Après des moments difficiles, conséquences de la crise politico-sécuritaire, les PTF reviennent avec les mallettes pleines, animés par la ferme volonté de voir les autorités maliennes faire de la transparence l’unique instrument de travail. Pour concrétiser cette reprise le FMI par le truchement de son conseil d’administration met à la disposition de la République du Mali la somme de 11,7 millions de dollars US ce qui porte à 20,5 millions de dollars le montant total des décaissements au titre de l’accord FEC.
Depuis plusieurs mois les patrons des finances mondiales font la navette entre Bamako et Washington pour se faire une idée du système des finances au Mali. Ils ont finalement jugé la gestion des ressources de l’Etat satisfaisante. Durant la période de contrôle, par souci de transparence et de clarté le Mali a soumis toutes les administrations concernées à toutes les méthodes de contrôle.
Partant, le 18 décembre dernier le conseil d’administration du FMI a approuvé le déblocage de la somme de 30 millions de DTS, soit environ 43, 9 millions de dollar US, soit 32% de la quote-part. A l’issue des délibérations du conseil d’administration M. Naoyuki Shinohara, directeur général adjoint et président par intérim du Conseil d’administration a publié la déclaration suivante : « la reprise économique est en cours, mais elle reste fragile, et les perspectives sont assombries par une situation securitaire difficile et le risque d’une épidémie Ebola. De graves manquements dans la gestion des finances publiques ont causé des retards dans la première revue du programme appuyé par le FMI et la fourniture d’aide au budget général ». Le rapport de poursuivre : « afin de rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds, il est essentiel de durcir l’application des règles budgétaires et de passation de marché, en s’appuyant sur les résultats des audits officiels récents ». Cette reprise a été aussi rendue possible par la loi des finances 2015 qui remet les finances publiques sur une trajectoire soutenable. Elle met l’accent à juste titre sur la mobilisation des recettes, les dépenses prioritaires en faveur de la croissance et du développement humain et le recours limité au financement intérieur, laissant de la place au financement bancaire du secteur privé.
Il est cependant urgent de redoubler d’efforts pour renforcer la gestion des finances publiques. Les reformes de la politique et de l’administration fiscales doivent être accélérées pour accroitre le produit de l’impôt. Un contrôle plus étroit des dépenses, soutenu par une meilleure gestion de la trésorerie, aidera à prévenir l’accumulation d’arriérés. Une conclusion de l’audit des arriérés intérieurs, l’apurement rapide de ces arriérés favoriseront la reprise économique.
Face à ce fragile équilibre, il est essentiel de mener des reformes visant à améliorer le climat des affaires afin de rehausser les perspectives de croissance à moyen terme au Mali. Dans la période à venir, il sera crucial de poursuivre le renforcement du système financier, d’alléger les contraintes administratives pour les contribuables, d’assainir les finances de la compagnie d’électricité et de lutter contre la corruption. Un challenge qui ne coupe de sommeil aux tenants de l’hôtel des Finances. Silence donc, on travaille.
Badou S. Koba