Après voir constaté la dégradation des bâtiments de certaines bibliothèques de Manuscrits, l’ONG SAVAMA-DCI (Sauvegarde et la Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique) a entamé un travail de rénovation de ces bibliothèques. Dans notre livraison de la semaine dernière, notre reporter, Oumar Baraka avait fait un tour à la bibliothèque Al Imam Ben Essayouti pour recueillir les impressions du promoteur de cette bibliothèque par rapport à cette rénovation. Dans la présente livraison, nous vous proposons le témoignage du promoteur d’une autre bibliothèque de manuscrit non moins importante. Lisez !
Lafia Révélateur : Pouvez- vous nous dire qui vous êtes ?
Mohamed : je m’appelle Alhousseïni Ould Mohamed Yéhia, je suis promoteur d’une bibliothèque de manuscrits. Mais, je fais aussi le commerce.
Lafia Révélateur : Quel est le nom de votre bibliothèque ?
Mohamed: elle s’appelle la Bibliothèque de Manuscrits: Mohamed Yéhia Ould kounni.
Lafia Révélateur : Quels sont les documents que vous gardez dans cette bibliothèque ?
Mohamed : dans cette bibliothèque nous gardons des manuscrits qui datent de plusieurs siècles : des hadiths très importants, des documents sur le droit, la logique, la poésie ; bref des documents de tout genre qui sont d’une importance capitale.
Lafia Révélateur : Nous avons remarqué que votre bibliothèque est en chantier depuis un certain moment, comment vous financez ces travaux ?
Mohamed : nous avons reçu une aide de la SAVAMA DCI. Grâce à cette ONG qui intervient dans le domaine des manuscrits anciens, nous avons pu obtenir un financement qui va nous permettre de renouveler la bibliothèque, de changer les portes et d’agrandir un peu la salle de lecture.
Lafia Révélateur : Selon vous, quel peut-être l’importance des manuscrits se trouvant dans votre bibliothèque ?
Mohamed : l’importance des manuscrits de ma bibliothèque et de celle de toutes les autres bibliothèques de manuscrits anciens à Tombouctou et un peu partout au Mali, c’est que ces documents nous révèlent la version de notre histoire écrite par nous-mêmes, c’est-à-dire par nos aïeux. La version de notre histoire répandue a été écrite par des étrangers qui ont généralement falsifié notre histoire à leur faveur. L’importance des manuscrits réside en ce qu’ils doivent nous permettre de nous défaire de cette version écrite par des étrangers et se référer désormais à la version écrite par nous même.
Lafia Révélateur : Est-ce que les maliens en général et les Tombouctiens en particulier savent l’importance des manuscrits anciens tel que vous venez de nous l’exposer ? Je veux savoir est-ce les bibliothèques de manuscrits sont fréquentées par les maliens en général et les Tombouctiens en particulier ?
Mohamed : de plus en plus, ces bibliothèques sont un peu fréquentées par des maliens. Mais pas d’une manière satisfaisante. Notre souhait, c’est de voir les chercheurs, les étudiants maliens taper tous les jours à nos portes pour faire des mémoires, des thèses et des articles scientifiques sur le contenu des manuscrits. Ainsi, nous mettrions à jour des choses intéressantes venant des manuscrits. Mais malheureusement, le malien est plutôt préoccupé par d’autres choses. Nous sommes seulement quelques uns à être abandonner dans le domaine des manuscrits. Or comme l’ont dit les bamanans : « une personne une idée, deux personnes deux idées et plusieurs personnes plusieurs idées ». Il nous faut donc créer une masse critique de chercheurs dans le domaine des manuscrits anciens. Actuellement la bibliothèque est en chantier mais les documents sont disponibles chez moi.
Lafia Révélateur : Quel appel avez-vous à l’endroit des populations de Tombouctou et du Mali?
Mohamed : je demande à tous les maliens, surtout aux universitaires (étudiants et professeurs) de venir voir ce qu’il y a dans les bibliothèques de manuscrits. Je leur invite surtout à faire des recherches sur le contenu des manuscrits afin de découvrir la réalité de notre passé et d’autres choses très importantes. Je sollicite aussi l’aide des autres, parce qu’on peut aider son frère en lui montrant ce qu’il n’a pu voir. Je remercie toute la rédaction de Lafia Révélateur.
Entretien réalisé par Oumar Baraka.