Longtemps confiné dans un silence radio incompréhensible à cause des querelles internes de positionnement qui l’avait écartelé, le parti présidentiel, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) sort de ses réserves par la manière la plus forte. Il compte assumer désormais tout son rôle sur l’échiquier politique sous la direction de son nouveau président, Dr Bocary Tréta. C’est du moins ce qui ressort d’une conférence de presse qu’il a animée le 22 décembre dernier, dans la salle de conférence du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM).
D’entrée de jeu, le nouveau président des Tisserands a montré ses muscles comme pour dire que désormais, le RPM est désormais incarné par un animal politique prêt à livrer bataille sur tous les fronts pour défendre leur champion, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta. Qui a longtemps souffert des attaques frontales, parfois très amères. Le nouveau secrétaire général du parti, Me Baber Gano, de préciser que le RPM ne laissera plus quelqu’un insulter impunément le président IBK. Le RPM répondra aux coups par coups avec la manière dit-il. Le ton est donc donné, le RPM se positionne désormais comme un soutien ferme derrière IBK, qui en avait réellement besoin. Mieux vaut tard que jamais a-t-on coutume de dire.
Dans son exposé liminaire, Bocary Tréta commença par un long rappel historique du parcours commun de certains acteurs de la classe politique actuelle, notamment ceux issus de la grande famille de l’ADEMA-PASJ. Selon lui, ces hommes se connaissent bien pour avoir combattu main dans la main, depuis la période clandestine, jusqu’à la victoire de mars 1991, avec la chute de Moussa Traoré, qui a consacré l’avènement de la démocratie pluraliste dans notre pays. Ce changement historique a permis à l’ADEMA-PASJ, leur parti d’origine, d’accéder au pouvoir qu’ils ont exercé ensemble pendant près de dix ans. Certes des divergences de vue les ont opposés plus tard sur la question de la succession du président Alpha Oumar Konaré. Les routes se sont séparées depuis lors. Mais, nonobstant la séparation, ils auraient quand même dû garder en souvenir certaines séquences de leur camaraderie, notamment les meilleurs moments, qu’ils ont passés ensemble. Pour cela, la pudeur allait obliger certains à se retenir de certains comportements. Mais, la politique les empêche de regarder dans le rétroviseur. Pour lui, le Mali ne mérite pas une telle attitude de la part de certains leaders politiques. Une lecture simple de leur agissement contre leur ancien camarade IBK, qui se trouve être le président de la République aujourd’hui, l’oblige à conclure sur une image caricaturée de l’opposition politique qu’il qualifie de putschiste en permanence. Pour lui, la seule explication que puisse justifier leur attitude contre IBK, c’est que celui-ci s’est hissé à un niveau où, il était moins attendu. Certains opposants n’arrivent pas à digérer encore la victoire d’IBK à l’élection présidentielle de Juin et Juillet 2013.
« Si les élections se passaient en 2012, il n’était pas évident qu’IBK soit élu Président de la République. Mais, il a suffi que le contexte politique change pour que les aspirations des Maliens changent. Et, malheureusement pour ses détracteurs, IBK était la réponse aux attentes des Maliens », dit-t-il. Ce tour de l’histoire est resté en travers la gorge de certains opposants, qui ne ratent pas d’occasion pour tenter de retourner les choses à leur avantage, sans se soucier des conséquences fâcheuses de la stratégie qu’ils comptent utiliser pour parvenir à leur fin. D’où le ton élevé pour dénoncer la méthode employée, qu’il assimile à un putsch. Comme si cette mise au point ne suffit pas, il a tenu à lever toute équivoque sur les relations entre IBK et son parti. Bocary Tréta a réitéré toute la confiance de la famille des Tisserands à leur champion et qu’ils comptent rééditer sa candidature avec l’assurance qu’il passe haut les mains dès le 1er tour.
Cette sortie musclée et claire sur les intentions du RPM a surpris plus d’un et pris de court l’opposition. Qui semble se chercher sous l’effet du coup porté par Bocary Tréta. Qui fait de lui désormais le nouvel Hercule de la politique malienne. Un tel choc venant du nouveau président des Tisserands ne surprend guère. Bocary Tréta est certes un animal politique, mais il est d’une doigtée extraordinaire. Intelligent et stratège politique, il s’est tracé des sillons menant à la victoire. Ses anciens camarades lui reconnaissent non seulement une grande capacité d’organisation des forces politiques, mais sa constance dans les relations. Sa fidélité à IBK lui aurait valu une certaine méfiance de l’ancien président de la République, Alpha Oumara Konaré. Tout comme le regretté professeur Sinè Bayo, sa nomination dans un gouvernement Adema a été mainte fois annoncée sans jamais se réaliser. Le président d’alors avait toujours joué au dilatoire pour ne pas faire plaisir à son Premier ministre d’alors, un certain Ibrahim Boubacar Kéïta, dont la proximité avec les deux hommes ne souffrait d’aucune ambiguïté. C’est pour cette raison que Bocary Tréta n’a pas hésité une seule seconde à suivre les pas d’IBK, lorsque celui a décidé de tourner le casque aux abeilles à la suite du congrès extraordinaire convoqué dans le but de congédier IBK, qui était devenu encombrant pour le locataire d’alors de Koulouba. Pour certains Tisserands, le divorce a certes eu lieu dans la douleur en son temps. Mais entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Et, le ‘’Mandé Mansa’’ qui s’était senti trahi a tourné la page. La preuve, selon des témoignages recueillis auprès de certains tisserands en marge de la conférence, c’est IBK qui a été le 1er à démarcher son frère Soumaïla Cissé, lorsque celui-ci a quitté l’ADEMA à son tour pour créer son parti : l’URD en 2003, pour non seulement manifester sa bonne foi à son égard, mais pour constituer ensemble un grand front de gauche à l’époque. Cette démarche a provoqué l’ire de certains de ces camarades du RPM, notamment le regretté Dr Bocar Sall et Lanceny Balla Kéita. Qui ont par la suite quitté le RPM pour retourner à l’ADEMA.
Mais la sortie musclée de Bocary Treta peut être perçue comme une sorte d’alerte pour l’opposition. Qui apprend à ses dépens que le RPM, n’entend plus lui faire cadeau. C’est dire que le landernau politique qui est longtemps restée amorphe va s’animer intensément au bonheur de nos concitoyens.
Rappelons que la conférence a mobilisé un parterre de cadres des Tisserands qui étaient venus encourager leur camarade président, Bocary Tréta. Qui était accompagné pour la circonstance au présidium par ses camarades, secrétaire général, Me Baber Gano et celui en charge des Relations Extérieures, l’ancien ministre de l’Economie Numérique, Mahamadou Camara. Notre confrère Sambi Touré, adjoint au secrétaire à la communication du bureau politique national des Tisserands tenait ferme son rôle de maître de cérémonie.
MA. Diakité