : une espèce en voie de disparition.
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Mieux vaut l’avoir avec soi, que contre soi.
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Le mollah Omar
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